Angéline, une belle jeune femme à la trentaine tout juste, sous son air de rien, malgré son air de sainte-nitouche, était une personne autoritaire, exigeante qui ne faisait toujours que ce qu’elle voulait. Elle ne tolérait et n’adorait que son chat seul, un joli persan « écailles de tortue », appelé Boubouille. Elle avait toujours rêvé d’une grande et vieille maison bourgeoise au milieu d’un grand parc où enfin elle aurait pu respirer pleinement un bon air. Hélas, ses moyens ne lui avaient permis d’acquérir qu’une maison de ville, avec une petite cour froide, et heureusement au bout d’une large avenue peu passante, mais qui recevait toutes les mauvaises odeurs de ses voisines auxquelles s’appuyait. L’air y était bien confiné, mais puisqu’il n’y avait rien d’autre... il fallait bien se résoudre à vivre là.
Ce soir-là, alors qu’elle regardait un navet à la télévision, Boubouille naturellement sur les genoux, elle crut entendre du bruit au-dehors. Elle pensa aussitôt à quelque maraudeur, mais se reprit vite. Quelle idée, il ne se passait jamais rien, ici ! D’autant que ce bruit inhabituel semblait provenir du ciel. Mais soudain, une lumière bleue éclaira son intérieur. Elle pensa aussitôt au gyrophare d’une voiture de police et s’élança vivement vers la fenêtre pour apercevoir quelque chose. Las, elle fut si éblouie qu’elle dut se protéger les yeux. Mais elle eut le temps de remarquer une sorte d’engin qu’elle n’avait jusqu’alors jamais vu, une énorme sphère montée haut sur des jambes d’acier avec des yeux bleus qui clignotaient en guise de lumière.
À peine eut-elle le temps de s’interroger sur le phénomène, qu’elle entendit de curieux BIP-BIP-BIP... Puis elle aperçut deux curieuses créatures descendre de l’engin. Deux sortes de carottes en acier surmontées de navets en guise de tête et affublées de poireaux en guise de bras et de jambes. Des navets, sortaient deux globes rouges rayonnants pour les yeux et un large trait qui pouvait servir de bouche. Ni affolés ni inquiets, les étranges individus, plutôt l’air de quelqu’un qui se croit chez lui ! Non, ils ne manquaient pas d’air, ces bizarres nouveaux venus !
À cette vision, Angéline eut l’air si bête qu’elle manqua d’en tomber les quatre fers en l’air. Mais elle se ressaisit vite et n’écoutant que son courage, elle fila aussi vite qu’un courant d’air dans la cave où elle se barricada. Terrifiée, elle écouta les bruits extérieurs, n’entendit rien et cela la rassura. Mais elle regretta son fusil à air comprimé, qu’elle rangeait toujours sous son lit, au cas où, et auquel, dans sa précipitation, elle n’avait pas songé. Et elle attendit.
Et elle attendit. Longtemps ? Cinq minutes, dix, peut-être. Rien ne venant, rien ne s’entendant, elle se dit qu’elle avait été victime d’une hallucination, due au stupide polar qu’elle regardait à la télévision. Mais comme enfin rassurée, elle aspirait un large bol d’air dans ses poumons, comme elle souriait de ses ridicules frayeurs et qu’elle allait remonter de la cave, la porte de cette dernière fut fracassée par une force prodigieuse et s’entendirent des BIP-BIP-BIP... Et des monstres apparurent.
C’étaient les affreuses créatures qui survenaient dans sa cachette. Épouvantée, Angéline se mit à hurler, mais une voix mécanique, sortie de l’une des créatures, se fit entendre :
- « Toi pas peur. Toi venir avec nous. Nous étudier toi. Toi apprendre étoiles. Toi vivre dans les étoiles. BIP-BIP-
- Je veux de l’air ! eut la force de hurler la malheureuse jeune femme qui commençait à manquer d’air et à s’évanouir de peur.
Mais l’un des visiteurs d’ailleurs, allongeant ses bras d’acier, la rattrapa avant qu’elle ne tombât, et lui soufflant légèrement dans les narines, la remit sur pied. En quelques secondes, la jeune femme retrouva ses esprits, ses forces et un grand calme l’envahit. Plus rien ne pouvait l’étonner. Oui, tout devait être normal ; pourquoi s’inquiéter ?
Et quittant l’air vicié de la cave, précédée et suivie des créatures venues du ciel, elle remonta dans son salon, sortit de la maison, et d’un pas saccadé comme ceux des robots, se dirigea vers la sphère bleuâtre au milieu de la rue. On aurait dit un automate. N’ayant plus aucune volonté personnelle, elle se laissait docilement conduire.
Angéline n’avait jamais eu l’intention de devenir un jour hôtesse de l’air, mais puisqu’on lui proposait si gentiment un voyage en l’air, pourquoi pas ? Ce serait un baptême de l’air original ! Alors, comme dans un état second, acceptant l’aide du bras d’acier-poireau, elle monta dans l’engin spatial qui décolla aussitôt pour voler en plein ciel. Là-haut, elle trouverait un air purifié !
