DIMANCHE
Bleu strié de vert,
Un chien,
Faisant tintinnabuler ses boucles d'oreilles-flacons de parfum,
Dévale l'avenue sur ses pattes arrière,
Pensif il médite sur la proposition de... [+]
La Germaine habitait cette maison de village depuis près de six mois, elle en avait hérité il y a quelques années d'une grand tante qu'elle avait à peine connue et, avec le Toine son mari, ils avaient décidé, l'heure de la retraite arrivée, de s'y installer pour terminer leur existence dans des conditions plus agréables que celles qui avaient entouré leur vie de labeur : une cité minière dans l'est de la France. Ici au moins il seraient immergés dans la verdure et pas dans cette poussière grise qui avait enrobé toute leur existence antérieure.
Mais il y avait un hic, les voisins, ceux qui occupaient la maison la plus proche. C'était un couple des plus inquiétant ; après quelques semaines et quelques tentatives pour nouer des relations de bon voisinage Germaine avait classé ceux-ci dans la catégorie des personnes infréquentables. Lui Arsène, elle Ginette (comment voulez-vous avec de tels prénoms faire partie de l'humanité normale !) n'avaient jusqu'alors daigné répondre que d'un vague signe de tête aux tentatives que Germaine avait lancées pour essayer d'engager la conversation.
Ce jour-là, arrivé au zénith le soleil amorçait sa chute vers l'horizon. Une chaleur humide pesait sur le petit hameau, installée dans sa cuisine grande ouverte Germaine reniflait lentement s'efforçant de reconnaître l'odeur qui lui chatouillait les narines, une odeur à la fois entêtante et inhabituelle. Elle fit appel à tous ses souvenirs olfactifs et soudain la révélation tomba brutale et inquiétante : dans l'air ambiant s'était installée comme une odeur de sang, une odeur de sang frais.
Elle se tourna en direction de son mari qui écossait des pois fraîchement ramassés dans le petit jardin :
- Dis, Toine, tu ne trouves pas qu'il y a comme une odeur de sang depuis quelques minutes, cela semble venir de chez les voisins. Ça ne m'étonne pas, ils sont de plus en plus bizarres, ils ont vraiment un air louche, va savoir ce qui peut bien se passer dans cette maison ; tout à l'heure j'ai entendu des bruits inquiétants. En ce moment peut-être sont-ils en train de commettre un crime, dans ce genre de masure ne peuvent vivre que des sortes de détraqués, il pourrait s'y dérouler des choses inavouables !
- Germaine il ne faut pas exagérer, je ne la sens pas ton odeur de sang.
- Quand même j'ai bien envie d'appeler les gendarmes, si nous laissons se dérouler un crime à côté de chez nous sans rien faire nous pourrions être accusés de complicité !
- Germaine arrête !
Mais finalement le Toine n'aimait pas entrer en discussion avec sa femme qui avait toujours le dernier mot :
- Après tout fais ce que tu veux, mais tu en prends la responsabilité.
- Comme d'habitude, c'est pas toi qui va te mouiller. Moi je prends mes responsabilités, je vais appeler la gendarmerie.
Trente secondes plus tard la Germaine était en communication avec le responsable du bureau voisin :
- Bonjour commandant, je suis Germaine Brinfour, j'habite à la sortie du hameau de Boilevé, je voudrais vous signaler une forte odeur de sang et des bruits inquiétants qui semblent provenir de la maison de nos voisins, vous ne croyez pas qu'il serait urgent de voir ce qui se passe ?
- Bonjour Madame, il ne m'est pas possible d'intervenir comme cela sans plus d'éléments positifs. Le sang ne se détecte pas vraiment à l'odeur, et puis vos voisins je les connais un peu, ce sont apparemment des gens sans histoires.
- Oui, apparemment ! C'est vous même commandant qui venez de prononcer ce mot qui peut laisser envisager bien des choses.
- Écoutez, Madame Brinfour, dans l'état actuel des choses il ne m'est pas possible d'envisager une quelconque intervention officielle mais pour vous rassurer je vais leur rendre une visite à titre privé. Si quelque action répréhensible est en cours je devrais pouvoir m'en apercevoir.
- Merci commandant, mais faites vite et tenez moi au courant, il y va peut-être de la vie d'un homme !
Dans le fond le chef du peloton de gendarmerie était un brave homme, il ne croyait pas un seul instant à cette histoire de sang mais il avait envie de rassurer Germaine Brinfour. Il expliqua la situation à l'un de ses subordonnés, lui confia la responsabilité du bureau et au volant de la voiture de service se rendit à la demeure des Vissus, les fameux voisins des Brinfour. Il les connaissait un peu les Vissus comme il connaissait d'ailleurs plus ou moins tous les habitants du hameau, des paysans tout ce qu'il y a de plus communs, pas très liants bien sûr, ce que dans le pays on appelait des taiseux, un peu rustres mais incapables de faire du mal à une mouche, ils vivaient du rapport d'une petite ferme et possédaient quelques animaux.
