Une Nouvelle vie

Je laisse souvent ma plume voguer au gré de mes pensées. Le résultat devient une surprise aussi bien pour le lecteur que pour moi

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux. Qui suis-je? Où suis-je? Je ne sais pas, je ne sais plus. L’environnement autour de moi me semble familier sans toutefois l’être. C’est douillet et réconfortant. Je perçois des grondements réguliers qui bizarrement m’apaisent. Me suis-je endormi en ayant trop but durant le repas d’hier soir? Ce n’est pas mon genre... BLOU!!GLOU !!... « C’est quoi tout ce remue-ménage ?» Quelque chose me pousse... « AH ! Mes yeux » ; c’est trop éblouissant. Ça doit être l’une des domestiques qui a ouvert les rideaux... Je leur ai déjà répéter cent fois de me réveiller avant de le faire. Attendez... un truc cloche, ma chambre ne ressemble pas à ça... et pourquoi le monde autour de moi est si grand.
Une brise me fait frissonner. On me prend le pied. C’est moi ou suis-je en train de monter là... C’est pas normal... « AHHH !!! » C’est quoi cette grosse tête? « UN GÉANT AHHH » un géant me soulève par la jambe... « Noon! », c’est encore quoi ça? Pourquoi j’ai les membres aussi courts et boudinés ? « KPAA !!! » « AÏE!!! Mais ça fait mal... » Ce salaud m’a tapé sur les fesses, et pourquoi je ne m’entends pas parler? Tout ce que je perçois c’est des « OUIN!!!OUIIIN !!! »...Oh ! Putain ça vient de moi. Je descends ? Quelqu’un me prends dans ses bras. J’entends des voix au loin. Je me sens fatigué... ma vision se brouille...
...rthur...Arthur. Quelqu’un m’appelle. Ah oui ! C’est vrai je m’appelle Arthur et je suis le PDG d’une société que j’ai créée. Et celui qui me pousse n’est autre que Roger, mon meilleur ami de toujours et mon associé.
- Arthur, réveilles-toi, il faut que tu ailles voir le vieux Jean pour lui proposer l’achat de son terrain. Si tu tardes, on n’aura jamais ce terrain et l’agrandissement du siège restera un rêve.
- C’est bon, c’est bon j’y vais... lui répondis-je.
N’empêche le rêve que je faisais était vachement bizarre.
- De plus n’oublie pas qu’aujourd’hui c’est ton anniversaire de mariage. Et même si j’ai promis de t’aider, c’est pas gagné.
J’oubliais mais je suis marié à une sublime créature du nom de Claire que j’ai rencontré grâce à Roger. Et même après notre mariage, le bougre a continué à m’aider en me donnant des conseils; d’autant plus maintenant où mon mariage battait de l’aile.
Comme il venait de me le rappeler, le vieux Jean vendait son terrain jouxtant l’immeuble de ma société et qui aurait été parfait pour prolonger mon bâtiment. C’est ainsi que je parti le voir avec un contrat déjà préparé avec la mention de la somme laissée en blanc. Arrivé, je remarquai que Jean, « le vieux Jean » pour ceux du quartier, était assis sur sa terrasse.
Nonchalamment assis dans un t-shirt délavé, un pagne attaché autour de la taille, nul n’aurait jamais pensé qu’il était un l’un des hommes les plus riches du pays. Il fallait reconnaître qu’il n’était guère bien grand, ni vieux, à peine une quarantaine d’année; nul ne saurais d’où vient son surnom de « vieux », mais il émanait du, une sorte de je-ne-sais-quoi qui vous incitait à lui vouer un total respect.
- Bonjour vieux Jean, m’avançai-je vers lui alors qu’il se tourna vers moi.
Lorsque son regard me toucha, ce fut comme s’il sondait mon être tout entier. Sans dire un mot, il me montra le transat devant lui en me faisant signe de m’asseoir.
- Merci vieux Jean, je suis venu... commençai-je en m’assoyant lorsqu’il me coupa de sa voix faible mais dure: «Petit, prends une boisson avant de commencer à parler. Je sais déjà pourquoi tu es là».
Après avoir pris une gorgé de l’une des boissons posées sur la table basse devant nous, je recommençai à parler.
- Vieux Jean, nous sommes voisin depuis un moment grâce à votre terrain jouxtant mon immeuble, affirmait-je pour commencer.
- Arthur, me coupas-t-il, pas besoin de tourner autour du pot. Je sais que tu es venu me proposer d’acheter mon terrain.
