— Marguerite, je t'avais dit de pas voler ce chat ! Il est noir, tout noir !
— Mais la voisine ne s’en occupait pas, il allait se faire écraser, il était toujours sur la route
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La petite boîte deversa son histoire ...
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Elle était dans la poubelle, la petite boîte en fer qui avait déjà bien vécu. Elle avait encore de l'allure, malgré la rouille des années oubliées.
Elle avait dû démériter pour se trouver là, entre les épluchures d'aubergines et les noyaux des cerises...mais le temps des cerises est une promesse,non ?
Bref, quand la rencontre se fit entre Elle, la fille du premier étage et Elle, la petite boîte de la poubelle, ce fut un rendez-vous.
" Objets inanimés, avez-vous donc une âme..." ce malin de Lamartine ne s'était pas trompé : les objets vivaient et la fille du premier étage en fut persuadée !
Elle la sortit donc avec délicatesse, de la poubelle urbaine et la glissa dans un sac en plastic . Chaque geste comptait presque comme une opération chirurgicale. Elle remonta chez elle et nettoya le trésor ! Doucement, avec prudence et impatience ! Le couvercle reprenait des couleurs, il y avait du noir et de l'or... une petite serrure en cuivre, elle la fit briller et la petite boîte fut étonnamment attractive.
Elle imagina alors mille choses en visualisant l'intérieur : un bouton de manchettes élégant, une fleur séchée qu'un amant avait abandonnée là, un sachet de sucre périmé,une dentelle jaunie , une lettre d'amour que plus personne n'aurait le droit de lire... ou rien, simplement rien qu'un peu de fer muet qui garderait ses secrets. L'imagination peut tout se permettre, elle laissa divaguer la sienne.
La boîte fut posée sur le guéridon du salon et la fille la regarda, la toucha comme si la patience à l'ouvrir devait s'incruster dans la journée. Là était l'importance de l'attente.
La journée passa ainsi et le soleil de juin rendait les choses faciles. Tout semblait léger. La fille du premier étage en avait presque oublié la boîte, finalement si ordinaire et juste marquante par son empreinte des siècles passés. Elle n'avait pas de valeur matérielle, même un brocanteur expérimenté n'en aurait pas voulu : trop terne, trop banale, trop cabossée.. sans même une inscription !
Juste noire et or ! La fille se disait qu'elle était à la fois la Nuit et le Jour, la Mort et la Vie, elle brodait des scénarios dont personne n'aurait voulu mais elle s'en moquait : c'était sa boîte !
Vint le moment où elle allait l 'ouvrir, elle était fébrile et curieuse, elle avait peur mais avait hâte .
les vieux objets aiment tourmenter leurs admirateurs de ce silence privilégié qui les unit à l'éternité ! La petite boîte se fit capricieuse et refusa de s'ouvrir. La fille la tourna, la retourna, prit un couteau pour soulever le couvercle,trouva des clés pour tenter d'infiltrer la serrure, s'empara d'un tournevis, d'une pince... rien n'y fit ! La petite boîte avait une volonté de fer !
La fille chercha alors sur Internet des solutions, elle trouva des astuces de grand-mère, des noms aux produits magiques , des adresses où l'on pourrait l'aider. Tout cela lui semblait presque ridicule, elle était si petite, cette boîte et ne se montrait guère compatissante. Peut-être la garderait-elle ainsi fermée ? Elle était bien là, sur la table en bois et elle avait sa place dans l'appartement où le contemporain frôlait avec insolence, l'anarchie d'une brocante.
La nuit tomba doucement, chaude et belle, le ciel était plein d'étoiles et la fille se servit un petit cocktail mentholé pour respirer suavement les prémices de l'été.
Le temps, indifférent, traînait le long des murs, la fille commençait à avoir sommeil mais une dernière fois, elle alla jusqu'à sa boîte, elle la prit, la caressa d'une main maladroite .Ce n'était qu'une petite boîte, sortie d'une poubelle mais mon Dieu, tout cela avait pris de drôles de proportions et c'était bien la première fois que la fille du premier étage avait extirpé un objet d'une poubelle ! Elle en sourit ! Sa mère lui aurait dit que ce n'était pas vraiment hygiénique et qu'une fille de bonne famille devait avoir d'autres manières !
Qu'importe ! C'était sa boîte et c'était ainsi ! Le destin ferait le reste !