- « Et Boubouille ? Mamie, Angéline a oublié Boubouille, son chat !
- Mamie, j’aime pas les poireaux et les navets...»
Ce fut un réveil brutal et, tressaillant, je regardais soudain autour de moi et revins à la réalité. Et voyant l’air catastrophé de mes petites filles assises sur leur lit, je maudis toutes ces paroles en l’air que je venais de leur débiter pour les endormir.
Ce soir-là, alors qu’elle regardait un navet à la télévision, Boubouille naturellement sur les genoux, elle crut entendre du bruit au-dehors. Elle pensa aussitôt à quelque maraudeur, mais se reprit vite. Quelle idée, il ne se passait jamais rien, ici ! D’autant que ce bruit inhabituel semblait provenir du ciel. Mais soudain, une lumière bleue éclaira son intérieur. Elle pensa aussitôt au gyrophare d’une voiture de police et s’élança vivement vers la fenêtre pour apercevoir quelque chose. Las, elle fut si éblouie qu’elle dut se protéger les yeux. Mais elle eut le temps de remarquer une sorte d’engin qu’elle n’avait jusqu’alors jamais vu, une énorme sphère montée haut sur des jambes d’acier avec des yeux bleus qui clignotaient en guise de lumière.
À peine eut-elle le temps de s’interroger sur le phénomène, qu’elle entendit de curieux BIP-BIP-BIP... Puis elle aperçut deux curieuses créatures descendre de l’engin. Deux sortes de carottes en acier surmontées de navets en guise de tête et affublées de poireaux en guise de bras et de jambes. Des navets, sortaient deux globes rouges rayonnants pour les yeux et un large trait qui pouvait servir de bouche. Ni affolés ni inquiets, les étranges individus, plutôt l’air de quelqu’un qui se croit chez lui ! Non, ils ne manquaient pas d’air, ces bizarres nouveaux venus !
À cette vision, Angéline eut l’air si bête qu’elle manqua d’en tomber les quatre fers en l’air. Mais elle se ressaisit vite et n’écoutant que son courage, elle fila aussi vite qu’un courant d’air dans la cave où elle se barricada. Terrifiée, elle écouta les bruits extérieurs, n’entendit rien et cela la rassura. Mais elle regretta son fusil à air comprimé, qu’elle rangeait toujours sous son lit, au cas où, et auquel, dans sa précipitation, elle n’avait pas songé. Et elle attendit.
Et elle attendit. Longtemps ? Cinq minutes, dix, peut-être. Rien ne venant, rien ne s’entendant, elle se dit qu’elle avait été victime d’une hallucination, due au stupide polar qu’elle regardait à la télévision. Mais comme enfin rassurée, elle aspirait un large bol d’air dans ses poumons, comme elle souriait de ses ridicules frayeurs et qu’elle allait remonter de la cave, la porte de cette dernière fut fracassée par une force prodigieuse et s’entendirent des BIP-BIP-BIP... Et des monstres apparurent.
C’étaient les affreuses créatures qui survenaient dans sa cachette. Épouvantée, Angéline se mit à hurler, mais une voix mécanique, sortie de l’une des créatures, se fit entendre :
- « Toi pas peur. Toi venir avec nous. Nous étudier toi. Toi apprendre étoiles. Toi vivre dans les étoiles. BIP-BIP-
- Je veux de l’air ! eut la force de hurler la malheureuse jeune femme qui commençait à manquer d’air et à s’évanouir de peur.
Mais l’un des visiteurs d’ailleurs, allongeant ses bras d’acier, la rattrapa avant qu’elle ne tombât, et lui soufflant légèrement dans les narines, la remit sur pied. En quelques secondes, la jeune femme retrouva ses esprits, ses forces et un grand calme l’envahit. Plus rien ne pouvait l’étonner. Oui, tout devait être normal ; pourquoi s’inquiéter ?
Et quittant l’air vicié de la cave, précédée et suivie des créatures venues du ciel, elle remonta dans son salon, sortit de la maison, et d’un pas saccadé comme ceux des robots, se dirigea vers la sphère bleuâtre au milieu de la rue. On aurait dit un automate. N’ayant plus aucune volonté personnelle, elle se laissait docilement conduire.
Angéline n’avait jamais eu l’intention de devenir un jour hôtesse de l’air, mais puisqu’on lui proposait si gentiment un voyage en l’air, pourquoi pas ? Ce serait un baptême de l’air original ! Alors, comme dans un état second, acceptant l’aide du bras d’acier-poireau, elle monta dans l’engin spatial qui décolla aussitôt pour voler en plein ciel. Là-haut, elle trouverait un air purifié !
- « Et Boubouille ? Mamie, Angéline a oublié Boubouille, son chat !
- Mamie, j’aime pas les poireaux et les navets...»
Ce fut un réveil brutal et, tressaillant, je regardais soudain autour de moi et revins à la réalité. Et voyant l’air catastrophé de mes petites filles assises sur leur lit, je maudis toutes ces paroles en l’air que je venais de leur débiter pour les endormir.
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(j'irai vous voir)