Une vie amère

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. » Telle fut ma dernière phrase suite à un évènement qui me marqua pendant toute une longue période.
Il y '’a très souvent des questions qu’on se pose mais auxquelles on en aura jamais des réponses. Je me demande « Pourquoi suis-je né en ce lieu ci ? Pourquoi viens-je d’ici et non de là ? » Mais je pense que la réponse n’y est pas ; elle est bien ailleurs. Peut -être même qu’elle n’existe pas. Je me demande toujours jusqu’à lors la raison de mon existence. Oui ! Bien sûr parce que je n’existe pas encore mais je ne m’efforce qu’à exister.
J’aurais moi aussi bien voulu avoir une vie où tout parait à merveille mais hélas. Je ne compte même pas y penser car ce serait malheureusement une utopie. Bon nombre de jeunes ont eu la chance d’avoir ce qui ne m’est jamais passé même à l’esprit. Beaucoup de personnes auront facilement ce sentiment d’amour que je ne connais pas et que je ne connaitrai peut-être pas. C’est bien évident. Cet environnement, cet écosystème dans lequel j’ai grandi et tout mon vécu m’ont transformé en un véritable monstre. J’ai un cœur qui ne connaitra peut-être pas cette phrase « Je t’aime ». Tout est bien clair, je n’ai jusqu’à présent entendu personne me le dire.
J’ai ainsi une rancune en moi et je développe un sentiment de haine sans le savoir et si je commettais un crime dans cette ignorance, je serais appelé criminel et je serais même condamné. Je comprends alors peu à peu certains criminels. Certains d’entre eux sont juste des victimes de ces causes sans pour autant l’avoir vraiment désiré.
La réalité est que tout va bien de gauche et à droite mais chez moi, c’est tout un désastre. J’entendais dire petit déjeuner, déjeuner et diner cependant je ne connaissais que le diner. Parfois je cherche à supprimer mon existence mais je n’en peux pas. Je n’ai pas encore cette force. Peut-être qu’il faut que j’existe pour apprendre à exister. Moi, ce jeune objectif, passionné, ambitieux et très discipliné, je ne voulais que réussir et pas comme les autres mais d’une façon exceptionnelle. J’avais même une fois écrit dans mon journal intime que je serais parmi les jeunes les plus influents de ma génération. Mais jusqu’à présent j’ai l’impression d’être plongé dans un monde sans lumière. Je parais sans vision, sans objectif, je dirai même que j’ai l’impression d’être un fainéant. Je suis le produit de ma société. Je vis dans un monde où nul ne croit en moi. Oui ! Bien sûr que s’il y en avait, j’aurais certainement bénéficié de leur aide pour extérioriser mes capacités. Je suis plongé dans un endroit où il est difficile de lever sa petite tête. Aucun espoir, aucune voie de secours. Oh ! Dans quel monde suis-je ? Je n’ai pas demandé à exister mais j’existe. Je n’avais non plus pas demandé à venir dans un monde comme le mien se présentait. Qui dois-je accuser ? Mon créateur, mon entourage ou moi-même ? Je n’en ai toujours pas la réponse mais je sais néanmoins que je n’en suis pas coupable. Je suis juste victime de mon existence. Je mène une vie très difficile, dure, amère. Sur qui devais-je compter ? Personne ! Certainement !
J’ai bien compris que je n’avais besoin de personne mais plutôt de la société. Et je qualifie par société seuls mon écosystème et moi. Je réalise que je vie dans un monde où je suis le seul habitant puisque je n’ai ni ami, ni compagnon. J’avais même un aspect qui faisait fuir ceux qui voulaient collaborer avec moi. J’étais bizarre, laid et pas vraiment présentable. Et ce qui était pire, c’était cette mauvaise couleur jaunâtre qu’avaient mes dents. Je suis le fruit, le produit d’une vie douloureuse. Aurais-je plutôt habité parmi les animaux ?
J’ai pour meilleur ami la souffrance et pour petite amie l’avilissement. S’il m’était donné l’occasion de choisir où je naitrai, croyez-moi je n’aurais jamais eu l’idée de choisir ce lieu ci. Je dirai que je n’aurais pas choisi cette vie de merde. J’ai aussi remarqué que l’être humain est un véritable train à intérêt. Lorsque vous n’avez rien, personne n’osera vous approcher, mais lorsque vous en possédez, vous êtes appréciés même dans vos pires erreurs. Toutes ces inquiétudes, cet égoïsme des hommes me font remettre en cause bon nombre de choses.