Vie Illusoire

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. » J’ai longtemps ri avant de pleurer ; pour moi tout était possible tant que j’appartenais à cette famille qui me servait de repère dans la vie. A cette époque j’avais 13ans je rêvais devenir une avocate très reconnue pour la perfection de son travail. Epanouie et travailleuse, je faisais la fierté de mes parents qui ne cessaient de dire : « Tu es la meilleure réalisation qu’on est faite. » et celle d’une sœur très attentive appelé Arielle. En compagnie de mon meilleur pote Erick, nos journées étaient une routine, allant de l’école à la maison, en passant par la bibliothèque qui se trouvait près de la baraque de ma mère. A l’école, je trainais qu’avec mes camarades garçons et ensemble nous racontâmes l’imagination de notre futur en débutant par, «  quand je serai grand... ». Ce fut des moments extraordinaires qui nous permettaient de nous projeter dans l’avenir malgré l’adolescence qui piaffait dans nos têtes et les hâbleries de certains camarades. Avec mon click, surnommé « intellos », les cahiers, les livres, et les jeux de culture étaient nos seuls compagnons. Loin de nous ses idées de fêtes ou de soirées. Je pensais avoir tout pour une vie paisible tel un nouveau-né dans son sommeil.
Hélas aujourd’hui, à mes 15 ans, rien n’est pareil, je découvris la partie sombre de ma famille qui était pour moi une source d’inspiration. Esprit perturbé, je croyais lire un ouvrage de charade, en espérant une fin joyeuse. Je ne cessais de répéter, « Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux». Je ressentais comme une haine qui corrode mon cœur. J’avais l’impression de me retrouver dans une famille étrangère et mon seul désir était disparaitre et ne plus les revoir ni mes parents ni ma sœur. Ou pourrais-je allé?, si ce n’est chez Erick. Ecœuré, J’arrivai chez ce dernier un lundi soir à 15h. Sur son visage, je pourrai décréter son regard indulgent envers ma personne en me disant : « Qu’est ce qui s’est passé, n’est-ce pas toi qui a la meilleure famille dans ce quartier nommé Catanga ? » . Assise sur son lit en fixant le plafond qui me paraissait blanc comme la neige, abattue par mon vécu actuel, je senti l’envie de me fondre dans ses bras et n’exister qu’à travers lui pensant qu’il saura disparaitre ce mal qui me consume. Pris dans les bras de Morphée, je me réveille tout nu dans les bras d’Erick. J’ignorais vraiment tout ce qui s’était passé durant ces 5heures, mais je ne pouvais conclure qu’au pire qui pourrait arriver à une jeune fille perdue qui ne cherchait que le réconfort d’un meilleur pote. Eh oui c’est réellement ce qui s’était passé. Ma mémoire en retrait ces heures passées à ses côtés, je ne pourrai affirmer que c’était un viol. J’avais juste cette certitude qu’il a profité de moi, même si il soutenait le contraire. Le meilleur de moi il l’avait pris ; je l’appréciais cet homme sans foi. A réfléchir maintenant, il n’est ni fautif ni délictueux. J’étais cet individu de faisan qui ne faisait pas attention à ses furtifs. Ce fut un moment sombre, fuligineux, enténébré de ma vie ; ces trois différents mots qui se résume en un seul sens : l’obscurité.
Parti de chez Erick, je me retrouvai toute seule dans la rue, déprimée, ne sachant ou la marche me mènera et en remémorant l’histoire de ma famille qui me paraissait très étrange car durant ces 15 années passées avec eux, j’étais dans l’ombre de leurs mensonge. Quel était donc ce mensonge ? Face à moi-même, je parlais : « Ma famille est la pire chose qui puisse exister. J’avais cru naitre dans une famille extraordinaire qui prônait certaines valeurs mais hélas c’était tout le contraire. Mon père est un narcotrafiquant ; ma mère et ma sœur faisaient prostituée les jeunes filles de mon âge qui étaient juste à la conquête d’une vie meilleure. » Apprendre tout ceci sur la famille que je prétendais avoir, repenser à ce qui m’arriva chez Erick, m’a anéanti. L’image de ma famille dans ces atrocités ne me quittait pas. Ma vie est devenue une vie de damnée. Je n’ai plus que des souvenirs arrosés de picrate aigre. Je murmurais : « Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. » Durant ces brefs instants, je n’étais plus Suzy, jeune fille ambitieuse, déterminée, prisée d’une intelligence ébouriffante.
Ma marche continuait espérant retrouver un lampadaire qui me servirait de lumière pour avancer ; mais non, je tombai plutôt sur un homme d’un âge mur qui était le portrait de mon père. D’un regard familier, je lui disais mon père même si il n’avait pas son allure ; il était trop fier. Il m’a pris sur ses ailes, me dorlotait, me comblait et jamais il n’avait cherché le touché. En quelques instants, je pensais me reconstruire. Il avait une intelligence fabuleuse et moi toute petite d’esprit je m’envolais. Il avait fini par s’intéresser à mon corps dessiné et moi j’eus très mal au début mais le plaisir est venu après. J’eus qu’un seul regret l’avoir cru. Je le croyais innocent, il s’avérerait n’être qu’un serpent. Il était marié et me proposa de rester amants. Ma fierté s’indigna de nouveau. Je partais et aucun geste il n’eut. Cette fois je suis parti pour ne jamais revenir, je me rends à Hadès.