ClassiqueClassique

« Quand je danse, je danse.»

Montaigne

La genèse

En contraste avec l’émerveillement que procurent toutes les découvertes du XVIème siècle, l’enseignement universitaire, représenté par la Sorbonne, est jugé trop restrictif et s’attachant plus à l’utilisation de la mémoire qu’au développement de l’intelligence.
Un retour à la culture gréco-latine est préconisé : les « lettres d’humanité » assurent ce type d’enseignement, « humanitas » signifiant « culture » en latin. En réclamant aussi politesse et courtoisie, l’humanisme devient un idéal de sagesse et une philosophie de vie.

Les caractéristiques

L’humanisme est d’abord un hymne à la vie, dans un enthousiasme communicatif. A l’appétit de savoir gargantuesque d’un Rabelais au début du siècle, répond la sagesse mesurée de Montaigne à la fin : « Pour moi donc j’aime la vie », écrit-il, et encore : « Nature est un doux guide ». En effet ce courant est marqué par le naturalisme païen qui affirme que rien n’est sacré en dehors de la nature. Cependant la tendance humaniste est complexe, alliant la foi chrétienne à l’humanisme issu de l’Antiquité gréco-romaine.

Erasme est vu comme un modèle, un précurseur et une incarnation de l’esprit humanisme par ses contemporains et les suivants. Les deux sources de la sagesse sont, pour lui, la littérature antique et la Bible.

L'évolution de la pensée

L’humanisme est marqué d’un immense appétit de savoir et d’un optimisme exaltant. Rabelais, pour se vouer entièrement à ce courant, préconise la libération du corps et de l’esprit des contraintes du Moyen-Age en faisant confiance à la nature. Le « gigantisme » qui lui est cher est symbolique : c’est l’humanité qui est géante, au sens où son progrès est illimité.

La seconde génération de poètes se réclame des auteurs italiens et des maîtres de l’Antiquité. C’est l’esprit de la Pléiade représenté par Ronsard et du Bellay. Le poète possède une mission quasi-divine et parle le langage poétique, qui n’est pas celui du peuple et, par sa musique, il enchante l’oreille.

Le dernier tiers du siècle voit l’optimisme de Rabelais et l’art de la Pléiade remis en question. La poésie tend vers le baroque qui confond réalisme cru et maniérisme. Cependant Montaigne représente fidèlement un humanisme plus sobre, voire plus sombre.

L'humanisme de Montaigne

Grâce à un retour sur soi-même, une introspection raisonnée, Montaigne apprend à connaître l’Homme. En effet si Pascal dira : « Le sot projet qu’il a de se peindre », Voltaire rétorquera plus tard : « Le charmant projet que Montaigne a eu de se peindre naïvement, comme il a fait. Car il a peint la nature humaine. »

En effet dans ses Essais, Montaigne s’essaie réellement à l’exercice de l’écriture et guidé par sa seule spontanéité, au fil des digressions et surtout de ses lectures, ou, comme il le dit, « à sauts et à gambades », il couche sur le papier des réflexions qui peuvent sembler décousues au premier venu mais qui forment un tout précieux, une analyse subtile des sentiments humains, un ressenti réfléchi de l’amitié comme de la mort, et un chemin vers la philosophie et la sagesse.