DIMANCHE
Bleu strié de vert,
Un chien,
Faisant tintinnabuler ses boucles d'oreilles-flacons de parfum,
Dévale l'avenue sur ses pattes arrière,
Pensif il médite sur la proposition de
... [+]
Ram dam .. ram dam .. ram dam .. ram dam ..
Je ne trouve pas d'onomatopée mieux appropriée pour suggérer les sensations occasionnées par ce trajet.
Ram dam... ram dam... ram dam... ram dam...
Longtemps ce rythme m'a semblé immuable mais depuis quelques instants j'ai l'impression que celui-ci faiblit, les temps morts s’allongent comme s'ils tenaient à se relaxer davantage entre les respirations sonores qui ponctuent cette marche mécanique.
Ram dam.... ram dam.... ram dam.... ram dam....
Par la fenêtre du wagon les repères visuels semblent effectivement prendre un peu plus leurs aises pour moduler leurs apparitions au sein des éléments du décor extérieur, comme si le temps était élastique et se distendait.
Ram dam..... ram dam..... ram dam..... ram dam.....
Je semble cependant être le seul à avoir remarqué cette modification de notre allure bien que ce soit chose sûre maintenant : toute la mise en scène défilant de l'autre côté de la vitre se complaît dans une lenteur qui va en s'accélérant. Chacun continue à vivre son train-train comme si les choses étaient immuables : qui sa lecture, qui sa conversation avec un voisin, qui sa rêverie en rapport ou pas avec le trajet en cours.
Toutefois cet état de chose ne m'informe toujours pas sur les origines de mon voyage, ni d'ailleurs sur ma destination. Il y a quelque temps déjà que je suis dans ce véhicule, emporté en une trajectoire et vers une destination sur lesquelles je n'ai aucune connaissance ni aucun pouvoir. Je ne me souviens pas d'ailleurs de mon entrée au sein de cet univers mobile, les prémices et les débuts de mon voyage restent toujours pour moi un mystère, autant que ma destination. Au sein de cet environnement des plus mystérieux une seule chose m'apporte quelque apaisement, encore que j'ignore de quelle source je la tiens : je reconnaîtrai sans problème la station où je dois descendre.
Qu'y trouverai-je ? M'attendra-t-on ? Et qui ? Autant de questions sans réponses ! Mais pour la première fois une certitude : le convoi ralentit, ma station de destination doit être toute proche.
Ram dam...... ram dam....... ram dam........ ram dam.........
Confinée comme il se doit l'atmosphère intérieure est tout à la fois, enthousiasmante d'imprévisible, bizarre, inquiétante.
Le convoi est pratiquement immobile, les autres passagers semblent toujours faire abstraction de cet état de fait, aucun d'eux ne semble s'apprêter à quitter le wagon. Sont-ils inconscients ou sans en avoir l'air sont-ils la proie des mêmes interrogations existentielles que moi ; rien sur leurs visages, ni dans leur attitude générale, ne permet d'apporter un début de réponse à cette question. Pourtant, même sans réaction, mes compagnons de voyage, ces étranges personnages, semblent comme moi embarqués dans un périple dont ils ignorent tout ; être certain que je ne suis pas le seul à vivre de telles incertitudes serait un réconfort appréciable. Je serai sans doute le seul à descendre à la prochaine. Quelques secondes encore et je vais découvrir mon futur qui alors deviendra mon présent.
Dans un craquement de tout mon être le convoi s'immobilise. Personne ne bouge, je me lève, traverse le wagon, ouvre la porte, descend sur le quai.
Au fronton de la gare un panneau, brillant d'une lumière obscure, clignote calmement. Mon nom y figure en caractères gras accompagné de la mention : station ÉTERNITÉ – Terminus.
J'ai laissé mes bagages dans le wagon, je n'en aurai pas besoin là où je vais.
Je ne trouve pas d'onomatopée mieux appropriée pour suggérer les sensations occasionnées par ce trajet.
Ram dam... ram dam... ram dam... ram dam...
Longtemps ce rythme m'a semblé immuable mais depuis quelques instants j'ai l'impression que celui-ci faiblit, les temps morts s’allongent comme s'ils tenaient à se relaxer davantage entre les respirations sonores qui ponctuent cette marche mécanique.
Ram dam.... ram dam.... ram dam.... ram dam....
Par la fenêtre du wagon les repères visuels semblent effectivement prendre un peu plus leurs aises pour moduler leurs apparitions au sein des éléments du décor extérieur, comme si le temps était élastique et se distendait.
Ram dam..... ram dam..... ram dam..... ram dam.....
Je semble cependant être le seul à avoir remarqué cette modification de notre allure bien que ce soit chose sûre maintenant : toute la mise en scène défilant de l'autre côté de la vitre se complaît dans une lenteur qui va en s'accélérant. Chacun continue à vivre son train-train comme si les choses étaient immuables : qui sa lecture, qui sa conversation avec un voisin, qui sa rêverie en rapport ou pas avec le trajet en cours.
Toutefois cet état de chose ne m'informe toujours pas sur les origines de mon voyage, ni d'ailleurs sur ma destination. Il y a quelque temps déjà que je suis dans ce véhicule, emporté en une trajectoire et vers une destination sur lesquelles je n'ai aucune connaissance ni aucun pouvoir. Je ne me souviens pas d'ailleurs de mon entrée au sein de cet univers mobile, les prémices et les débuts de mon voyage restent toujours pour moi un mystère, autant que ma destination. Au sein de cet environnement des plus mystérieux une seule chose m'apporte quelque apaisement, encore que j'ignore de quelle source je la tiens : je reconnaîtrai sans problème la station où je dois descendre.
Qu'y trouverai-je ? M'attendra-t-on ? Et qui ? Autant de questions sans réponses ! Mais pour la première fois une certitude : le convoi ralentit, ma station de destination doit être toute proche.
Ram dam...... ram dam....... ram dam........ ram dam.........
Confinée comme il se doit l'atmosphère intérieure est tout à la fois, enthousiasmante d'imprévisible, bizarre, inquiétante.
Le convoi est pratiquement immobile, les autres passagers semblent toujours faire abstraction de cet état de fait, aucun d'eux ne semble s'apprêter à quitter le wagon. Sont-ils inconscients ou sans en avoir l'air sont-ils la proie des mêmes interrogations existentielles que moi ; rien sur leurs visages, ni dans leur attitude générale, ne permet d'apporter un début de réponse à cette question. Pourtant, même sans réaction, mes compagnons de voyage, ces étranges personnages, semblent comme moi embarqués dans un périple dont ils ignorent tout ; être certain que je ne suis pas le seul à vivre de telles incertitudes serait un réconfort appréciable. Je serai sans doute le seul à descendre à la prochaine. Quelques secondes encore et je vais découvrir mon futur qui alors deviendra mon présent.
Dans un craquement de tout mon être le convoi s'immobilise. Personne ne bouge, je me lève, traverse le wagon, ouvre la porte, descend sur le quai.
Au fronton de la gare un panneau, brillant d'une lumière obscure, clignote calmement. Mon nom y figure en caractères gras accompagné de la mention : station ÉTERNITÉ – Terminus.
J'ai laissé mes bagages dans le wagon, je n'en aurai pas besoin là où je vais.