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« Le surréalisme est la surprise magique de trouver un lion dans un placard, là où on était sûr de trouver des chemises. »

Lettres 1922-1954 Frida Kahlo

La genèse

L’explosion surréaliste advient au XXème siècle, en 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale et à la mort d’Apollinaire, considéré comme le précurseur du mouvement.

Le surréalisme remet en question la matière, le langage et la signification de l’Art (ça fait beaucoup de questions). On retrouve l’influence du symbolisme lorsqu’Apollinaire dit vouloir donner « un nom nouveau » aux choses.

Il est issu du dadaïsme principalement représenté par Tristan Tzara. Le dadaïsme propose une révolte pure et totale, une entreprise anarchique dont le principe est de dire : détruisons tout et voyons ce qu’il reste (un peu comme les 7-1 du quart de finale Brésil-Allemagne de la coupe du monde 2014).

Ce qui résiste est la vraie réalité !

Hugo Ball au Cabaret Voltaire

Le groupe surréaliste

Pendant la Grande Guerre, un jeune étudiant en médecine mobilisé à 1915 à 19 ans s’initie aux travaux de Freud et admire Baudelaire et Mallarmé. Il voit les possibilités offertes par une exploration de l’inconscient. Ce jeune homme est André Breton qui voudra pratiquer l’art comme une technique d’exploration de tous les « ailleurs ».

Breton s’associe en 1919 à Aragon et Soupault et sort la revue « Littérature », mais bientôt, voulant dépasser la négation dadaïste, le groupe surréaliste affirme son unité d’orientation dans le Manifeste du surréalisme (1924). La revue devient « La Révolution surréaliste », le groupe rassemble Breton, Aragon, Soupault, Crevel, Desnos, Eluard, Péret, Ernst et Picabia.

En 1930 un second Manifeste du surréalisme paraît et la revue devient « Le Surréalisme au service de la Révolution » (on n’en peut plus de changements !) Mais le groupe s’effrite pour cause de divergences politiques et certains comme Eluard ou Aragon se rapprochent du communisme alors que Breton s’applique au maintien de l’intégrité surréaliste.

Les techniques surréalistes

Les moyens d’explorer le subconscient sont nombreux : s’abandonner au rêve, à la démence pour un temps, provoquer un état second ou d’euphorie par la prise de drogue. Une méthode qui nous intrigue particulièrement est l’écriture automatique.

Attention, on ne parle pas ici d’écriture spontanée, mais bien d’écriture automatique qui présuppose un dédoublement du moi, dans un état second, proche de l’état hypnotique.

Dans le premier Manifeste du surréalisme, il est dit : « Placez-vous dans l'état le plus passif ou réceptif que vous pourrez... écrivez-vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas vous retenir et ne pas être tenté de vous relire »

De même en peinture, certains peintres s'essayent au surréalisme, et explore des formes et des univers jusqu'alors bridés.

Dali, Miro, Picasso, Chagall, Ernst, Picabia, Matta, Giacometti, Klee, Khalo, Ensor, Brauner et bien d'autres encore dévoilent danq leurs peintures une imagination libre et puissante.

Dessin de Victor Brauner

L'écriture automatique

Voici un extrait des Champs magnétiques, le premier article de la revue «Littérature », et qui a été écrit par écriture automatique :

« Prisonniers des gouttes d'eau, nous ne sommes que des animaux perpétuels. Nous courons dans les villes sans bruits et les affiches enchantées ne nous touchent plus. À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés ? Nous ne savons plus rien que les astres morts ; nous regardons les visages ; et nous soupirons de plaisir. Notre bouche est plus sèche que les plages perdues ; nos yeux tournent sans but, sans espoir. Il n'y a plus que ces cafés où nous nous réunissons pour boire ces boissons fraîches, ces alcools délayés et les tables sont plus poisseuses que ces trottoirs où sont tombées nos ombres mortes de la veille. » ! Alors, ça vous tente ?