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« Il faut être absolument moderne. »

Rimbaud

La genèse

Le symbolisme naît en réaction au naturalisme, qui selon lui tombe dans le documentaire ou le reportage, et au mouvement du Parnasse, dont la poésie est froide comme le marbre. Baudelaire en est le précurseur admiré et reconnu : il parvient à surpasser l’opposition entre le réalisme, qui accordait toute son attention aux objets matériels, et l’idéalisme, qui affirme la supériorité des formes abstraites et de la représentation mentale sur la matière, à travers la notion de correspondances. Celles-ci font le lien entre le monde des sensations et le monde des idées.

Jean Moréas par Paul Gauguin

Mais la naissance du symbolisme est datée de 1886, lors de la parution du Manifeste du Symbolisme de Jean Moréas.

Il explicite : « La poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l’Idée, demeurerait sujette. »

Vous l’aurez compris, il faut faire preuve d’une belle concentration pour comprendre le symbolisme. Allez-y, vous pouvez relire depuis le début pour mieux saisir l’idée !

Les caractéristiques

Les symbolistes s’inclinent devant le mystère universel qui ne peut être que sacré : la notion de religion est prépondérante et l’on retrouve souvent des allusions à la mythologie.

Pour mieux plonger dans ce monde supérieur correspondant avec le monde sensible, il joue du subconscient et du rêve.
Ainsi par descriptions de « paysages intérieurs », les poètes symbolistes traduisent leurs impressions, ils utilisent aussi le symbole (oui oui !), la métaphore et l’allégorie. Au lieu de nommer un objet, ils tenteront plutôt de rendre compte de l’impression que nous donnerait sa présence ou son absence.

Tableau de Klimt, peintre précurseur de l'Art Nouveau ayant participé au symbolisme

Baudelaire, le précurseur

Baudelaire n’est pas qu’un précurseur, c’est le « Maître » chez Mallarmé : pour Rimbaud, il est « le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » Rien que ça. Sa poésie a une dimension musicale et même incantatoire puisqu’elle appelle des notions impalpables. Attirant les foudres de la société par son tempérament scandaleux, il dut ôter des Fleurs du Mal certains vers jugés trop suggestifs comme ceux dans « Le Léthé » : « Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants/Dans l’épaisseur de ta crinière lourde ; /Dans tes jupons remplis de ton parfum. » Nous n’oseroons même pas citer ceux d’« À celle qui est trop gaie »…

Rimbaud et Verlaine, au coeur du symbolisme

Chez Rimbaud, le poète est un Voyant, on retrouve le rôle mystique du poète qui communique avec un autre monde. Il s’exclame « Je est un autre. » En réalité, il veut dire que l’œuvre n’appartient pas à l’auteur, elle se libère. Elle ne s’accomplit que par la lecture qu’en fait chaque lecteur et la réflexion qu’il y apporte. « Je » est à la fois poète et lecteur, comme il le dit plus loin : «J’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute.» Il mènera une relation amoureuse tumultueuse avec Verlaine qui se finira mal : Verlaine, saoul à l’absinthe, lui tirera dessus et le blessera au poignet.

Verlaine pour sa part, est vu comme le chef de file des symbolistes mais ne s’en est jamais réclamé ; mourant dans l’échec physique et social, il entretetient le mythe du poète maudit. Aussi, considère-t-on aussi Mallarmé comme le chef de file du courant symboliste.

Mallarmé, vers l'hermétisme

Mallarmé a une vision particulièrement mystique de la poésie. N’est digne de lire et de comprendre sa poésie qu’un initié, un privilégié. Essayez de vous attaquer au « Sonnet en X » ! Quelques indications : le poème est construit sur un jeu de miroir de sonorités et de significations et le « ptyx » est un mot qu’il a lui-même inventé. C'est un hapax c'est-à-dire un raccourci direct d'un mot grec. Ce mot grec signifie "pli" mais un pli particulier, le pli d'un organe, d'un coquillage... Pour nous, le ptyx est un coquillage creux ! Bon courage !

Mallarmé tombe ainsi dans l’hermétisme, restreignant le plus possible le sens au lecteur, à moins qu’il n’ait à son tour une belle imagination poétique. C’est le cas des lecteurs de Short Édition !