DIMANCHE
Bleu strié de vert,
Un chien,
Faisant tintinnabuler ses boucles d'oreilles-flacons de parfum,
Dévale l'avenue sur ses pattes arrière,
Pensif il médite sur la proposition de
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Confiné dans son labo, cerné de tubes à essai, d'éprouvettes et d'appareils tous plus étranges les uns que les autres Pierre se concentrait sur ses recherches, il tentait de comprendre comment fonctionnait ce virus au comportement atypique.
Depuis plusieurs mois ce dernier faisait trembler l'humanité entière. Les morts se comptaient déjà par millions et la pandémie continuait ses ravages, il semblait toutefois que depuis quelques jours des statistiques, plus où moins fiables, laissaient augurer d'un léger tassement dans sa progression : les décès quotidiens se faisaient légèrement moins nombreux ; de l'avis général ce bilan limité n'était que la conséquence du confinement très strict mis en place à l'échelon planétaire. L'humanité était en panne et cela ne pouvait s'éterniser : il devenait indispensable de rétablir une circulation minimale des hommes et des marchandises sinon le bilan humain catastrophique de la pandémie serait supplanté par celui de la famine.
Pour expliquer cette contagion tout avait été envisagé même le transport de l'agent pathogène par les animaux mais toutes les analyses, tous les tests, toutes les expérimentations avaient confirmé l'inanité de cette hypothèse : les sujets mis en situation se portaient à merveille et aucun d'entre eux ne s'était révélé porteur du fameux virus.
* * *
Deux semaines d'un confinement supplémentaire, encore plus contraignant, avaient confirmé la lente amélioration de la situation mais ce jour là la progression de l'hécatombe reprit avec une recrudescence fulgurante qui déjouait tous les pronostics et toutes les analyses. Les chercheurs désespérés ne dormaient plus ce qui n'améliorait aucunement leurs facultés intellectuelles, ils en étaient arrivés, chose impensable quelques semaines auparavant, à douter de leurs méthodes de travail et même de leurs capacités à réfléchir, et voyaient venir le jour où la race humaine serait réduite à la portion congrue avant peut être de s'éteindre définitivement.
* * *
Pourtant certains journalistes revenus de contrées perdues et éloignées de toute civilisation, rapportaient que des peuplades primitives étaient épargnées par cette recrudescence du fléau.
Voulant vérifier une idée qui lui était subitement venue Pierre installa dans plusieurs bâtiments convenablement isolés tout un système expérimental et son équipe lança son expérience qu'il considérait déjà comme celle de la dernière chance. Une semaine plus tard il publiait le résultat de ce travail : il était absolument indispensable de bannir momentanément, et ce jusqu'à ce qu'une parade soit trouvée, l'usage du téléphone car le virus, contrecarré par le confinement et stimulé par ses velléités d'expansion, réussissait à s'immiscer dans les conversations téléphoniques et se répandait par le biais de celles-ci.
Et que dire alors des autres voix ! radiophoniques , musicales , théâtrales ....la voix ! !