7 h 23
Depuis septembre, tous les 7 h 23 se ressemblent. D'abord un bruit sourd de moteur puis les phares qui percent l'obscurité. Le bus ralentit, s'arrête. Les portes s'ouvrent devant moi.
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... [+]
C’est comme cela qu’ils m’appellent. Je n’arrive toujours pas à y croire. D’ailleurs, parfois je ne réponds pas. Pas de la mauvaise volonté de ma part, non. Simplement de la surprise devant cette inanité.
Tout avait très bien commencé. Un petit pré. De l’herbe tendre. La belle saison. Celle des fleurs et des papillons, des odeurs fortes et des sommeils lourds. La douceur du ventre de ma mère. Son souffle dans mon cou. Son odeur, chaude et rassurante dans un bain d’éternité.
Mes amis, mes frères, mes semblables. Nos galopades. Nos jeux.
Etre le plus rapide. Toujours, toujours plus vite. Devant les autres. Gagner. D’où ce nom de baptême ridicule. J'ai échappé à Ferrari, à Fangio, à Vitesse. Vitesse ils auraient pu... L'année des V...
Grandir. Prendre de l’assurance. Marteler le sol. Avaler la distance. Telle était ma vie... Courir. Ruer dans les brancards et filer le vent. Sauter plus haut que les autres. Sentir la terre éclabousser, gerbe de senteurs et de boue, le parfum du vent de la liberté. N’être qu’un avec la Nature. Etre. Et suivre son instinct.
Et puis ces liens autour de mon cou. L’attirail sur mon dos. Lourd, encombrant, incommode. Les fardeaux à porter. Les brimades. Impossible de ruser, de s’échapper. Enfermé. Prisonnier de cette ferraille dans ma bouche. Pour que je comprenne, pour que je cède, que j’obéisse et que je les écoute.
Et cette onomatopée comme nom. Le bruit d'une voiture de course. Même pas un nom de poney... Impossible à murmurer à l'oreille des chevaux.
Tout avait très bien commencé. Un petit pré. De l’herbe tendre. La belle saison. Celle des fleurs et des papillons, des odeurs fortes et des sommeils lourds. La douceur du ventre de ma mère. Son souffle dans mon cou. Son odeur, chaude et rassurante dans un bain d’éternité.
Mes amis, mes frères, mes semblables. Nos galopades. Nos jeux.
Etre le plus rapide. Toujours, toujours plus vite. Devant les autres. Gagner. D’où ce nom de baptême ridicule. J'ai échappé à Ferrari, à Fangio, à Vitesse. Vitesse ils auraient pu... L'année des V...
Grandir. Prendre de l’assurance. Marteler le sol. Avaler la distance. Telle était ma vie... Courir. Ruer dans les brancards et filer le vent. Sauter plus haut que les autres. Sentir la terre éclabousser, gerbe de senteurs et de boue, le parfum du vent de la liberté. N’être qu’un avec la Nature. Etre. Et suivre son instinct.
Et puis ces liens autour de mon cou. L’attirail sur mon dos. Lourd, encombrant, incommode. Les fardeaux à porter. Les brimades. Impossible de ruser, de s’échapper. Enfermé. Prisonnier de cette ferraille dans ma bouche. Pour que je comprenne, pour que je cède, que j’obéisse et que je les écoute.
Et cette onomatopée comme nom. Le bruit d'une voiture de course. Même pas un nom de poney... Impossible à murmurer à l'oreille des chevaux.