ClassiqueClassique

« Je vis de bonne soupe, et non de beau langage. »

Molière

La genèse

Le terme « classique » est pour la première fois utilisé par Stendhal au XIXème siècle pour désigner les œuvres du XVIIème qui s’inspirent de l’art antique. Le classicisme est un humanisme qui s’applique à l’analyse et à la peinture de l’homme en se référant à l’enseignement des anciens, mais il a des valeurs propres et strictes : la discipline, l’ordre et la régularité.

L’auteur classique est discipliné car il doit se plier à des règles et à la bienséance. Tout d’abord il doit faire preuve de lucidité et d’analyse : le déraisonnable est soumis à la raison, les passions contrôlables par la volonté.

Les règles du théâtre classique

C’est dans le genre théâtral que la régularité et la discipline s’expriment le plus, le roman étant un genre mineur à l’époque : une tragédie classique est toujours en cinq actes, une comédie peut-être en trois ou cinq actes. La règle des trois unités doit être respectée : unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Elle est définie par Boileau dans son Art Poétique : « Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».

La bienséance doit aussi être assurée : « Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’impose/Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose/Mais il est des objets que l’art judicieux/Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. » Ainsi, ni mort, ni combat, ni sang ne seront jamais représentés dans le théâtre classique.

Don Juan de Molière au festival international de Théâtre classique d'Almagro

La place de l'auteur classique

Enfin pour ce qui est de l’ordre, le classicisme équivaut à une harmonie à plusieurs niveaux. C’est l’harmonie de l’auteur avec son milieu, à l’inverse des romantiques du XIXème qui se sentiront ou surhomme ou paria, l’harmonie de la grandeur de l’art avec la grandeur de la royauté, l’harmonie de la pensée et de l’expression, en somme du fond et de la forme.

L’Académie française créée par Richelieu en 1635 est un symbole de cet effort fourni pour donner une dignité et une consécration officielle à l’art littéraire.


La littérature classique est une littérature sociale. L’écrivain classique est un honnête homme qui écrit pour les honnêtes gens. L’idéal de l’honnête homme s’instaure : qu’il soit bourgeois, grand seigneur ou roturier, il est noble de cœur, et, en tant qu’homme de cour (bien sûr, pas au sens de La Fontaine), il assure une élégance extérieure et morale. C’est l’exemple de Racine, de Bossuet, de Boileau.

Le but du théâtre classique

Le principe de la vraisemblance complète les loisci-dessus, car il ne s’agit pas de représenter le vrai, car, pour citer une troisième fois Boileau : «Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable/Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable/Une merveille absurde est pour moi sans appât ; / L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. »

En effet un des buts du théâtre classique est bien d’émouvoir le lecteur : il veut réformer le public par la représentation vraisemblable de passions qu’il connaît, lui inspirer pitié, effroi et admiration. Ainsi s’effectue l’épuration des passions du spectateur : c’est la catharsis. Le classicisme a donc une dimension morale.