Bao Ping et sa jeune épouse vivaient sous la dynastie Ming. Le travail des champs était dur, alors Bao chercha l'aide d'un sorcier qui lui procura un philtre de fécondité pour qu'il puisse ... [+]
Hivernatien Minimus et l'enchanteur des Chauds
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Tous les sorciers du pôle sud savent qu'il ne faut pas réveiller leurs parents pendant la sieste. Mais Hivernatien ne pouvait pas laisser cette limace velue dévorer le nez de Surgelot, son père ! Au début c'était une fine ligne noire, mais aujourd'hui elle se voyait plus que le nez au milieu de sa figure. Avec sa main gauche, Hivernatien fouilla sa tignasse noire à la recherche de sa baguette magique. Elle n'y était pas !
― Comment faire sans magie ? Si je tire assez vite et assez fort sur la limace, papa ne sentira rien.
Hivernatien ne tira ni assez vite ni assez fort et n'arracha que la moitié de la limace. Sugelot se redressa comme un ressort et bondit hors de son sofa de glacé pilée en hurlant.
― De l'eau ! Ça brûle !
― De l'eau molle ou de l'eau dure ? demanda Hivernatien.
― De l'eau ! cria Surgelot.
― Oui, mais de l'eau solide ou de l'eau liquide ?
Surgelot n'entendait plus. Il avait enfoncé sa tête dans son lit de glace pilée comme les autruches enfoncent leur tête dans le sable. Mais Surgelot n'avait pas eu le temps de creuser avant, alors quand il retira sa tête de la glace, il avait un casque gelé tout autour.
― Il fallait le dire tout de suite que tu voulais de l'eau solide et dure, dit Hivernatien.
Alors au travers du casque de glace intégral, il vit que les yeux de son père étaient rouges. Or les sorciers des glaces avaient toujours les yeux bleus, sauf quand ils étaient très en colère. Leurs yeux devenaient jaunes, orange ou rouges. Un jour Hivernatien avait vu un sorcier des glaces avec des yeux orange qui avait fait fondre la banquise 72 en entier !
Comme les yeux de Surgelot étaient passés directement du bleu au rouge sans passer par le jaune ou l'orange, Hivernatien sut qu'il fallait s'éloigner pour un ou deux mois, le temps que le rouge redevienne bleu.
Il sortit en courant, tout en fouillant à nouveau dans sa tignasse, surpris de ne pas y avoir trouvé sa baguette magique. Et cette fois, elle était là.
― Je m'étais trompé de côté ! Cette main-là, c'est la droite.
Mikimiki aperçut Hivernatien, et courut après lui.
― Tu cours comme si tu venais d'arracher la limace sous le nez de ton père ! dit-elle.
― Juste la moitié ! s'écria Hivernatien. Continue de courir quand même !
Ils continuèrent donc à faire rouler leurs jambes sur la banquise 46 et ne s'arrêtèrent que devant le glacier des Sortilèges. C'est plutôt le glacier qui les arrêta car il était plus dur que leurs têtes, même celle d'Hivernatien.
PLORK !
― Ta tête fait un drôle de bruit aujourd'hui, dit Hivernatien.
― Ce n'est pas la mienne ! répondit Mikimiki.
― Ça doit être la sienne, dit Hivernatien en pointant deux jambes qui sortaient du sol. Évidemment, sa tête a la forme de jambes ! Elle ne peut pas faire un bruit normal quand elle se cogne contre un glacier.
Mikimiki haussa les épaules.
― C'est parce qu'il est tombé du haut du glacier la tête la première. Remettons-le à l'endroit.
Ils empoignèrent les deux jambes et tirèrent de toutes leurs forces.
KROLP !
― Tu avais raison ! dit Mikimiki, c'est le même bruit qu'on a entendu tout à l'heure, mais à l'envers.
L'homme qu'il avait retiré de la banquise ressemblait à un sorcier des glaces mais sa peau était rouge, et ses cheveux étaient blancs alors que les sorciers des glaces avaient la peau bleue et les cheveux noirs. Lui aussi n'avait qu'une moitié de moustache sous le nez.
Sa veste jaune était trop courte sur le devant, mais s'étalait sur des mètres et des mètres derrière lui, jusqu'en haut du glacier. Son pantalon avait l'air d'être déchiré en lanières, ses chaussures étaient pointues, et sur sa tête il portait un nid, comme ceux que les oiseaux fabriquaient parce qu'ils ne savaient pas construire d'igloo.
― Je m'appelle Hivernatien.