* * *
La Germaine tournait dans sa cuisine comme un fauve en cage. Déjà plus de cinq minutes qu'elle avait raccroché son téléphone, le commandant de gendarmerie aurait dû être ici depuis au moins dix minutes, il fallait espérer qu'il ait pris la chose au sérieux et qu'il ne fasse pas faux bond. Et cette odeur de sang qui commençait à lui tourner la tête, à lui donner comme une forme d'ivresse. Et dire qu'à quelques dizaines de mètres une victime était peut-être en train d'agoniser ! Décidément si l'on ne peut même plus compter sur les gendarmes dans quel monde vit-on ?
Encore deux minutes de passées, il semble qu'un bruit de moteur se rapproche. Enfin !
C'était effectivement le véhicule de la gendarmerie.
- Regardez il ne sort même pas de sa voiture en courant, il prend vraiment son temps ce commandant ! Mais cours mon vieux !
* * *
Le commandant frappa à la porte de la demeure de la famille Vissus, extérieurement en tout cas il ne semblait pas avoir l'ombre d'un problème. Un homme, l'air surpris à la vue du visiteur, lui ouvrit :
- Bonjour Commissaire, quel bon vent vous amène ? Un problème ?
- Oh, rien de grave on m'a signalé un rôdeur, je voulais simplement savoir si vous n'aviez rien remarqué ?
- Non, rien de spécial.
- Je peux entrer quelques secondes dire bonjour à votre dame, je passe rarement dans le coin.
- Naturellement, aucun problème.
Germaine qui surveillait la manœuvre du coin de sa fenêtre vit la porte se refermer sur le commissaire :
- Pourvu qu'ils ne lui fassent pas un mauvais sort à lui aussi, enfin il doit être armé, il saura bien se défendre, qu'est ce que t'en penses Toine ?
Le Toine qui pensait à tout autre chose ne répondit même pas.
Soudain la porte de la maison voisine s'ouvrit, la Germaine qui n'en croyait pas ses yeux vit sortir la Ginette qui se dirigeât vers sa demeure, elle portait une assiette contenant quelque chose recouvert d'une serviette. Un instant elle envisageât de fermer sa porte à clef puis décida de faire preuve de courage, sur le qui vive elle attendit la voisine de pied ferme.
Ginette frappa et sur l'invitation de Germaine, qui s'était réfugiée dans un coin retiré, elle pénétra dans la petite maison :
- Bonjour voisine, c'est le Commissaire de police qui m'a suggéré de vous apporter un petit quelque chose pour établir de bonnes relations de voisinage. Voyez-vous aujourd'hui j'ai fait du boudin, il est tout frais c'est moi qui l'ai fabriqué, on vient de tuer le cochon.
Mais il y avait un hic, les voisins, ceux qui occupaient la maison la plus proche. C'était un couple des plus inquiétant ; après quelques semaines et quelques tentatives pour nouer des relations de bon voisinage Germaine avait classé ceux-ci dans la catégorie des personnes infréquentables. Lui Arsène, elle Ginette (comment voulez-vous avec de tels prénoms faire partie de l'humanité normale !) n'avaient jusqu'alors daigné répondre que d'un vague signe de tête aux tentatives que Germaine avait lancées pour essayer d'engager la conversation.
Ce jour-là, arrivé au zénith le soleil amorçait sa chute vers l'horizon. Une chaleur humide pesait sur le petit hameau, installée dans sa cuisine grande ouverte Germaine reniflait lentement s'efforçant de reconnaître l'odeur qui lui chatouillait les narines, une odeur à la fois entêtante et inhabituelle. Elle fit appel à tous ses souvenirs olfactifs et soudain la révélation tomba brutale et inquiétante : dans l'air ambiant s'était installée comme une odeur de sang, une odeur de sang frais.
Elle se tourna en direction de son mari qui écossait des pois fraîchement ramassés dans le petit jardin :
- Dis, Toine, tu ne trouves pas qu'il y a comme une odeur de sang depuis quelques minutes, cela semble venir de chez les voisins. Ça ne m'étonne pas, ils sont de plus en plus bizarres, ils ont vraiment un air louche, va savoir ce qui peut bien se passer dans cette maison ; tout à l'heure j'ai entendu des bruits inquiétants. En ce moment peut-être sont-ils en train de commettre un crime, dans ce genre de masure ne peuvent vivre que des sortes de détraqués, il pourrait s'y dérouler des choses inavouables !
- Germaine il ne faut pas exagérer, je ne la sens pas ton odeur de sang.
- Quand même j'ai bien envie d'appeler les gendarmes, si nous laissons se dérouler un crime à côté de chez nous sans rien faire nous pourrions être accusés de complicité !
- Germaine arrête !
Mais finalement le Toine n'aimait pas entrer en discussion avec sa femme qui avait toujours le dernier mot :
- Après tout fais ce que tu veux, mais tu en prends la responsabilité.
- Comme d'habitude, c'est pas toi qui va te mouiller. Moi je prends mes responsabilités, je vais appeler la gendarmerie.
