J'avais quinze ans et les deux pieds encore en enfance lorsque chaque matin, j'attendais Nadia devant chez elle ; nous faisions alors ensemble les deux kilomètres à pied pour rejoindre le ... [+]
On m'avait demandé de vérifier l'authenticité d'un tableau, en même temps que son état général. On soupçonnait en effet que des retouches avaient été faîtes au gréer des années passées, et ce soir-là, un peu fatigué d'une journée harassante, je m'y attachais sans véritable passion et sans conviction, laissant de côté mon habituelle émotion face à une œuvre étrange. Je l'avais installé sur le chevalet puis, sans reposer la tasse de café qui devait me tenir éveillé, je me mis à balayer à l'aide de la lumière de Wood la surface de la toile, avant de passer l'œuvre au stéréo- microscope.
Le fond peint en bleu foncé qui entourait le personnage central ne relevant aucune lacune, je poursuivis en projetant la lumière bleutée sur le centre de la peinture en direction des rameaux du bouquet maintenu par l'être mystérieux. Je restais sans voix et figé sur ma chaise, quand soudain l'œuvre entière s'illumina d'une façon tout à fait extraordinaire, rayonnante et exaltante de couleur.
Puis elle s'anima lentement pour pivoter sur elle-même, jusqu'à' me faire face et je découvrais sidéré, le visage de cette entité mystérieuse qui, assise en tailleur posait sa main droite sur un globe terrestre qui reposait entre ses jambes repliées. C'est un visage d'une douceur extraordinaire que je découvrais alors, un regard mélancolique, qui malgré un léger sourire semblait vous accuser et vous interroger. Je percevais alors ces mots, sans cesse répété dans une sorte de murmure à peine perceptible :
‘' pourquoi ?, pourquoi ?, pourquoi ?'' !
Je n'osais pas demander les raisons de ce questionnement, parce que je savais très exactement ce à quoi l'étrange personnage faisait allusion. Je savais sans le moindre doute qu'on me poserait un jour cette question, mais je savais aussi, quelles étaient les réponses inappropriées que je ne pouvais me permettre de donner en cet instant. Qui donc en toute honnêteté pourrait encore répondre sans rougir à ces interrogations, qui d'entre nous trouveraient l'excuse arrogée, adjointe aux galéjades tant de fois utilisées afin de justifier de nos actes envers elle....La nature ?
Entourée de ses ramilles et de ses multicolores floraisons, c'est ainsi que je l'avais imaginée enfant, si belle et apaisante, fée au regard doux et rêveur, et je sombrais dans les senteurs que j'avais oubliées depuis si longtemps. Celles de l'herbe fraîche, celles du blé et de la rosée du matin, revoyant émerveiller la couleur des coquelicots et de la marguerite, le parfum de la fraise sauvage et des fougères humides après l'apaisante pluie d'un jour nouveau.
Me voilà donc face à notre mère nature, qui pourtant ne me fait aucun reproche comme le ferait toute mère bienveillante avec ses enfants, malgré leurs écarts de conduite. Aucun mot n'était prononcé, pourtant ce dialogue silencieux me paraissait parfaitement compréhensible et ses arguments étaient irréfutables, évidemment !
Son regard soudain se fit plus menaçant, impératif, une formidable douleur percuta mon cerveau fébrile, un coup terrible sur le front qui aussitôt me ramena à la réalité. Je m'étais endormi et effondré d'un coup, tapant de la tête sur le cadre en chêne qui bien sûr finit par me réveiller. Le tableau lui, était toujours là. Au centre, le personnage végétal et son étrange attitude qui, ayant repris sa position initiale, me laissait un sentiment de mépris que je savais mériter et je ressentis une immense tristesse.
Il est peut-être temps de nous débarrasser de nos certitudes et de faire face à la réalité des choses avant que la nature ne nous impose ses lois par des moyens, dont elle seule connaît le secret.
Le fond peint en bleu foncé qui entourait le personnage central ne relevant aucune lacune, je poursuivis en projetant la lumière bleutée sur le centre de la peinture en direction des rameaux du bouquet maintenu par l'être mystérieux. Je restais sans voix et figé sur ma chaise, quand soudain l'œuvre entière s'illumina d'une façon tout à fait extraordinaire, rayonnante et exaltante de couleur.
Puis elle s'anima lentement pour pivoter sur elle-même, jusqu'à' me faire face et je découvrais sidéré, le visage de cette entité mystérieuse qui, assise en tailleur posait sa main droite sur un globe terrestre qui reposait entre ses jambes repliées. C'est un visage d'une douceur extraordinaire que je découvrais alors, un regard mélancolique, qui malgré un léger sourire semblait vous accuser et vous interroger. Je percevais alors ces mots, sans cesse répété dans une sorte de murmure à peine perceptible :
‘' pourquoi ?, pourquoi ?, pourquoi ?'' !
Je n'osais pas demander les raisons de ce questionnement, parce que je savais très exactement ce à quoi l'étrange personnage faisait allusion. Je savais sans le moindre doute qu'on me poserait un jour cette question, mais je savais aussi, quelles étaient les réponses inappropriées que je ne pouvais me permettre de donner en cet instant. Qui donc en toute honnêteté pourrait encore répondre sans rougir à ces interrogations, qui d'entre nous trouveraient l'excuse arrogée, adjointe aux galéjades tant de fois utilisées afin de justifier de nos actes envers elle....La nature ?
Entourée de ses ramilles et de ses multicolores floraisons, c'est ainsi que je l'avais imaginée enfant, si belle et apaisante, fée au regard doux et rêveur, et je sombrais dans les senteurs que j'avais oubliées depuis si longtemps. Celles de l'herbe fraîche, celles du blé et de la rosée du matin, revoyant émerveiller la couleur des coquelicots et de la marguerite, le parfum de la fraise sauvage et des fougères humides après l'apaisante pluie d'un jour nouveau.
Me voilà donc face à notre mère nature, qui pourtant ne me fait aucun reproche comme le ferait toute mère bienveillante avec ses enfants, malgré leurs écarts de conduite. Aucun mot n'était prononcé, pourtant ce dialogue silencieux me paraissait parfaitement compréhensible et ses arguments étaient irréfutables, évidemment !
Son regard soudain se fit plus menaçant, impératif, une formidable douleur percuta mon cerveau fébrile, un coup terrible sur le front qui aussitôt me ramena à la réalité. Je m'étais endormi et effondré d'un coup, tapant de la tête sur le cadre en chêne qui bien sûr finit par me réveiller. Le tableau lui, était toujours là. Au centre, le personnage végétal et son étrange attitude qui, ayant repris sa position initiale, me laissait un sentiment de mépris que je savais mériter et je ressentis une immense tristesse.
Il est peut-être temps de nous débarrasser de nos certitudes et de faire face à la réalité des choses avant que la nature ne nous impose ses lois par des moyens, dont elle seule connaît le secret.
Un bon moment de lecture, Max. Merci
Vous aussi mes fils, pourrait dire l'impératrice Terra Nostra assassinée par sa progéniture.
un coeur