Vie d'orphelin

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux .En tout cas ceux qui me servaient d’yeux pour ne pas trébucher dans la vie m’ont prématurément quittés. Mon père est mort et sous peu ma mère se remaria à nouveau. Elle me confia en vertu de la tradition à mon oncle travaillant au Canada; époux de deux femmes qui gèrent sa maison au Sénégal. A mes premiers jours, toute la famille s’apitoyait vachement sur mon sort .Cependant au fil des années mon triste sort commença à être banalise à petit feu. En effet toute sorte de discrimination, de maltraitance m’étaient infligées. Je n’étais qu’un petit agneau perdu dans un clan de loups aux cœurs caillouteux. J’ai été abandonné dans une chambre tellement insalubre que rats et insectes m’effrayaient permanemment en pleine nuit. Il y avait des fissures redoutables, nattes et bout de matelas y faisaient office de lit. Chaque matin, toute mère arrange minutieusement l’accoutrement de ses enfants pour l’école. Je me réveillais moi-même et portais d’habits déchiquetés, des sandales maintenues par des fils de fer. Cela n’étant, en dépit de toutes ces conditions exécrables, je tenais toujours le haut du pavé à l’école, j’étais le plus brillant. Mais à chaque fois que j’avais une note supérieure à celle des autres enfants de la maison, leurs mères déferlèrent leur haine sur moi et le diner me sera privé. C’est ainsi que je décidais souvent d’aller quémander des grains d’arachide au marché pour ne pas crever de faim. Un jour, notre école envoya une notification à la maison me désignant comme le représentant de l’école au niveau régional à l’occasion d’un concours international de dictée. Les deux mégères refusèrent de transférer la notification à mon oncle. Elles décidèrent ainsi de m’enfermer dans ma chambre le jour J pour que je n’y participe pas. Elles ont réalisé leur souhait en me séquestrant. Mais une fenêtre mal fermée m’a heureusement servi d’échappatoire. J’y ai finalement participé et j’en suis sorti présélectionné au niveau national. Le concours se poursuivra à Dakar. Elles étaient ébahies par la nouvelle compte tenu de toute leur machination. C’est ainsi qu’elles préparèrent à nouveau des stratagèmes astucieux pour m’anéantir. Fort de ce constat je me devais de contourner à coup sur leur plan nuisible. Ainsi, je rendis visite à un ami de mon défunt père, docteur Ndiaye. Je lui ai parlé de tout ce que j’ai eu à endurer dans la maison de mon oncle. Mais je n’ai pu terminer car il était si exaspéré qu’il décida d’appeler mon oncle sur le champ. Je lui ai demandé une faveur qui consistait à ne rien dévoiler ni à ma mère ni à mon oncle. Car il y va de la stabilité de la famille. Il me l’accorda et je lui fis part de ma stratégie qu’il adouba immédiatement. En effet, une fois à la maison, la première chose que je devais trouver c’est un espion. Car une armée sans espion n’est qu’un homme sans yeux ni oreilles. De ce fait j’ai eu à soudoyer la cadette de la maison qui avait un gout excessif pour les bonbons. Elle se doit de me faire part de tout ce que mijotaient ces deux mégères et chaque information aussi insignifiante qu’elle soit, valait 10f. J’ai beau dépenser mais un jour elle m’a apportée une nouvelle de taille. Elle me fit savoir que ces mégères ont programmé en plus de m’enfermer, de m’enchainer les yeux bandés la veille du concours. Cependant mon stratagème doit avoir application aussi tôt que possible, avant le leur. Je me devais de commettre coûte que coûte une bêtise suscitant une réaction brutale de leur part à mon égard. En effet deux jours avant le concours, alors qu’elles s’apprêtaient à servir le diner, je renversai volontairement la marmite. Soudain, elles se jetèrent sur moi et commencèrent à me flageller à l’aide de tous les enfants. Malgré les coups de fouet ardent reçus, le moment du passage à tabac était le plus décisif de toute ma stratégie. Ainsi à un moment donné du tabassage je commençai à faire des grimaces étranges et par la suite, je fis la mort. Brusquement, ils arrêtèrent, croyant qu’ils m’ont assommés. Ils me versèrent de l’eau mais je suis resté immobile. Submergées par la peur, les deux mégères décidèrent de m’amener furtivement à l’hôpital. Une fois à l’hôpital, je suis immédiatement transféré aux urgences, là où se trouve mon complice, Dr Ndiaye. Après avoir traité mes quelques entailles et égratignures, il sortit parler aux deux mégères de mon état de santé. Sans leur demander ce qui est à l’origine de mon état piteux, il leur fit connaître que je devrais être évacué à Dakar sur le champ au risque de mourir. Elles acceptèrent et implorèrent le docteur de ne rien dire. Le soir, Dr Ndiaye et moi empruntions la route pour Dakar. Je m’entrainer en cours de route avec un ami du Docteur qui était professeur de français. J’ai beaucoup appris de lui dans un trait de temps. Le concours est fait et une semaine plus tard, les résultats sortirent et j’ai remporté le concours au niveau national. Ainsi je deviens le représentant du Sénégal pour la finale qui se tiendra au Canada. Tôt le matin alors que je m’apprêtais à tout raconter à ma mère et mon oncle, ce dernier m’appela. Il était fortement étonné car il a appris la nouvelle à la télé. C’est ainsi que je lui ai raconté toutes les maltraitances que ces femmes m’infligeaient pour m’empêcher d’arriver là où je suis. Il était si colérique qu’il ait failli les répudier. Mais en Afrique un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. De ce fait ma mère s’en voulait énormément du fait de la confiance totale qu’elle accordait à ces mégères. Ces dernières sont mortes de honte et ne valurent plus rien aux yeux du monde. Deux semaines plus tard j’ai rallié le Canada pour la finale. J’y étais chaleureusement accueilli par mon oncle. A sa plus grande surprise, j’ai remporté le concours au niveau international. J’étais adulé par tout le monde et le Sénégal organisa une grande cérémonie pour cet exploit honorable de leur digne fils.
Enfin, j’ai été retenu par mon oncle au Canada pour y continuer mes études en toute sécurité.