La neige a revêtu son manteau rouge. Je ne pensais pas que je verrais le jour, mais le petit matin gris est là. La tempête s’éternise : dix jours coupés du monde. On n’avait pas vu ça ... [+]
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
La foule scandait cette phrase depuis des heures, peut être même des jours. Dans son costume d'homme d'état, il rêvait et ses pensées l'amenaient à distorde, à reformuler : Liberté, égalité, fraternité, il était une fois la révolution française, il était une fois le progrès des peuples, il était une fois... se répétait-il comme une énigme. Que cherchait-il à lui dire, ce peuple qui braillait sous ses fenêtres depuis des lustres? Liberté, sans égalité : la fraternité disparaît... Liberté, sans fraternité : l'égalité n'est plus qu'un concept éculé... Oui, tout ceci, il le savait. Ce n'était que de la sémantique. Pas si simple, lorsqu'on dirige.
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Il y avait dans ces slogans quelque chose qui froissait l'oreille du président. Un petit quelque chose qui lui rappelait les bancs de l'école.Il avait aimé apprendre l'histoire. Il avait adoré ciseler son vocabulaire et sa logorrhée en se frottant aux plus grands penseurs. Il les avait rejoints dans leur panthéon alors pourquoi? Pourquoi ne le comprenait-on pas, en bas?
Il s'écarta de la fenêtre lorsque la clameur de la foule redoubla : quelle idée de venir se réfugier ici, au cœur du rien, pour échapper à la vindicte populaire? Elle l'avait retrouvé sans mal. A l'heure du tout numérique, tout se sait.
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Oui, oui, il avait bien compris ! Le président s'agaça, tordit ses mains et sentit une sourde culpabilité le grignoter. Elle n'avait peut être pas tort, cette masse informe dont les visages se mélangent. De si haut, on ne voit plus les individualités. Un instant, il douta : aurait-il oublié quelque chose ? Quelque chose d'important? Il s’abîma dans la contemplation de sa bibliothèque : c'était forcément là, quelque part dans tout ce fatras... Son regard glissa sur les Proust, les Mallarmé, les Hugo, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et sa collection de la Comtesse de Ségur...
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Le président referma la fenêtre, étouffant les cris de la foule : il était temps d'aller dîner...
La foule scandait cette phrase depuis des heures, peut être même des jours. Dans son costume d'homme d'état, il rêvait et ses pensées l'amenaient à distorde, à reformuler : Liberté, égalité, fraternité, il était une fois la révolution française, il était une fois le progrès des peuples, il était une fois... se répétait-il comme une énigme. Que cherchait-il à lui dire, ce peuple qui braillait sous ses fenêtres depuis des lustres? Liberté, sans égalité : la fraternité disparaît... Liberté, sans fraternité : l'égalité n'est plus qu'un concept éculé... Oui, tout ceci, il le savait. Ce n'était que de la sémantique. Pas si simple, lorsqu'on dirige.
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Il y avait dans ces slogans quelque chose qui froissait l'oreille du président. Un petit quelque chose qui lui rappelait les bancs de l'école.Il avait aimé apprendre l'histoire. Il avait adoré ciseler son vocabulaire et sa logorrhée en se frottant aux plus grands penseurs. Il les avait rejoints dans leur panthéon alors pourquoi? Pourquoi ne le comprenait-on pas, en bas?
Il s'écarta de la fenêtre lorsque la clameur de la foule redoubla : quelle idée de venir se réfugier ici, au cœur du rien, pour échapper à la vindicte populaire? Elle l'avait retrouvé sans mal. A l'heure du tout numérique, tout se sait.
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Oui, oui, il avait bien compris ! Le président s'agaça, tordit ses mains et sentit une sourde culpabilité le grignoter. Elle n'avait peut être pas tort, cette masse informe dont les visages se mélangent. De si haut, on ne voit plus les individualités. Un instant, il douta : aurait-il oublié quelque chose ? Quelque chose d'important? Il s’abîma dans la contemplation de sa bibliothèque : c'était forcément là, quelque part dans tout ce fatras... Son regard glissa sur les Proust, les Mallarmé, les Hugo, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et sa collection de la Comtesse de Ségur...
Liberté, égalité, fraternité, notre avenir plutôt que notre passé !
Le président referma la fenêtre, étouffant les cris de la foule : il était temps d'aller dîner...