Nous étions partis de nuit, pour éviter la cohue sur la route, pour échapper au flot de vacanciers qui se dirigeaient tous dans la même direction, celle des vacances, de la plage et du soleil... [+]
A l’abri de sa tente, Lucas se réveille doucement. Il doit être tôt encore, la lumière ne filtre pas. Il n’a pas envie de se réveiller, de sortir du sommeil, de s’étirer. Il aurait envie d’un café, bien serré, bien corsé. L’envie est si forte que soudain, c’est comme si l’odeur envahissait le dôme de toile. Il grogne, se retourne dans son duvet, enfouit sa tête dessous avec l’espoir d’échapper aux bruits ambiants, témoins qu’une fois de plus, la vie reprenait et suivait son cours, quoi qu’il arrive.
Il avait atterrit ici quelques mois auparavant. A l’époque, il n’imaginait pas que si un Génie lui proposait d’exaucer un seul de ses vœux il demanderait un café. A l’époque, il rêvait d’ouvrir son garage.
Il aimait son boulot, au milieu des voitures toute la journée à écouter leurs ronronnements, les caresser, les ausculter pour mieux les réparer. Il plaisantait souvent en ce temps-là lorsqu’on lui demandait son métier. Il répondait, un sourire en coin, qu’il était médecin automobile. Et c’est vrai qu’il n’avait pas son pareil pour déceler ce qui échappait aux autres. Il était mal payé et son patron était un con, mais ce boulot, c’était sa passion.
Quand il s’était retrouvé sous ce pont, l’ironie de la situation ne lui avait pas échappé : dans cette vie-là aussi il vivait au cœur des vrombissements de moteurs à longueur de temps. Certains trouvaient ça pénible à supporter. Lui ne supportait son sort que grâce à cette musique qui ne parlait qu’à lui.
Aujourd’hui, Lucas évite de trop penser. Au contraire, chaque jour, il s’applique à s’abrutir le plus possible pour oublier qu’il va devoir mendier s’il veut pouvoir se payer un café.
Il se lève finalement et décide d’aller faire un tour place Carnot. Ce n’est pas le lieu le mieux fréquenté de Lyon, avec la gare à côté, qui draine son lot de paumés et de camés, mais parfois, un voyageur pressé ne finit son café à emporter et Lucas se dépêche d’aller ramasser la tasse pour la finir.
En arrivant, il a une bonne surprise : le camion-douche est là, il est revenu ! Non seulement il va pouvoir se laver et changer de vêtements mais en plus il aura droit à un café bien chaud et sucré comme il l’aime. C’est une initiative de la Ville qui bien qu’encore fragile a le mérite d’exister. Ici Lucas et les autres ont l’impression de renfiler leur costume d’Etre Humain. Ils sont traités normalement, sans mépris, sans dégoût, avec sympathie.
La première fois qu’il a vu le camion, il n’a pas pu s’empêcher de sourire. Sur ses flancs, tracé en grosses lettres bleues, le nom V.... Shower s’étale fièrement. C’est comme un clin d’œil du destin ce nom, comme une invitation qui résonne tout particulièrement à ses oreilles.
Il entre, irrésistiblement attiré par l’odeur du café chaud... et ressort 15 mn plus tard, un tournevis et une boîte à outil à la main.
« Salut Lucas, dis donc tu nous as pas dit que t’étais mécano toi avant , » lui avaient demandé les bénévoles quand il les avait salués.
V.... Shower souffrait et personne ne savait quoi faire pour lui. Il allait se retrouver à la décharge si on ne faisait rien pour lui. Lucas ne pouvait pas admettre ça, non. Il ne permettrait pas que ce camion connaisse la même descente aux enfers que lui.
Il sifflote, pour la première fois depuis...quoi ? 11 mois. Il fait le tour de V.... Shower, une main caressant ses flancs, il demande à Pierre, au volant de le démarrer. Il ferme les yeux et écoute intensément.
3 mois plus tard, Lucas n’a plus besoin de mendier pour se payer son café du matin. Il a sauvé le camion-douche. En retour, on lui a proposé du boulot dans l’association. Aujourd’hui il est en passe de réaliser son rêve, celui d’avant : ouvrir son propre garage. Il l’appellera V.... Doctor !
