« Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse »
Contexte historique
Le XIXème siècle est probablement celui qui a vu passer en France le plus de régimes politiques : sans compter les Cent jours, se sont succédés Consulat, Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Seconde République, Second Empire et Troisième République.
Si la France est au sommet de sa gloire militaire sous Napoléon Ier, elle est envahie en 1814, 1815 et 1870-1871. Elle gagne la Savoie et le Comté de Nice en 1860 mais perd l’Alsace Lorraine onze ans après. Le pays est donc dans une instabilité politique et identitaire qui s’exprime chez ses auteurs.
Cependant à l’échelle internationale, la France est le pays de la Révolution, donc la patrie de la liberté. Les révolutions de 1830 et 1848 auront très rapidement des conséquences dans les grandes capitales européennes.

Les poires, caricature du roi Louis-Philippe Ier, par Honoré Daumier
Des artistes engagés
Un mouvement démocratique soulève la France dès le début du siècle, mouvement en partie initié et accompagné par la littérature. De nombreux artistes sont engagés : c’est l’exemple de Victor Hugo, député ; de Vigny, candidat aux élections de 1848 ; ou encore de Lamartine, chef du gouvernement provisoire la même année.
Si au milieu du siècle cet engagement s’affaiblit, Hugo, même en exil, ne s’essoufflera pas, sabrant Napoléon III dans ses Châtiments !
Quant à Zola, il est encore aujourd’hui connu pour son intervention dans l’affaire Dreyfus à travers son fameux « J’accuse » !
Mais on oublie bien trop souvent que si l’article est bel et bien de Zola, le titre « J’accuse » a été écrit par l’éditorialiste, à l’époque Georges Clémenceau ! Eh oui !

L'évolution des idées politiques
Sous la Restauration, le parti libéral séduit de plus en plus. Il préconise l’individualisme, c’est-à-dire l’augmentation des libertés personnelles et l’égalité des droits civils, l’Etat ne devant être qu’un arbitre. Plusieurs écrivains penchent même pour le rétablissement de la République. Le romantisme, notamment à travers la personne de Chateaubriand, prend à partir des années 1830, un sens libéral.
Sous la monarchie de Juillet, la misère du prolétariat ouvrier soulève la question sociale. A présent, on ne se contente plus de réclamer la liberté, l’injustice sociale est combattue au nom de l’égalité. Les Républicains sont divisés : certains veulent conserver la propriété individuelle comme Lamartine, d’autres prônent des réformes radicales, comme en France avec Proudhon qui affirme : « La propriété, c’est le vol ».
Le socialisme prend une envergure internationale notamment grâce à Karl Marx qui fonde sa critique du système capitaliste sur une philosophie : le matérialisme historique. En effet le marxisme annonce que l’histoire, caractérisée par la lutte des classes, a une fin, qui passe nécessairement par le soulèvement de la classe ouvrière.
La société en progrès
La science est à l’honneur : son prestige est couronné par des personnalités telles que Pasteur, mondialement connu, ou Pierre et Marie Curie.
De grandes hypothèses, comme l’évolutionnisme, bouleversent les idées traditionnelles sur les espèces animales ou même sur l’homme lui-même.
Les sciences humaines vont avoir de fortes répercussions chez Balzac, ou Flaubert, pour qui le roman est scientifique, ou encore chez Zola, initiateur du naturalisme, chez qui le roman est une expérience.

Les machines à vapeurs sur les chemins de fer ou dans la marine impose un fort développement de l’industrie. Cependant, cette « civilisation » est rejetée par les parnassiens, dont le chef de file est Théophile Gautier. Pour eux, en effet, l’utile et le beau sont incompatibles. Adeptes de l’art pour l’art, ils considèrent que l’art n’a d’autre utilité et d’autre visée que la beauté.