Le lit était défait... il l’avait fait. Sa mémoire s’en alla, il en devint très las. Même les évidences n’entraient ... [+]
Son miroir était formel. Il y avait eu d’autres apparitions pendant la nuit. De nouvelles éclaboussures rougeâtres avec des velléités parfois noirâtres, parfois blanchâtres. Des manifestations pubères en -âtre- qui empêchent un poète de jouer au bellâtre, ironisa Hugo.
Son père, fin psychologue de comptoir, avait assuré que l’acné était un garde-fou naturel qui empêchait les ados de tomber précocement dans le stupre et la fornication et permettait de poursuivre les études en toute sérénité. Bref, un « Passe ton bac d’abord » traduit en langage paternel. La mère jetait sur son fils un regard bienveillant et compréhensif, propre à excuser l’analyse lourdingue du père.
Puceau mais pas obstiné ! Hugo projetait ses dix-sept ans boutonneux dans un avenir tout proche. Alice semblait s’intéresser à lui malgré ce handicap cruellement affiché. Alice était une ado de son âge, une copine de lycée, rondelette et troublante, chez qui il espérait une empathie d’infirmière. Une fille comme elle saurait comprendre un GIG comme lui, un Grand Invalide de Gueule.
Les exposés en commun ne sont-ils pas prétextes aux rapprochements ? Alice et Hugo se rapprochèrent sur le thème : « Est-il juste de dire que l’Histoire jugera ? »
Ils convinrent dans leur analyse que le problème posé ici est lié à l'idée fondamentale des philosophies de l'histoire : l'histoire a un sens, elle est orientée vers un but.
« Quel but ? » Ils se promirent de se retrouver très rapidement pour répondre à cette question.
Plus trois ! Comptabilisa Hugo devant le miroir. Putain, la honte, difficile d’avoir confiance en soi, devant ce champ de batailles, constata-t-il amèrement.
« Dans un premier temps, on pourrait poser la question du but moral de l'Histoire. »
Hugo s’assit sur le lit d’Alice, à côté d’elle, pour chercher le but moral de l’histoire.
On pourrait se demander si la croyance en un tel but moral n'a pas elle-même une nécessité morale ? Questionna timidement Alice. Ils acquiescèrent de concert avant de se plonger dans une longue réflexion. Au moment de partir Hugo était convaincu qu’il avait tout simplement envie de s’asseoir carrément sur ce but moral ; son but était totalement amoral. Une idée à partager.
Moins deux ! Hugo embrassa son miroir et entama une danse de guerre indienne. Est-ce moral de se réjouir des disparitions chez l’ennemi ? Hugo rejoignit Alice en souriant.
Alice embrassa chaleureusement Hugo sur les joues. Hugo fut chamboulé par cette prise de risque exaltée. Alice lui proposa une tasse de café. Il accepta avec empressement et la suivit du regard lorsqu’elle se dirigea vers la cuisine. Plus un ! Plaisanta-t-il le feu aux joues en imaginant une nouvelle apparition cutanée sur son visage. Il croisa les jambes pour dissimuler maladroitement une émotion palpable. Lorsqu’elle revint, un plateau dans les mains, elle jugea utile de préciser dans un débit verbal saccadé : que ses parents s’étaient absentés, chez des amis, à la campagne, qu’ils ne rentreraient que tard le soir, qu’il y avait de quoi manger dans le frigo, que ses parents téléphoneraient s’ils rentraient plus tôt, qu’il y avait du poulet, qu’il y avait du jus de fruit, de la mayonnaise, de la salade, que ce serait vite fait...
Hugo décrypta le message. Son regard s’attarda un instant sur le corsage d’Alice avec ses boutons imprudemment sollicités. Superflus, comme tous les boutons. Hugo tendit la main pour prendre sa tasse posée sur le plateau, l’opulente poitrine d’Alice écrasa son bras...
Marx a en effet montré que si l'on voulait rechercher une cause du devenir de l'histoire, c'est dans les conditions économiques plutôt que dans une conscience morale qu'on la trouverait... Ils firent l’impasse sur Marx et cherchèrent ensemble une autre cause dans le devenir de leur histoire...
Beaucoup ! Hugo sourit devant le miroir en prenant une pose avantageuse avec son bouquet de roses rouges en boutons.