Il avait atterrit ici quelques mois auparavant. A l’époque, il n’imaginait pas que si un Génie lui proposait d’exaucer un seul de ses vœux il demanderait un café. A l’époque, il rêvait d’ouvrir son garage.
Il aimait son boulot, au milieu des voitures toute la journée à écouter leurs ronronnements, les caresser, les ausculter pour mieux les réparer. Il plaisantait souvent en ce temps-là lorsqu’on lui demandait son métier. Il répondait, un sourire en coin, qu’il était médecin automobile. Et c’est vrai qu’il n’avait pas son pareil pour déceler ce qui échappait aux autres. Il était mal payé et son patron était un con, mais ce boulot, c’était sa passion.
Quand il s’était retrouvé sous ce pont, l’ironie de la situation ne lui avait pas échappé : dans cette vie-là aussi il vivait au cœur des vrombissements de moteurs à longueur de temps. Certains trouvaient ça pénible à supporter. Lui ne supportait son sort que grâce à cette musique qui ne parlait qu’à lui.
Aujourd’hui, Lucas évite de trop penser. Au contraire, chaque jour, il s’applique à s’abrutir le plus possible pour oublier qu’il va devoir mendier s’il veut pouvoir se payer un café.
Il se lève finalement et décide d’aller faire un tour place Carnot. Ce n’est pas le lieu le mieux fréquenté de Lyon, avec la gare à côté, qui draine son lot de paumés et de camés, mais parfois, un voyageur pressé ne finit son café à emporter et Lucas se dépêche d’aller ramasser la tasse pour la finir.
En arrivant, il a une bonne surprise : le camion-douche est là, il est revenu ! Non seulement il va pouvoir se laver et changer de vêtements mais en plus il aura droit à un café bien chaud et sucré comme il l’aime. C’est une initiative de la Ville qui bien qu’encore fragile a le mérite d’exister. Ici Lucas et les autres ont l’impression de renfiler leur costume d’Etre Humain. Ils sont traités normalement, sans mépris, sans dégoût, avec sympathie.
La première fois qu’il a vu le camion, il n’a pas pu s’empêcher de sourire. Sur ses flancs, tracé en grosses lettres bleues, le nom V.... Shower s’étale fièrement. C’est comme un clin d’œil du destin ce nom, comme une invitation qui résonne tout particulièrement à ses oreilles.
Il entre, irrésistiblement attiré par l’odeur du café chaud... et ressort 15 mn plus tard, un tournevis et une boîte à outil à la main.
« Salut Lucas, dis donc tu nous as pas dit que t’étais mécano toi avant , » lui avaient demandé les bénévoles quand il les avait salués.
V.... Shower souffrait et personne ne savait quoi faire pour lui. Il allait se retrouver à la décharge si on ne faisait rien pour lui. Lucas ne pouvait pas admettre ça, non. Il ne permettrait pas que ce camion connaisse la même descente aux enfers que lui.
Il sifflote, pour la première fois depuis...quoi ? 11 mois. Il fait le tour de V.... Shower, une main caressant ses flancs, il demande à Pierre, au volant de le démarrer. Il ferme les yeux et écoute intensément.
3 mois plus tard, Lucas n’a plus besoin de mendier pour se payer son café du matin. Il a sauvé le camion-douche. En retour, on lui a proposé du boulot dans l’association. Aujourd’hui il est en passe de réaliser son rêve, celui d’avant : ouvrir son propre garage. Il l’appellera V.... Doctor !
https://short-edition.com/fr/oeuvre/nouvelles/sous-le-regard-du-diable
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Une invitation à soutenir mon oeuvre : https://short-edition.com/fr/oeuvre/nouvelles/entre-justice-et-vengeance
Mes voix ! Une invitation à découvrir ma nouvelle œuvre, “Victor Ludorum”,
qui est également en lice pour le Prix Quiqui 2018! Merci d’avance et bonne
journée !
Si tu as 1 minute pour lire ma micro-nouvelle c'est par ici
https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/dix-neuf-mars