― Et je m'appelle Mikimiki parce que tout le monde ne peut pas s'appeler Hivernatien. Et toi ?
― Je m'appelle... je ne sais pas, dit l'homme rouge. C'est étrange.
― C'est vrai, c'est un nom étrange, répondit Hivernatien. Personne ici ne s'appelle comme ça.
Mais ce que l'homme rouge voulait dire c'est qu'il avait oublié son nom. Ce sont des choses qui arrivent quand on se cogne la tête très fort. On oublie son nom. Parfois on oublie aussi d'acheter du lait, mais c'est moins embêtant.
― En tout cas, tu es un enchanteur des Chauds, dit Mikimki.
― Il n'y a aucun doute, ajouta Hivernatien.
― Comment le savez-vous ?
― Parce qu'on s'est brûlé les mains en te remettant à l'endroit, répondit Mikimiki. Les enchanteurs des Chauds sont les seuls qui brûlent les mains des sorciers des glaces qui les remettent à l'endroit. Et ça fait mal !
― Désolé ! Ça ne me dit toujours pas ce que je fais ici.
― La réponse doit se trouver en haut du glacier, dit Hivernatien. C'est là que tu étais avant de tomber. Prends ma main et celle de Mikimiki.
Hivernatien prononça ensuite une formule magique qu'il ne faut surtout pas répéter !
― Elastico retournis !
La veste se rembobina comme un élastique jusqu'en en haut du glacier, avec ses trois passagers. Là, ils ne trouvèrent rien d'autre qu'un rouleau de papier.
― C'est un rouleau Messager, dit Mikimiki. Il suffit de le dérouler et d'écouter.
L'enchanteur des Chauds déroula le message mais il était vide.
― Il faut quand même prononcer la formule de lecture, dit Mikimiki.
― Je l'ai oubliée en même temps que mon nom, répondit l'enchanteur.
Mikimiki soupira.
― Donne-le-moi, je vais essayer. Caquetti jacto !
Une femme aux cheveux blancs et à la peau rouge apparut ussitôt sur le rouleau. Sur sa tête elle ne portait pas un nid d'oiseau mais une couronne dorée. Elle pointait son index vers l'enchanteur, le bougeait dans tous les sens en faisant des grimaces.
― On n'entend rien ! dit l'enchanteur.
― Je ne connais que la moitié de la formule, dit Mikimiki.
― On dirait ma mère quand elle est en colère après mon père, dit Hivernatien.
― On dirait aussi ma mère quand elle parle à mon père, même quand elle n'est pas en colère, ajouta Mikimiki.
― Je crois que je connais cette femme ! dit l'enchanteur.
À ce moment, plusieurs boules de feu traversèrent le ciel et l'une d'entre elle s'écrasa juste à côté des trois personnages de notre histoire. Le choc les envoya dans les airs et ils retombèrent en bas du glacier.
Des flammèches tournèrent autour de la tête de l'enchanteur et des flocons de neige dansèrent autour de la tête d'Hivernatien et de Mikimiki. Puis l'histoire put recommencer !
― Je me souviens ! s'écria alors l'enchanteur.
― Tant mieux, répondit Hivernatien, parce que moi j'ai oublié.
― Moi aussi, dit Mikimiki.
― Je m'appelle Brazier et Fournèse ma reine m'a envoyé chercher notre fils, le prince Flambo. C'est lui qui joue avec ces boules de feu. Il ne connait pas bien ses pouvoirs. D'ailleurs vous devriez baisser la tête.
― Pourquoi ?
― Pour ça ! répondit Brazier.
Au même moment une autre boule de feu frôla la tignasse d'Hivernatien.
― Le voilà ! cria Mikimiki en apercevant le jeune enchanteur. Il me rappelle quelqu'un, mais je ne sais pas qui.
Comme son père, Flambo avait la peau rouge et sa tignasse ébouriffée était blanche. Dans sa main il tenait une baguette magique qu'il rangea dans ses cheveux quand il aperçut son père et vit que ses yeux avaient viré au bleu. Ce n'était jamais bon signe quand les yeux d'un enchanteur des Chauds viraient au bleu alors qu'on voulait juste arracher une limace sous son nez !
― Je vais l'attraper ! s'écria Brazier. Mais d'abord je vais vous rendre la mémoire. Amnesia deguerpis !
Le sortilège enveloppa Hivernatien et Mikimiki, et ils se regardèrent alors avec surprise. Puis sans dire un mot ils se levèrent et se précipitèrent vers le jeune enchanteur rouge.
