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« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. »

Extrait de PantagruelFrançois Rabelais

Une nouvelle vision du monde

La première moitié du siècle voit les découvertes scientifiques d’abord, avec les débuts de l’imprimerie et de la chirurgie, du monde ensuite, avec les voyages de Colomb, Magellan ou Vasco de Gama. Un nouvel intérêt pour l’Italie s’éveille : elle devient une destination obligée, un pèlerinage de l’artiste et un exemple.

Au vu de ces découvertes exaltantes, l’enseignement universitaire, assuré par la Sorbonne, paraît dégradé, considéré comme trop conformiste et futile, oublieux des œuvres originales auxquelles les nouveaux « humanistes » veulent revenir. Certains érudits mènent alors leurs propres enseignements : les « lettres d’humanité » ou « humanitas », qui désignent en latin la culture de l’esprit et le soin du corps. Ils reviennent sur les chefs d’œuvres de la littérature latine et, parallèlement, dans leur comportement, ils revendiquent politesse et courtoisie : l’humanisme s’impose comme idéal de sagesse et philosophie de la vie.

L’enseignement du grec et du latin, outil indispensable à la compréhension des anciens, est assuré : les premiers humanistes sont des linguistes, mais ils sont vite suivis d’hommes de lettres, comme Erasme, ou de robe, comme Rabelais.

Parallèlement, Ronsard, Du Bellay et leurs compagnons poètes d’étude forment la Pléiade, et conseillent de rester ancrés dans la langue française, qu’ils enrichissent, tant au niveau du vocabulaire que du style. Cela n’empêche pas d’admirer les anciens, mais désormais on les considère plutôt comme des maîtres que comme des modèles.

Le rôle du roi

François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci Jean-Auguste-Dominique Ingres

En ces temps où la monarchie est puissante, glorieuse et respectée, François Ier se fait le protecteur des humanistes ; il fonde pour eux le Collège des lecteurs royaux, aujourd’hui Collège de France, et leur ouvre sa bibliothèque qu’il enrichit pour eux.

Il attire aussi des artistes italiens en France, en particulier Léonard De Vinci, et permet l’invention et le développement en France du style Renaissance qui succède au style gothique, en combinant architecture italienne et monument antique. Les constructions du « nouveau Louvre » et des Tuileries sont entamées.

La crise religieuse

Mais un bruit scandaleux parvient en France : un moine allemand, Luther, proteste contre le trafic des indulgences et réclame le retour à une Eglise catholique stricte ; il souhaite la réformer. Rapidement il est condamné par Rome et par l’Empire, mais en Allemagne comme en Angleterre, l’Etat se sépare de l’Eglise.

En France, le mouvement évangélique revendique un retour à l’Ecriture Sainte ; il est suivi par la plupart des humanistes qui préconisent une réflexion critique : en 1516, les Estienne publient le texte du Nouveau Testament grec établi par Erasme. En 1530, la Bible est traduite en français pour assurer un accès plus facile aux Ecritures et leur diffusion plus large. Cependant François Ier réagit brutalement à l’affichage de placards contre la messe : de nombreux luthériens sont brûlés. Les humanistes doivent choisir entre l’orthodoxie et une foi nouvelle qui s’inspire de Calvin.

Celui-ci proclame une austérité extrême qui donne lieu à une crise morale. L’unité du christianisme est rompue. C’est avec l’effondrement de l’autorité royale sous François II que la situation dégénère : la question religieuse n’est presque plus qu’un prétexte à l’expression des passions humaines et politiques. De 1562 à 1593, huit guerres religieuses font rage, sombre période qui est marquée par le massacre de la saint Barthélémy, le 24 août 1572. Ce déchaînement de violences s’apaise lorsqu’Henri IV proclame l’édit de Nantes en 1598, procurant des droits de culte, civils et politiques aux protestants.

Les répercussions littéraires

Cette déferlante de violence et de cruauté donne jour à des chefs-d’œuvre de Ronsard ou encore de Théodore Agrippa d’Aubigné, son disciple, mais la littérature risque de basculer dans la propagande. Ainsi, ce qui était voué à la libération de l’homme asservirait son esprit. Heureusement, Montaigne, humaniste confirmé, avertit de ce danger et y remédie en soumettant l’expression à la pensée : ses écrits relèvent donc d’une enquête sur lui-même et en tant que représentant de la race humaine, d’une prise de connaissance nouvelle de l’être humain.