- Excusez moi, c'est bien ici pour les retours-arrières ?
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Atcha ! Je crois bien que j'ai attrapé un rhume...
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- Atcha !
Le vent soufflait fort dans la tignasse en ananas d'Orlaf le Barbare. De sa main gauche pendait sa hache creusant ainsi dans la neige une rigole zigzagante où se réfugiaient musaraignes bleus, moineaux d'hiver et souriceaux des glaces pris par surprise par la bise hivernale et qui feront le festin des rapaces du coin des la fin de la tempête.
Voila cinq jours qu'Orlaf marchait, en quête de Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, la seule capable de terrasser Yrzur, le dragon écarlate au feu destructeur ravageant le pays de Worzar depuis maintenant deux décennies. Worzar, le pays d'Orlaf, frère d'Inif la Costaude, fils d'Oramaf le Furieux, petit fils d'Orminalf l'Immonde.
Le jeune mais puissant Orlaf n avait pas encore de surnom et rêvait déjà de ceux qu'il recevrait le jour où il terrasserait Yrzur. Orlaf l'Impie, Orlaf le Transperceur. Ainsi il deviendrait un Homme aux yeux de son peuple.
- Atcha ! J quois ben qu j ai adrabé un brhume.
Essuyant le liquide visqueux de son nez d'un revers de bras, Orlaf perdit soudain l'équilibre, une violente bourrasque un peu cabotine ayant justement choisi ce moment pour le soulever courageusement et le faire s'envoler sur plusieurs mètres avant que la Gravite épuisée ne parvienne à ramener son poids musculeux la tête la première dans la neige.
Sortant de son igloo inattendu après quelques minutes de somnolence, la tête d'Orlaf réapparut. Face à elle se dressait un large bloc de pierre noire ; et sur ce bloc une hache d un bleu étincelant ; et tenant cette hache la patte poilue d'un monstre gigantesque mi-ours mi-pingouin ; et sur le visage de ce monstre un grand et vicieux bec souriant.
- Oh toi Barbare qui comme tant d'autres avant toi essaies de t'emparer de Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, la seule capable de terrasser Yrzur, le dragon écarlate au feu destructeur ravageant le pays de Worzar depuis maintenant deux décennies. Worzar.....
- Oui, oui, je saib deja toub ca, coupa Orlaf frigorifié, les yeux figés sur l'objet de sa quête. Dis-boi ce que je bois faire pour l'aboir, que je puisse bite rendrer au chaud...
- Oh toi Barbare qui oses me couper la parole, moi Memiskai, cinquième gardien de la Hache de Glace, fils de Miskai, quatrième gardien de la Hache de Glace, petit fils de...
- Oui, oui, enchandé Memisgai, moi d'est Orlaf, et j'ai vraibent drès froib... Beux tu baire la bersion gourte bar bitié ?
- Oh toi Barbare qui oses me couper la parole une deuxième fois. Moi Memiskai, cinquième gardien de la Hache de Glace, je ne te poserai même pas l énigme super-hyper-méga-giga dure, si difficile que tous sont morts de froid avant de la résoudre. Car je vois bien que tu n'es pas la hauteur de cette tâche divine, oh toi faible Barbare qui...
- Slash !
D un coup de hache rapide et bien ajusté, signe de nombreuses années de pratique bûcheronne dans la Forêt Sombre d'Orildein, Orlaf stoppa net la longue explication, si longue que l'immobilité imposée par l'attente commençait déjà à l'engourdir physiquement, voire même cérébralement bien que l'existence d'une probabilité non nulle d'un engourdissement d'aussi peu de masse neuronale remît en cause le second principe de la thermodynamique. Orlaf put ainsi sauvegarder son activité cérébrale normale, ou du moins aussi normale que peut l'être l'activité cérébrale de tout Barbare ayant reçu des dizaines coups de gourdin quotidiens sur la tête pour durcir l'épaisseur de sa boite crânienne.
Maintenu par la rigidité cadavérique accentuée par congélation mortuaire anticipée, le corps de Memiskai se maintenait debout devant Orlaf. Une incision chirurgicale de plusieurs centimètres d'épaisseur descendait diagonalement de l'omoplate gauche jusqu'à la cuisse droite, non sans rappeler la banderole de Miss Worzar. Elle séparait la partie ours et la partie pingouin de Memiskai à la manière brutale et inflexible d'une autoroute tracée en plein nature. S'approchant du corps, Orlaf en arracha quelques dents, poils et lambeaux de peau teintés de sang comme preuve de son combat, ce qui lui vaudra sans aucun doute un repas gratuit à la Taverne d'Olga la Pilonnée dès inscription au registre officiel des victoires barbares.
La main de Memiskai lâchant prise sous l'effet d'une nouvelle bourrasque, Grelotte, la Hache de Glace Millénaire tomba sur le bloc de pierre noire en un violent fracas étrangement silencieux, tant le bruit assourdissant de la tempête prenait le dessus sur cet événement somme toute bien dérisoire face aux forces herculéennes de la Nature.