― Cours ! lui crièrent-ils. Cours et ne t'arrête pas.
Lorsqu'ils avaient retrouvé la mémoire, les deux sorciers des glaces s'étaient souvenus de la raison qui les avaient amenés devant le glacier. Et au pôle sud comme ailleurs, quand on est des jeunes sorciers, vaut mieux se serrer les coudes en face des yeux rouges ou des yeux bleus et courir vite !
― Comment faire sans magie ? Si je tire assez vite et assez fort sur la limace, papa ne sentira rien.
Hivernatien ne tira ni assez vite ni assez fort et n'arracha que la moitié de la limace. Sugelot se redressa comme un ressort et bondit hors de son sofa de glacé pilée en hurlant.
― De l'eau ! Ça brûle !
― De l'eau molle ou de l'eau dure ? demanda Hivernatien.
― De l'eau ! cria Surgelot.
― Oui, mais de l'eau solide ou de l'eau liquide ?
Surgelot n'entendait plus. Il avait enfoncé sa tête dans son lit de glace pilée comme les autruches enfoncent leur tête dans le sable. Mais Surgelot n'avait pas eu le temps de creuser avant, alors quand il retira sa tête de la glace, il avait un casque gelé tout autour.
― Il fallait le dire tout de suite que tu voulais de l'eau solide et dure, dit Hivernatien.
Alors au travers du casque de glace intégral, il vit que les yeux de son père étaient rouges. Or les sorciers des glaces avaient toujours les yeux bleus, sauf quand ils étaient très en colère. Leurs yeux devenaient jaunes, orange ou rouges. Un jour Hivernatien avait vu un sorcier des glaces avec des yeux orange qui avait fait fondre la banquise 72 en entier !
Comme les yeux de Surgelot étaient passés directement du bleu au rouge sans passer par le jaune ou l'orange, Hivernatien sut qu'il fallait s'éloigner pour un ou deux mois, le temps que le rouge redevienne bleu.
Il sortit en courant, tout en fouillant à nouveau dans sa tignasse, surpris de ne pas y avoir trouvé sa baguette magique. Et cette fois, elle était là.
― Je m'étais trompé de côté ! Cette main-là, c'est la droite.
Mikimiki aperçut Hivernatien, et courut après lui.
― Tu cours comme si tu venais d'arracher la limace sous le nez de ton père ! dit-elle.
― Juste la moitié ! s'écria Hivernatien. Continue de courir quand même !
Ils continuèrent donc à faire rouler leurs jambes sur la banquise 46 et ne s'arrêtèrent que devant le glacier des Sortilèges. C'est plutôt le glacier qui les arrêta car il était plus dur que leurs têtes, même celle d'Hivernatien.
PLORK !
― Ta tête fait un drôle de bruit aujourd'hui, dit Hivernatien.
― Ce n'est pas la mienne ! répondit Mikimiki.
― Ça doit être la sienne, dit Hivernatien en pointant deux jambes qui sortaient du sol. Évidemment, sa tête a la forme de jambes ! Elle ne peut pas faire un bruit normal quand elle se cogne contre un glacier.
Mikimiki haussa les épaules.
― C'est parce qu'il est tombé du haut du glacier la tête la première. Remettons-le à l'endroit.
Ils empoignèrent les deux jambes et tirèrent de toutes leurs forces.
KROLP !
― Tu avais raison ! dit Mikimiki, c'est le même bruit qu'on a entendu tout à l'heure, mais à l'envers.
L'homme qu'il avait retiré de la banquise ressemblait à un sorcier des glaces mais sa peau était rouge, et ses cheveux étaient blancs alors que les sorciers des glaces avaient la peau bleue et les cheveux noirs. Lui aussi n'avait qu'une moitié de moustache sous le nez.
Sa veste jaune était trop courte sur le devant, mais s'étalait sur des mètres et des mètres derrière lui, jusqu'en haut du glacier. Son pantalon avait l'air d'être déchiré en lanières, ses chaussures étaient pointues, et sur sa tête il portait un nid, comme ceux que les oiseaux fabriquaient parce qu'ils ne savaient pas construire d'igloo.
― Je m'appelle Hivernatien.
― Et je m'appelle Mikimiki parce que tout le monde ne peut pas s'appeler Hivernatien. Et toi ?
― Je m'appelle... je ne sais pas, dit l'homme rouge. C'est étrange.
― C'est vrai, c'est un nom étrange, répondit Hivernatien. Personne ici ne s'appelle comme ça.