En la reposant sur la table, elle toucha instinctivement la serrure elle y remarqua un rond comme un petit clou enfoncé, elle appuya sur ce faux clou , le couvercle s'ouvrit...
...et Pandore retint son souffle.
Elle avait dû démériter pour se trouver là, entre les épluchures d'aubergines et les noyaux des cerises...mais le temps des cerises est une promesse,non ?
Bref, quand la rencontre se fit entre Elle, la fille du premier étage et Elle, la petite boîte de la poubelle, ce fut un rendez-vous.
" Objets inanimés, avez-vous donc une âme..." ce malin de Lamartine ne s'était pas trompé : les objets vivaient et la fille du premier étage en fut persuadée !
Elle la sortit donc avec délicatesse, de la poubelle urbaine et la glissa dans un sac en plastic . Chaque geste comptait presque comme une opération chirurgicale. Elle remonta chez elle et nettoya le trésor ! Doucement, avec prudence et impatience ! Le couvercle reprenait des couleurs, il y avait du noir et de l'or... une petite serrure en cuivre, elle la fit briller et la petite boîte fut étonnamment attractive.
Elle imagina alors mille choses en visualisant l'intérieur : un bouton de manchettes élégant, une fleur séchée qu'un amant avait abandonnée là, un sachet de sucre périmé,une dentelle jaunie , une lettre d'amour que plus personne n'aurait le droit de lire... ou rien, simplement rien qu'un peu de fer muet qui garderait ses secrets. L'imagination peut tout se permettre, elle laissa divaguer la sienne.
La boîte fut posée sur le guéridon du salon et la fille la regarda, la toucha comme si la patience à l'ouvrir devait s'incruster dans la journée. Là était l'importance de l'attente.
La journée passa ainsi et le soleil de juin rendait les choses faciles. Tout semblait léger. La fille du premier étage en avait presque oublié la boîte, finalement si ordinaire et juste marquante par son empreinte des siècles passés. Elle n'avait pas de valeur matérielle, même un brocanteur expérimenté n'en aurait pas voulu : trop terne, trop banale, trop cabossée.. sans même une inscription !
Juste noire et or ! La fille se disait qu'elle était à la fois la Nuit et le Jour, la Mort et la Vie, elle brodait des scénarios dont personne n'aurait voulu mais elle s'en moquait : c'était sa boîte !
Vint le moment où elle allait l 'ouvrir, elle était fébrile et curieuse, elle avait peur mais avait hâte .
les vieux objets aiment tourmenter leurs admirateurs de ce silence privilégié qui les unit à l'éternité ! La petite boîte se fit capricieuse et refusa de s'ouvrir. La fille la tourna, la retourna, prit un couteau pour soulever le couvercle,trouva des clés pour tenter d'infiltrer la serrure, s'empara d'un tournevis, d'une pince... rien n'y fit ! La petite boîte avait une volonté de fer !
La fille chercha alors sur Internet des solutions, elle trouva des astuces de grand-mère, des noms aux produits magiques , des adresses où l'on pourrait l'aider. Tout cela lui semblait presque ridicule, elle était si petite, cette boîte et ne se montrait guère compatissante. Peut-être la garderait-elle ainsi fermée ? Elle était bien là, sur la table en bois et elle avait sa place dans l'appartement où le contemporain frôlait avec insolence, l'anarchie d'une brocante.
La nuit tomba doucement, chaude et belle, le ciel était plein d'étoiles et la fille se servit un petit cocktail mentholé pour respirer suavement les prémices de l'été.
Le temps, indifférent, traînait le long des murs, la fille commençait à avoir sommeil mais une dernière fois, elle alla jusqu'à sa boîte, elle la prit, la caressa d'une main maladroite .Ce n'était qu'une petite boîte, sortie d'une poubelle mais mon Dieu, tout cela avait pris de drôles de proportions et c'était bien la première fois que la fille du premier étage avait extirpé un objet d'une poubelle ! Elle en sourit ! Sa mère lui aurait dit que ce n'était pas vraiment hygiénique et qu'une fille de bonne famille devait avoir d'autres manières !
Qu'importe ! C'était sa boîte et c'était ainsi ! Le destin ferait le reste !
En la reposant sur la table, elle toucha instinctivement la serrure elle y remarqua un rond comme un petit clou enfoncé, elle appuya sur ce faux clou , le couvercle s'ouvrit...
...et Pandore retint son souffle.
Je vous propose de découvrir ma boîte, elle est ici :
La boîte à voyager dans le temps (Christian Gilabert)