Le jour où mon ombre s'est détachée de moi

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Cela fait quelques jours que j'ai constaté le phénomène. Je n'en parle pas. On me prendrait pour un fou. Mais ce n'est pas vrai. Je ne suis pas fou.
Mardi dernier, mon ombre a bougé. Du verbe « bouger », synonyme de remuer, gigoter, gesticuler... Comprenez bien : sans que moi, le vrai moi, je ne fasse rien.

C'était mardi dernier, je rentrais du travail. Je me suis arrêté sur le pont pour regarder les mouettes s'agiter dans l'eau. Le soleil se couchait. Quand je me suis retourné, mon ombre était immense. J'ai à peine cligné des yeux que j'ai vu mon bras, là, par terre, tout sombre et tout déformé, mon bras d'ombre donc, se soulever. Mon bras à moi, le vrai, était collé à mon corps.
Mon ombre-bras a bougé tout doucement. J'ai vu ma main s'ouvrir, et s'agiter tout doucement. Mon ombre me faisait coucou ! Votre ombre vous a déjà fait coucou, vous ?
Évidemment, j'ai fait ce qu'aurait fait toute personne sensée. Oubliant tout sens commun, et par là même le fait qu'on ne peut semer son ombre, j'ai filé chez moi.

Depuis, cela n'a fait qu'empirer. Mon ombre me suit. Mais elle ne se comporte pas comme toutes les ombres, non, puisqu'elle n'est pas collée à moi. Non, elle mène sa vie d'ombre, tranquillement, se glissant derrière les rideaux, s'enroulant autour de mes livres, se frottant à moi. Bien évidemment, dès que je sors, que je vois du monde, cette sournoise se comporte comme ses pairs : comme un ombre docile, sans vie propre.
Je n'en peux plus. Chaque matin, au réveil, je garde les yeux le plus longtemps fermés en priant pour qu'elle ait disparu. Et puis je sens un frôlement, et je sais qu'elle est là, près de moi.
J'ai tout essayé, mais, croyez-moi ou non, on ne peut pas tuer son ombre. Alors, j'ai décidé de vivre dans le noir. Chacun ses solutions ! J'ai accumulé ces derniers jours assez de nourriture pour ne pas sortir de chez moi avant longtemps. L'appartement est à moi, j'ai démissionné : je suis libre. Je gagnerai cette bataille. Mon ombre devra bien s'avouer vaincue à force de ne plus exister. Car sans lumière, point d'ombre.

Voilà, je vais m'arrêter là. Merci d'avoir pris le temps de me lire. Je laisse cette lettre où tout a commencé, sur le pont. Moi, j'y vais. J'ai une vie d'aveugle à mener.

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