Mais ce que l'homme rouge voulait dire c'est qu'il avait oublié son nom. Ce sont des choses qui arrivent quand on se cogne la tête très fort. On oublie son nom. Parfois on oublie aussi d'acheter du lait, mais c'est moins embêtant.
― En tout cas, tu es un enchanteur des Chauds, dit Mikimki.
― Il n'y a aucun doute, ajouta Hivernatien.
― Comment le savez-vous ?
― Parce qu'on s'est brûlé les mains en te remettant à l'endroit, répondit Mikimiki. Les enchanteurs des Chauds sont les seuls qui brûlent les mains des sorciers des glaces qui les remettent à l'endroit. Et ça fait mal !
― Désolé ! Ça ne me dit toujours pas ce que je fais ici.
― La réponse doit se trouver en haut du glacier, dit Hivernatien. C'est là que tu étais avant de tomber. Prends ma main et celle de Mikimiki.
Hivernatien prononça ensuite une formule magique qu'il ne faut surtout pas répéter !
― Elastico retournis !
La veste se rembobina comme un élastique jusqu'en en haut du glacier, avec ses trois passagers. Là, ils ne trouvèrent rien d'autre qu'un rouleau de papier.
― C'est un rouleau Messager, dit Mikimiki. Il suffit de le dérouler et d'écouter.
L'enchanteur des Chauds déroula le message mais il était vide.
― Il faut quand même prononcer la formule de lecture, dit Mikimiki.
― Je l'ai oubliée en même temps que mon nom, répondit l'enchanteur.
Mikimiki soupira.
― Donne-le-moi, je vais essayer. Caquetti jacto !
Une femme aux cheveux blancs et à la peau rouge apparut ussitôt sur le rouleau. Sur sa tête elle ne portait pas un nid d'oiseau mais une couronne dorée. Elle pointait son index vers l'enchanteur, le bougeait dans tous les sens en faisant des grimaces.
― On n'entend rien ! dit l'enchanteur.
― Je ne connais que la moitié de la formule, dit Mikimiki.
― On dirait ma mère quand elle est en colère après mon père, dit Hivernatien.
― On dirait aussi ma mère quand elle parle à mon père, même quand elle n'est pas en colère, ajouta Mikimiki.
― Je crois que je connais cette femme ! dit l'enchanteur.
À ce moment, plusieurs boules de feu traversèrent le ciel et l'une d'entre elle s'écrasa juste à côté des trois personnages de notre histoire. Le choc les envoya dans les airs et ils retombèrent en bas du glacier.
Des flammèches tournèrent autour de la tête de l'enchanteur et des flocons de neige dansèrent autour de la tête d'Hivernatien et de Mikimiki. Puis l'histoire put recommencer !
― Je me souviens ! s'écria alors l'enchanteur.
― Tant mieux, répondit Hivernatien, parce que moi j'ai oublié.
― Moi aussi, dit Mikimiki.
― Je m'appelle Brazier et Fournèse ma reine m'a envoyé chercher notre fils, le prince Flambo. C'est lui qui joue avec ces boules de feu. Il ne connait pas bien ses pouvoirs. D'ailleurs vous devriez baisser la tête.
― Pourquoi ?
― Pour ça ! répondit Brazier.
Au même moment une autre boule de feu frôla la tignasse d'Hivernatien.
― Le voilà ! cria Mikimiki en apercevant le jeune enchanteur. Il me rappelle quelqu'un, mais je ne sais pas qui.
Comme son père, Flambo avait la peau rouge et sa tignasse ébouriffée était blanche. Dans sa main il tenait une baguette magique qu'il rangea dans ses cheveux quand il aperçut son père et vit que ses yeux avaient viré au bleu. Ce n'était jamais bon signe quand les yeux d'un enchanteur des Chauds viraient au bleu alors qu'on voulait juste arracher une limace sous son nez !
― Je vais l'attraper ! s'écria Brazier. Mais d'abord je vais vous rendre la mémoire. Amnesia deguerpis !
Le sortilège enveloppa Hivernatien et Mikimiki, et ils se regardèrent alors avec surprise. Puis sans dire un mot ils se levèrent et se précipitèrent vers le jeune enchanteur rouge.
― Cours ! lui crièrent-ils. Cours et ne t'arrête pas.
Lorsqu'ils avaient retrouvé la mémoire, les deux sorciers des glaces s'étaient souvenus de la raison qui les avaient amenés devant le glacier. Et au pôle sud comme ailleurs, quand on est des jeunes sorciers, vaut mieux se serrer les coudes en face des yeux rouges ou des yeux bleus et courir vite !