L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. En toute lucidité. Marguerite Duras.
Khartoum le 8 avril 2019
Devant une foule de manifestants, debout sur le toit d'une voiture une femme vêtue de blanc devient le symbole des milliers de femmes soudanaises qui réclament leurs droits dans un pays où elles sont jugées pour le simple fait de porter un pantalon.
Son nom : Alaa Salah, 22 ans.
Khartoum-Juillet 2021
Sur un des terrains de l'Académie Hala et Rawan retirent leur abaya* et dénouent leur toub** pour enfiler un short et un T.shirt rouges. Elles échangent leurs sandales pour des chaussures à crampon. Elles font partie de la première équipe nationale féminine de foot du Soudan et vont rejoindre, en petite foulée, leurs camarades sélectionnées pour participer au tout premier tournoi de foot féminin arabe, « Al-Difa ».
Depuis deux mois l'équipe se prépare à raison de trois entraînements par semaine.
Du 24 août au 6 septembre ce seront onze équipes féminines, dont l'Egypte, l'Algérie, le Liban, l'Irak ou encore la Palestine, qui s'affronteront au Caire pour un tournoi inédit.
Que de chemin parcouru depuis la première équipe de foot féminine soudanaise « Al-Tahady » !
Deux ans auparavant en raison de la Charia***, l'équipe de Hala et Rawan s'exposait à des coups de fouet si elle faisait du sport en public. Les joueuses avaient l'obligation de porter un voile, des manches longues et des joggings. « Les policiers se moquaient de nous, raconte Hala. Ils disaient que nous étions incapables de rattraper un ballon comme les hommes. Pire, si un groupe d'hommes arrivaient au Parc International ou à l'Académie pour jouer, on nous chassait sans ménagement. Mais le lendemain et tous les jours d'après nous y retournions ! ». Rawan ajoute en riant que sa mère qui la soutient récite maintenant des prières avant chacun de ses matchs. Toutes deux se réjouissent que les mentalités évoluent et se moquent des commentaires qui perdurent sur les réseaux sociaux, comme : « Cette fille est trop jolie ou trop moche pour jouer au foot » !
Mais si toutes les joueuses de l'équipe de Hala et Rawan ne doutent pas un instant de leur engagement, elles doivent faire face à des problèmes qui les préoccupent. Certes une petite somme leur est allouée mais cette somme permet tout juste de payer le transport pour les entraînements alors que certaines devront s'absenter de la fac ou demander un congé pour se rendre au premier tournoi de foot féminin arabe.
Khartoum le 20 août 2021
Malgré tant de moments de découragement, de fatigue physique et morale et, pour certaines de pressions familiales, jamais l'équipe de Hala et Rawan n'a renoncé.
Toutes sont prêtes.
Toutes font bloc.
Toutes sont impatientes de partir.
Le Caire le 24 août 2021
L'hymne National du Soudan retentit dans le stade. Hala, Rawan et leurs camarades, les yeux embués, chantent à pleine voix en se tenant la main.
A cet instant toutes pensent au chemin qu'elles ont parcouru ensemble. Elles en ont fières.
Elles se disent que leur participation à ce premier tournoi de foot féminin arabe constitue déjà, à elle seule, une victoire.
* Abaya : longue robe noire couvrant le corps du cou aux chevilles
** Toub : tissu couvrant les cheveux
*** Charia : loi islamique depuis 1983
Devant une foule de manifestants, debout sur le toit d'une voiture une femme vêtue de blanc devient le symbole des milliers de femmes soudanaises qui réclament leurs droits dans un pays où elles sont jugées pour le simple fait de porter un pantalon.
Son nom : Alaa Salah, 22 ans.
Khartoum-Juillet 2021
Sur un des terrains de l'Académie Hala et Rawan retirent leur abaya* et dénouent leur toub** pour enfiler un short et un T.shirt rouges. Elles échangent leurs sandales pour des chaussures à crampon. Elles font partie de la première équipe nationale féminine de foot du Soudan et vont rejoindre, en petite foulée, leurs camarades sélectionnées pour participer au tout premier tournoi de foot féminin arabe, « Al-Difa ».
Depuis deux mois l'équipe se prépare à raison de trois entraînements par semaine.
Du 24 août au 6 septembre ce seront onze équipes féminines, dont l'Egypte, l'Algérie, le Liban, l'Irak ou encore la Palestine, qui s'affronteront au Caire pour un tournoi inédit.
Que de chemin parcouru depuis la première équipe de foot féminine soudanaise « Al-Tahady » !
Deux ans auparavant en raison de la Charia***, l'équipe de Hala et Rawan s'exposait à des coups de fouet si elle faisait du sport en public. Les joueuses avaient l'obligation de porter un voile, des manches longues et des joggings. « Les policiers se moquaient de nous, raconte Hala. Ils disaient que nous étions incapables de rattraper un ballon comme les hommes. Pire, si un groupe d'hommes arrivaient au Parc International ou à l'Académie pour jouer, on nous chassait sans ménagement. Mais le lendemain et tous les jours d'après nous y retournions ! ». Rawan ajoute en riant que sa mère qui la soutient récite maintenant des prières avant chacun de ses matchs. Toutes deux se réjouissent que les mentalités évoluent et se moquent des commentaires qui perdurent sur les réseaux sociaux, comme : « Cette fille est trop jolie ou trop moche pour jouer au foot » !
Mais si toutes les joueuses de l'équipe de Hala et Rawan ne doutent pas un instant de leur engagement, elles doivent faire face à des problèmes qui les préoccupent. Certes une petite somme leur est allouée mais cette somme permet tout juste de payer le transport pour les entraînements alors que certaines devront s'absenter de la fac ou demander un congé pour se rendre au premier tournoi de foot féminin arabe.
Khartoum le 20 août 2021
Malgré tant de moments de découragement, de fatigue physique et morale et, pour certaines de pressions familiales, jamais l'équipe de Hala et Rawan n'a renoncé.
Toutes sont prêtes.
Toutes font bloc.
Toutes sont impatientes de partir.
Le Caire le 24 août 2021
L'hymne National du Soudan retentit dans le stade. Hala, Rawan et leurs camarades, les yeux embués, chantent à pleine voix en se tenant la main.
A cet instant toutes pensent au chemin qu'elles ont parcouru ensemble. Elles en ont fières.
Elles se disent que leur participation à ce premier tournoi de foot féminin arabe constitue déjà, à elle seule, une victoire.
* Abaya : longue robe noire couvrant le corps du cou aux chevilles
** Toub : tissu couvrant les cheveux
*** Charia : loi islamique depuis 1983