Trente secondes plus tard la Germaine était en communication avec le responsable du bureau voisin :
- Bonjour commandant, je suis Germaine Brinfour, j'habite à la sortie du hameau de Boilevé, je voudrais vous signaler une forte odeur de sang et des bruits inquiétants qui semblent provenir de la maison de nos voisins, vous ne croyez pas qu'il serait urgent de voir ce qui se passe ?
- Bonjour Madame, il ne m'est pas possible d'intervenir comme cela sans plus d'éléments positifs. Le sang ne se détecte pas vraiment à l'odeur, et puis vos voisins je les connais un peu, ce sont apparemment des gens sans histoires.
- Oui, apparemment ! C'est vous même commandant qui venez de prononcer ce mot qui peut laisser envisager bien des choses.
- Écoutez, Madame Brinfour, dans l'état actuel des choses il ne m'est pas possible d'envisager une quelconque intervention officielle mais pour vous rassurer je vais leur rendre une visite à titre privé. Si quelque action répréhensible est en cours je devrais pouvoir m'en apercevoir.
- Merci commandant, mais faites vite et tenez moi au courant, il y va peut-être de la vie d'un homme !
Dans le fond le chef du peloton de gendarmerie était un brave homme, il ne croyait pas un seul instant à cette histoire de sang mais il avait envie de rassurer Germaine Brinfour. Il expliqua la situation à l'un de ses subordonnés, lui confia la responsabilité du bureau et au volant de la voiture de service se rendit à la demeure des Vissus, les fameux voisins des Brinfour. Il les connaissait un peu les Vissus comme il connaissait d'ailleurs plus ou moins tous les habitants du hameau, des paysans tout ce qu'il y a de plus communs, pas très liants bien sûr, ce que dans le pays on appelait des taiseux, un peu rustres mais incapables de faire du mal à une mouche, ils vivaient du rapport d'une petite ferme et possédaient quelques animaux.
* * *
La Germaine tournait dans sa cuisine comme un fauve en cage. Déjà plus de cinq minutes qu'elle avait raccroché son téléphone, le commandant de gendarmerie aurait dû être ici depuis au moins dix minutes, il fallait espérer qu'il ait pris la chose au sérieux et qu'il ne fasse pas faux bond. Et cette odeur de sang qui commençait à lui tourner la tête, à lui donner comme une forme d'ivresse. Et dire qu'à quelques dizaines de mètres une victime était peut-être en train d'agoniser ! Décidément si l'on ne peut même plus compter sur les gendarmes dans quel monde vit-on ?
Encore deux minutes de passées, il semble qu'un bruit de moteur se rapproche. Enfin !
C'était effectivement le véhicule de la gendarmerie.
- Regardez il ne sort même pas de sa voiture en courant, il prend vraiment son temps ce commandant ! Mais cours mon vieux !
* * *
Le commandant frappa à la porte de la demeure de la famille Vissus, extérieurement en tout cas il ne semblait pas avoir l'ombre d'un problème. Un homme, l'air surpris à la vue du visiteur, lui ouvrit :
- Bonjour Commissaire, quel bon vent vous amène ? Un problème ?
- Oh, rien de grave on m'a signalé un rôdeur, je voulais simplement savoir si vous n'aviez rien remarqué ?
- Non, rien de spécial.
- Je peux entrer quelques secondes dire bonjour à votre dame, je passe rarement dans le coin.
- Naturellement, aucun problème.
Germaine qui surveillait la manœuvre du coin de sa fenêtre vit la porte se refermer sur le commissaire :
- Pourvu qu'ils ne lui fassent pas un mauvais sort à lui aussi, enfin il doit être armé, il saura bien se défendre, qu'est ce que t'en penses Toine ?
Le Toine qui pensait à tout autre chose ne répondit même pas.
Soudain la porte de la maison voisine s'ouvrit, la Germaine qui n'en croyait pas ses yeux vit sortir la Ginette qui se dirigeât vers sa demeure, elle portait une assiette contenant quelque chose recouvert d'une serviette. Un instant elle envisageât de fermer sa porte à clef puis décida de faire preuve de courage, sur le qui vive elle attendit la voisine de pied ferme.
Ginette frappa et sur l'invitation de Germaine, qui s'était réfugiée dans un coin retiré, elle pénétra dans la petite maison :
- Bonjour voisine, c'est le Commissaire de police qui m'a suggéré de vous apporter un petit quelque chose pour établir de bonnes relations de voisinage. Voyez-vous aujourd'hui j'ai fait du boudin, il est tout frais c'est moi qui l'ai fabriqué, on vient de tuer le cochon.
les quelques fautes d'orthographe ! Quelle chute originale !
Une invitation à venir découvrir “le lys des vallées” qui est en
Finale pour le Grand Prix Automne 2018. Merci d’avance et
bonne journée!
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Ma chienne Ianna que vous avez appréciée est en finale. Je vous propose un nouveau petit tour dans les dunes : https://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/me-chienne-ianna-dans-les-dunes
e vous invite également à me donner votre avis sur une de mes peintures: https://short-edition.com/fr/oeuvre/strips/dumbledores-tattoo-1
je suis aussi en lice avec ' La rue du temps perdu '
Cinq voix supplémentaires... Les voici...