Il m’avait dit de me mettre dans un coin. Dans le noir. Nicolaï dans les bras. Et de scruter le ciel dans la nuit étoilée. Il m’avait dit : « Regarde bien. Tu verras un avion et ses... [+]
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Il est une forêt profonde dans le massif de Belledonne où un louveteau apeuré, frigorifié, craintif et affamé, traînant son âme en peine aux alentours de sa tanière, appelle désespérément sa mère.
Il flaire, cherche, et parcourt les traces qu’elle a laissées, encore visibles, dans la neige, et qui s’arrêtent juste à la lisière de la forêt. Là, une odeur forte, des tâches, un piétinement étranger s’entremêlent. Le jeune loup, Wolf, mémorise les odeurs, les renifle tout en poussant des petits cris plaintifs. Plus bas s’étend la prairie pentue que l’orphelin solitaire et misérable voudrait explorer, mais un sixième sens le lui interdit ! Il se souvient de toutes les recommandations faites par la louve : fuir à toutes jambes les animaux à deux pattes, ainsi que les quatre pattes qui aboient, et toujours avoir les oreilles dressées, sur le qui-vive… Parfois un mulot ou une souris passe tout près, mais il ne sait pas que c’est un repas qu’il laisse filer ! Il se contente de baies, de racines et d’animaux morts, il devient presque végétarien. Il avance à pas de loup, tout en se dissimulant derrière les rochers, les arbres, les arbustes. Son pelage gris jaunâtre l’aide à passer inaperçu. Il contourne l’endroit où glissent plusieurs deux pattes, où des cages se promènent dans le ciel, où des engins crachent de la neige… Surtout ne pas se faire voir, et descendre sur le replat, qui est, en apparence, un endroit plus calme. Là aussi quelques deux pattes ! Des tout petits jouent à proximité. Mieux vaut ne pas s’en approcher. Il sait que, depuis la nuit des temps, lui et les siens sont des mal-aimés, c’est écrit dans ses gènes ! Les souvenirs anciens attestent des massacres sur sa race.
Comme la solitude lui pèse ! N’y aurait-il pas un seul ami pour lui dans ce vaste monde ?
Quelques trois semaines auparavant, Léonie la poule, désespérée de se voir confisquer ses petits par la fermière, a décidé de partir loin et de ne plus jamais revenir. Sa soudaine liberté lui a donné des ailes, et cheminant, guillerette, parmi les futaies, les haies, les champs et les bois, trouvant mille et une choses à se mettre dans le bec, elle est arrivée, elle aussi, sur ce fameux replat, un lac ! Une réserve naturelle ! Un grand espace avec de l’eau, des mousses qui forment des radeaux, des sphaignes, des fleurs carnivores comme le droséra, des nénuphars… Il y avait tant de choses à découvrir ! Et Ô surprise ! Elle a aperçu, là, Maurice, le coq de « sa » ferme, à qui on avait formellement interdit les cocoricos ! Il avait donc, lui aussi, mis les voiles et ils s’étaient retrouvés pour le meilleur et pour le pire…
Le pire, c’est quand Maurice l’a abandonnée pour s’en aller vers d’autres aventures. Le meilleur, c’est ce nid douillet fait de feuilles et de plumes sous les branches basses d’un sapin, d’où émergent des poussins, après 21 jours d’incubation.
Et Wolf regarde ces petites boules jaune pâle, qui sautillent et gambadent juste sous son nez, il se fige pour ne pas les effrayer.
Quand la mère poule voit la scène, elle s’en étrangle, son sang ne fait qu’un tour, la peur la cloue sur place ! Ses tout petits autour de la gueule du loup ! Que faire ?
Mais à sa grande surprise, Wolf se joint à eux et s’amuse comme au bon vieux temps où, insouciant auprès de sa mère, il coulait des jours heureux. Léonie s’aperçoit alors que c’est un grand bébé et l’adopte.
Elle leur apprend à tous comment se nourrir, chercher des vers ou des insectes, picorer des graines ou des baies sur des arbrisseaux, se méfier des fleurs carnivores, nager, emprunter les caillebotis… Au moindre danger, tous se réfugient sous ses ailes. La vue du jeune loup dissuade les prédateurs.
Et puis, après quelques hésitations, la petite famille le suit et ils remontent tous ensemble dans sa tanière. Un très long périple où ils font plus ample connaissance. Là, Wolf sait que ses amis seront en totale sécurité. Les poussins heureux jouent à cache-cache, qui dans des plumes, qui dans des poils et ils rêvent qu’ils resteront ensemble pour la vie.
Dans la réalité, la fermière a retrouvé les fugitifs et vendu ses beaux poulets au marché de la ville proche. La poule passera au pot avec de bons légumes. Le louveteau sera abattu par les chasseurs.
Mais dans le conte, je contrôle l’épilogue…
Wolf a troqué ses quenottes pour des crocs puissants. Il a perdu ses illusions de vouloir devenir l’ami de tous et il veille sur chacun de ses compagnons.
— Ouaouh chère auteure ! Je lis, je relis, je visualise cette scène. Du délire ! Tu délires ! Ce conte pour un dessin animé passe encore ! Mais dans la réalité, pense aux agneaux dévorés !
— De gigots bien tendres en côtelettes rissolées, cher lecteur, les humains ne sont-ils pas plus goulus que les loups ? Et puis, qui donc tue les fouines, renards, belettes, martres, lapins, ratons laveurs, rats musqués, sangliers, corneilles noires, corbeaux, pigeons ramiers… ne laissant au pauvre loup rien d’autre à se mettre sous la dent, que l’agneau « se désaltérant dans le courant d’une onde pure » ? Souviens-toi aussi de ce poème où les couteaux lui restaient au flan jusqu’à la garde, le clouant au gazon tout baigné dans son sang, ou des brûleurs de loups (non, rien à voir avec les sportifs du hockey sur glace de Grenoble !)… Souviens-toi enfin de ces sages paroles de Maurice Engelhard : « L’homme est plus dangereux pour l’homme que ne l’est le loup, Homo Homini Lupus. »
Et puis (voilà-t’y pas qu’elle se prend pour la Fontaine, l’auteure ?)… Et puis…
Les plus cruels ne sont pas toujours ceux qu’on croit…
C’est l’homme qui s’abreuve de sang à la guerre
Pas le loup, ni l’ours, ni le lion, ni le putois,
C’est l’homme qui, ce jour, assassine la terre…
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C'est très intéressant comme texte.
Tu as mes voix.
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"Les Cieux, la cime et la prairie" te plait
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Bravo et bonne chance pour la suite...
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