Orlaf saisit la Hache, et sentit déjà ses doigts se congeler au contact de l'arme, créant soudainement une pensée aux tréfonds de l'esprit d'Orlaf : une Hache de Glace ne serait pas une arme facile à manier. Cependant, cette pensée rationnelle fut vite engloutie par le tout-puissant instinct primaire selon lequel tout Barbare doit savoir se débrouiller en toutes circonstances sous peine d'être la risée de la profession. Ôtant du cadavre de Memiskai un peu de sa fourrure d'ours, Orlaf en déchira puis noua une épaisseur satisfaisante autour du manche, se saisit de Grelotte, fit demi-tour et repartit de son pas régulier le long de la rigole en direction de son canot. De sa main gauche pendait à présent Grelotte, sa nouvelle hache, la lame plongée dans la neige, toute Hache de Glace Millénaire qu'elle était.
Cinq jours de marche, une semaine de bateau et un combat de dragon plus tard, Orlaf devint l'un des plus grands guerriers de l'Histoire de Worzar dont les aventures sont encore contées de nos jours aux petits barbares, afin de leur enseigner le danger des phrases étourdissantes et l'importance des décisions tranchées. Malheureusement pour Orlaf, son rhume ne le quitta jamais, car son statut de héros l'obligeait à garder chaque jour de sa vie Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, collée à son dos. Or Sa température avait encore baissé, comme par vengeance des cinq jours passés à trainer dans la neige. Ainsi, malgré plusieurs épaisseurs de vêtements, les dents d'Orlaf claquaient à longueur de journée, ses genoux s'entrechoquaient sans cesse, tandis que ses bras s'activaient sans interruption à tenter de réchauffer chaque parcelle de son corps secoué d'éternuements incessants. Ainsi obtint-il son surnom oh combien célèbre et ridicule d'Orlaf le Tintamarre Grelottant, surnom reconnu de tous comme la plus grande humiliation de sa lignée. Son honneur resta souillé plusieurs années jusqu'au jour providentiel de la Bataille Eclair du Mont Frigz où il fit preuve d'un nouvel acte héroïque nécessitant de modifier le registre des surnoms officiels des Héros Barbares afin de le renommer Orlaf, le Déclencheur d'Avalanches, à titre posthume. Il est dit que, fidèle à sa réputation, l'intégralité de son geste héroïque fut contenue dans l'efficacité d'un seul et puissant cri de guerre :
-Atcha !
Le vent soufflait fort dans la tignasse en ananas d'Orlaf le Barbare. De sa main gauche pendait sa hache creusant ainsi dans la neige une rigole zigzagante où se réfugiaient musaraignes bleus, moineaux d'hiver et souriceaux des glaces pris par surprise par la bise hivernale et qui feront le festin des rapaces du coin des la fin de la tempête.
Voila cinq jours qu'Orlaf marchait, en quête de Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, la seule capable de terrasser Yrzur, le dragon écarlate au feu destructeur ravageant le pays de Worzar depuis maintenant deux décennies. Worzar, le pays d'Orlaf, frère d'Inif la Costaude, fils d'Oramaf le Furieux, petit fils d'Orminalf l'Immonde.
Le jeune mais puissant Orlaf n avait pas encore de surnom et rêvait déjà de ceux qu'il recevrait le jour où il terrasserait Yrzur. Orlaf l'Impie, Orlaf le Transperceur. Ainsi il deviendrait un Homme aux yeux de son peuple.
- Atcha ! J quois ben qu j ai adrabé un brhume.
Essuyant le liquide visqueux de son nez d'un revers de bras, Orlaf perdit soudain l'équilibre, une violente bourrasque un peu cabotine ayant justement choisi ce moment pour le soulever courageusement et le faire s'envoler sur plusieurs mètres avant que la Gravite épuisée ne parvienne à ramener son poids musculeux la tête la première dans la neige.
Sortant de son igloo inattendu après quelques minutes de somnolence, la tête d'Orlaf réapparut. Face à elle se dressait un large bloc de pierre noire ; et sur ce bloc une hache d un bleu étincelant ; et tenant cette hache la patte poilue d'un monstre gigantesque mi-ours mi-pingouin ; et sur le visage de ce monstre un grand et vicieux bec souriant.
- Oh toi Barbare qui comme tant d'autres avant toi essaies de t'emparer de Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, la seule capable de terrasser Yrzur, le dragon écarlate au feu destructeur ravageant le pays de Worzar depuis maintenant deux décennies. Worzar.....
- Oui, oui, je saib deja toub ca, coupa Orlaf frigorifié, les yeux figés sur l'objet de sa quête. Dis-boi ce que je bois faire pour l'aboir, que je puisse bite rendrer au chaud...
- Oh toi Barbare qui oses me couper la parole, moi Memiskai, cinquième gardien de la Hache de Glace, fils de Miskai, quatrième gardien de la Hache de Glace, petit fils de...