Le 14 février à dix heures Hugo sonna à la porte d’Alice.
" Bonjour Alice ! Je t’ai apporté des boutons... et puis des fleurs apparaitront. "
Son père, fin psychologue de comptoir, avait assuré que l’acné était un garde-fou naturel qui empêchait les ados de tomber précocement dans le stupre et la fornication et permettait de poursuivre les études en toute sérénité. Bref, un « Passe ton bac d’abord » traduit en langage paternel. La mère jetait sur son fils un regard bienveillant et compréhensif, propre à excuser l’analyse lourdingue du père.
Puceau mais pas obstiné ! Hugo projetait ses dix-sept ans boutonneux dans un avenir tout proche. Alice semblait s’intéresser à lui malgré ce handicap cruellement affiché. Alice était une ado de son âge, une copine de lycée, rondelette et troublante, chez qui il espérait une empathie d’infirmière. Une fille comme elle saurait comprendre un GIG comme lui, un Grand Invalide de Gueule.
Les exposés en commun ne sont-ils pas prétextes aux rapprochements ? Alice et Hugo se rapprochèrent sur le thème : « Est-il juste de dire que l’Histoire jugera ? »
Ils convinrent dans leur analyse que le problème posé ici est lié à l'idée fondamentale des philosophies de l'histoire : l'histoire a un sens, elle est orientée vers un but.
« Quel but ? » Ils se promirent de se retrouver très rapidement pour répondre à cette question.
Plus trois ! Comptabilisa Hugo devant le miroir. Putain, la honte, difficile d’avoir confiance en soi, devant ce champ de batailles, constata-t-il amèrement.
« Dans un premier temps, on pourrait poser la question du but moral de l'Histoire. »
Hugo s’assit sur le lit d’Alice, à côté d’elle, pour chercher le but moral de l’histoire.
On pourrait se demander si la croyance en un tel but moral n'a pas elle-même une nécessité morale ? Questionna timidement Alice. Ils acquiescèrent de concert avant de se plonger dans une longue réflexion. Au moment de partir Hugo était convaincu qu’il avait tout simplement envie de s’asseoir carrément sur ce but moral ; son but était totalement amoral. Une idée à partager.
Moins deux ! Hugo embrassa son miroir et entama une danse de guerre indienne. Est-ce moral de se réjouir des disparitions chez l’ennemi ? Hugo rejoignit Alice en souriant.
Alice embrassa chaleureusement Hugo sur les joues. Hugo fut chamboulé par cette prise de risque exaltée. Alice lui proposa une tasse de café. Il accepta avec empressement et la suivit du regard lorsqu’elle se dirigea vers la cuisine. Plus un ! Plaisanta-t-il le feu aux joues en imaginant une nouvelle apparition cutanée sur son visage. Il croisa les jambes pour dissimuler maladroitement une émotion palpable. Lorsqu’elle revint, un plateau dans les mains, elle jugea utile de préciser dans un débit verbal saccadé : que ses parents s’étaient absentés, chez des amis, à la campagne, qu’ils ne rentreraient que tard le soir, qu’il y avait de quoi manger dans le frigo, que ses parents téléphoneraient s’ils rentraient plus tôt, qu’il y avait du poulet, qu’il y avait du jus de fruit, de la mayonnaise, de la salade, que ce serait vite fait...
Hugo décrypta le message. Son regard s’attarda un instant sur le corsage d’Alice avec ses boutons imprudemment sollicités. Superflus, comme tous les boutons. Hugo tendit la main pour prendre sa tasse posée sur le plateau, l’opulente poitrine d’Alice écrasa son bras...
Marx a en effet montré que si l'on voulait rechercher une cause du devenir de l'histoire, c'est dans les conditions économiques plutôt que dans une conscience morale qu'on la trouverait... Ils firent l’impasse sur Marx et cherchèrent ensemble une autre cause dans le devenir de leur histoire...
Beaucoup ! Hugo sourit devant le miroir en prenant une pose avantageuse avec son bouquet de roses rouges en boutons.
Le 14 février à dix heures Hugo sonna à la porte d’Alice.
" Bonjour Alice ! Je t’ai apporté des boutons... et puis des fleurs apparaitront. "