- En effet c’est cela vieux Jean le répondis-je sans trop savoir quoi dire.
- Comme tu l’as dit, nous somme voisin depuis un bon moment. Et on peut dire que l’on se connaît. Si de ton côté, tu ne me connais que relativement, saches que je te connais bien plus que tu ne peux le croire.
- Euh oui... acquiesçai-je sans trop y croire.
- Je possède ce terrain depuis fort longtemps, continua-t-il; et comme tu peux le remarquer, il est à l’abandon. C’est un bien dont je ne fais rien et que je veux vendre pour une bonne occasion. Et le fait que tu veuilles prolonger ton siège en constitue une. Pour le prix, tu peux apporter la somme que tu juges juste suivant les cours du marché actuel. Te connaissant, tu ne me joueras pas de sale tour. Finit-il avec un sourire énigmatique
J’en restais surpris sans savoir si c’était le fait qu’il connaisse autant de mes projets ou si c’était la proposition qu’il venait de me faire qui m’étonnait le plus. Toutefois ce fut avec un grand sourire que j’inscris une somme sur le contrat et sur un chèque que je lui remis. En me raccompagnant au portail, il me dit un truc qui me resta à l’esprit.
- Oh fait, Arthur, méfis toi du monde. On ne sait jamais si la branche que l’on a prise comme échafaud ne cache pas en son sein un serpent que l’on réchauffe et qui nous mordra plus tard.
J’acceptai son conseil et le vit se tourner vers sa maison. J’entendis uniquement ses murmures au loin. «...Ton père m’en voudrait si je ne t’avais pas prévenu...».
Bien qu’interloqué je filai au bureau exploser de joie pour mon nouvel achat et demander à Roger de m’aider pour la préparation de mon anniversaire de mariage. Il me répondit avec sourire qu’il avait déjà tout préparé, de la réservation de la chambre d’hôtel à la commande du dîner de chez un traiteur huppé et qu’il avait déjà même fait signe à Claire de ma part.
C’est le cœur léger que je le remerciais avant de filer à l’hôtel. Arrivé à la chambre, je ne pouvais qu’être soufflé devant le faste de la décoration. Le repas était même sous cloches. J’en soulevai une pour remarquer que c’était l’un des plats préférés de Claire. Je remerciais encore une fois en pensée Roger et je m’assis sur le lit en attendant qu’elle n’arrive.
Elle se présenta sous cinq minutes dans une sublime robe qui lui moulait élégamment les formes. Je retombai d’autant plus amoureux d’elle sur le coup en oubliant dare-dare mes soupçons sur ses infidélités. Je m’avançais pour l’accueillir et lui présenter l’une des chaises que je lui tirai pour qu’elle s’asseye. Le repas se passait agréablement bien et je lui proposai un toast pour célébrer nos trois ans de mariage en débouchant le vin posé sur la table. Le goût du vin me plus beaucoup.
Étrangement, après un moment je commençais à sentir une douleur lancinante dans ma poitrine. Je lui fis signe que je ne me sentais pas bien et qu’elle devait appeler les urgences. En la voyant sortir son téléphone pour passer un appel, je m’allongeai en attente des secours.
Plus tard, je ne saurais décrire ma surprise lorsque je vis Roger venir dans la pièce et l’embrasser à pleine bouche. Incapable d’émettre le moindre son, je ne pus que les regarder. J’entendis Claire demander à Roger comment il avait fait pour m’empoisonner. Il répondit avoir juste au préalable, enduis de cyanure le fond de son verre.
Amer et en colère je sentis ma vision se brouiller pour laisser s’échapper mon dernier souffle de vie en me rappelant l’avertissement de vieux Jean...
Ma vision revient peu à peu... Ne suis-je pas mort ? Mon corps me paraît bien lourd. Et le monde autour de mon est... immense ? Ou bien, n’étais-ce pas un rêve ?
« Madame Rose ».étrange, ce prénom me paraît nostalgique; « vous êtes l’heureuse mère de ce bébé de quatre kilos. Comment allez-vous l’appelez ? » Entendis-je une voix d’homme. « Arthur » entendis-je une voix que je reconnaîtrais entre mille; la voix de ma défunte mère. L’homme continua: « donc nous disons Arthur né le 07 Avril 2010 à 09h13 ».
Ce que je viens d’entendre m’estomaqua. Est-ce vrai ? Si tel est le cas, je ne gâcherais pas cette chance, je leur ferais payer et les erreurs que j’avais commises ne se répéteront pas.