- Oui, oui, enchandé Memisgai, moi d'est Orlaf, et j'ai vraibent drès froib... Beux tu baire la bersion gourte bar bitié ?
- Oh toi Barbare qui oses me couper la parole une deuxième fois. Moi Memiskai, cinquième gardien de la Hache de Glace, je ne te poserai même pas l énigme super-hyper-méga-giga dure, si difficile que tous sont morts de froid avant de la résoudre. Car je vois bien que tu n'es pas la hauteur de cette tâche divine, oh toi faible Barbare qui...
- Slash !
D un coup de hache rapide et bien ajusté, signe de nombreuses années de pratique bûcheronne dans la Forêt Sombre d'Orildein, Orlaf stoppa net la longue explication, si longue que l'immobilité imposée par l'attente commençait déjà à l'engourdir physiquement, voire même cérébralement bien que l'existence d'une probabilité non nulle d'un engourdissement d'aussi peu de masse neuronale remît en cause le second principe de la thermodynamique. Orlaf put ainsi sauvegarder son activité cérébrale normale, ou du moins aussi normale que peut l'être l'activité cérébrale de tout Barbare ayant reçu des dizaines coups de gourdin quotidiens sur la tête pour durcir l'épaisseur de sa boite crânienne.
Maintenu par la rigidité cadavérique accentuée par congélation mortuaire anticipée, le corps de Memiskai se maintenait debout devant Orlaf. Une incision chirurgicale de plusieurs centimètres d'épaisseur descendait diagonalement de l'omoplate gauche jusqu'à la cuisse droite, non sans rappeler la banderole de Miss Worzar. Elle séparait la partie ours et la partie pingouin de Memiskai à la manière brutale et inflexible d'une autoroute tracée en plein nature. S'approchant du corps, Orlaf en arracha quelques dents, poils et lambeaux de peau teintés de sang comme preuve de son combat, ce qui lui vaudra sans aucun doute un repas gratuit à la Taverne d'Olga la Pilonnée dès inscription au registre officiel des victoires barbares.
La main de Memiskai lâchant prise sous l'effet d'une nouvelle bourrasque, Grelotte, la Hache de Glace Millénaire tomba sur le bloc de pierre noire en un violent fracas étrangement silencieux, tant le bruit assourdissant de la tempête prenait le dessus sur cet événement somme toute bien dérisoire face aux forces herculéennes de la Nature.
Orlaf saisit la Hache, et sentit déjà ses doigts se congeler au contact de l'arme, créant soudainement une pensée aux tréfonds de l'esprit d'Orlaf : une Hache de Glace ne serait pas une arme facile à manier. Cependant, cette pensée rationnelle fut vite engloutie par le tout-puissant instinct primaire selon lequel tout Barbare doit savoir se débrouiller en toutes circonstances sous peine d'être la risée de la profession. Ôtant du cadavre de Memiskai un peu de sa fourrure d'ours, Orlaf en déchira puis noua une épaisseur satisfaisante autour du manche, se saisit de Grelotte, fit demi-tour et repartit de son pas régulier le long de la rigole en direction de son canot. De sa main gauche pendait à présent Grelotte, sa nouvelle hache, la lame plongée dans la neige, toute Hache de Glace Millénaire qu'elle était.
Cinq jours de marche, une semaine de bateau et un combat de dragon plus tard, Orlaf devint l'un des plus grands guerriers de l'Histoire de Worzar dont les aventures sont encore contées de nos jours aux petits barbares, afin de leur enseigner le danger des phrases étourdissantes et l'importance des décisions tranchées. Malheureusement pour Orlaf, son rhume ne le quitta jamais, car son statut de héros l'obligeait à garder chaque jour de sa vie Grelotte, la Hache de Glace Millénaire, collée à son dos. Or Sa température avait encore baissé, comme par vengeance des cinq jours passés à trainer dans la neige. Ainsi, malgré plusieurs épaisseurs de vêtements, les dents d'Orlaf claquaient à longueur de journée, ses genoux s'entrechoquaient sans cesse, tandis que ses bras s'activaient sans interruption à tenter de réchauffer chaque parcelle de son corps secoué d'éternuements incessants. Ainsi obtint-il son surnom oh combien célèbre et ridicule d'Orlaf le Tintamarre Grelottant, surnom reconnu de tous comme la plus grande humiliation de sa lignée. Son honneur resta souillé plusieurs années jusqu'au jour providentiel de la Bataille Eclair du Mont Frigz où il fit preuve d'un nouvel acte héroïque nécessitant de modifier le registre des surnoms officiels des Héros Barbares afin de le renommer Orlaf, le Déclencheur d'Avalanches, à titre posthume. Il est dit que, fidèle à sa réputation, l'intégralité de son geste héroïque fut contenue dans l'efficacité d'un seul et puissant cri de guerre :
-Atcha !