Tripote-moi sur la ligne 3

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Un mec lambda un peu beta khi est kappable d'ecrire correctement mais khi n'a pas progressé d'un iôta depuis le CM2

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Mon pass Navigo ne passe pas. Je ne comprends pas pourquoi. Dans ma tête, des dizaines de scénarios. Je crois que c'est possible de démagnétiser cette merde en la laissant dans son portefeuille avec sa carte bleue ou un truc dans le genre, ou alors le mec de la RATP, le surdoué chargé de mon dossier, a, entre deux Ricard, renversé son verre sur ma fiche et l'a jetée, ni vu ni connu j't'embrouille. Quoi qu'il en soit, je vais devoir enjamber.

Toujours cette petite poussée d'adrénaline, provoquée d'une part par la peur d'un contrôleur caché derrière la vitre sans tain en face du tourniquet, dans l'attente de mon franchissement avec son œil rieur et pervers, mais d'autre part, provoquée par mon ego : comment passer la barrière ? Jamais réussi à le faire correctement. À chaque fois mon sac s'accroche à je ne sais quel levier, ou bien ma souplesse n'est pas suffisante pour lever ma jambe au-dessus de la barre, ou, comble de la honte, j'ai un trop gros cul pour me glisser entre la petite porte et la paroi du tourniquet. Bref. Après une bonne minute d'accrobranche foireux, je me retrouve sain et sauf de l'autre côté. Une fillette a suivi la scène et me fixe avec un petit rictus. Sur le coup, je pense qu'elle compatit et lui souris à mon tour. Non, non, non ! Elle se fout de ma gueule.

Le métro arrive. Bondé. J'attends le prochain. Un second pointe son nez métallique. Archiplein. Je n'ose toujours pas m'imposer à cette foule en surpression. D'autres n'hésitent pas. Je les déteste. Mais lorsque les portes se referment, je me mets à les respecter. Ils m'ont donné foi en moi. Le prochain, je fonce dans le tas ! Et justement ! Le troisième métro ouvre ses portes et en première ligne, un gros tas ! Je revois mes cours de bio de pharma. La graisse beaucoup plus élastique et moins dense que le muscle. C'est ma chance. Comme un enfant dans un château gonflable, je m'élance et m'enfonce dans cet adipocyte géant. C'est moelleux, presque agréable. Pendant un instant, je retrouve la sensation de mon matelas, perdu il y a à peine une heure... où j'étais bien. Les portes se ferment. Tous les voyageurs du wagon me dévisagent et me détestent d'avoir encore un peu réduit leur espace. J'm'en tape. À la prochaine station, ce sera le nouvel entrant l'ennemi de tous. Et le mien aussi.

Quatre, cinq stations dans la chaleur suintante et dans les effluves humains de toutes sortes. Un talon aiguille sur mon orteil me sort de mon semi-coma. Je lève la tête. Elle était là. LA fille, la meuf, la « michto » que j'attends depuis des siècles. Brune, cheveux courts, des grands yeux bleus tels deux gros comprimés de viagra. La description s'arrête là. On est trop proches pour que je puisse voir le reste. Elle me fixe, je détourne le regard. Je « dé-détourne » le regard. Elle me fixe toujours. Je tente un sourire mais abandonne très vite, car mon rictus forcé me donne l'air constipé. À court d'idées, je commence à baisser les yeux pour regarder mes pompes, pour un peu de calme visuel, mais je me reprends très vite. Si je descends mon regard, elle va sûrement croire que je la mate ! Pas le choix donc. Le regard à l'horizontale, gêné, je balaye l'assistance à la recherche d'une contenance que je ne trouve pas. Je ne peux plus m'empêcher de la regarder. Je me rends compte qu'elle me sourit. J'ai l'impression qu'elle s'est rapprochée de moi.

À présent, je sens son souffle dans mon cou, sa poitrine contre moi. Ma station est passée depuis longtemps et il n'y a plus un centimètre carré de libre dans le sauna roulant. J'm'en tape. Juste le temps d'estimer mon futur retard et je sens sa main venir contre ma hanche.

On ne peut pas être plus proche. Elle me regarde, je subis. Que dire ? Que faire ? J'ai peur de tout gâcher. C'est elle qui mène la danse depuis le début, laissons-la faire.

On devait être assez proche pour qu'elle m'entende penser, car c'est à ce moment que sa main posée sur ma hanche se met à glisser dans mon dos. Son autre main, discrète et pudique jusqu'ici, imite sa sœur. Des gouttelettes de sueur roulent sur ma tempe, glissent sur ma joue et descendent en rappel dans mon cou, côté droit. De l'autre côté, ses lèvres se posent. La goutte de sueur se demande alors pourquoi ma peau frissonne.

Ses lèvres se décollent. Elle s'écarte maintenant de moi. Comme si ce baiser lui avait déplu. Comme si ma chair n'était pas à son goût. Un pas en arrière, puis un deuxième. Le regard satisfait, elle s'écarte de moi, se retourne et descend précipitamment, se noyant dans la foule de blaireaux suintants, poisseux et méprisables... Excusez-moi. La frustration.
La moitié du wagon est descendue avec elle et je me suis contenté de rester là, et de regarder. Le wagon presque vide, mon corps est moins serré. Ma gorge, elle, par contre, plus que jamais.

Je ne la reverrai plus... plus jamais.

Je mets ma main sur ma hanche comme pour retrouver la sensation de la sienne. Cette chaleur éphémère qui m'a semblé durer dix ans. Non elle ne la posait pas comme ça mais plutôt comme ç... comme... ça... Putain ! Mon portefeuille ! Ah ! la salope ! Elle m'a tiré mon portefeuille, cette raclure !

Tout était faux... Je n'étais qu'un taf... Mais malgré la déception, une idée ne me quitte pas. Une idée débile et complètement irréaliste : maintenant elle a mes coordonnées... Je la reverrai peut-être, finalement…

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