Nous étions partis de nuit, pour éviter la cohue sur la route, pour échapper au flot de vacanciers qui se dirigeaient tous dans la même direction, celle des vacances, de la plage et du soleil... [+]
Un Vendredi presque parfait
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J’ai toujours détesté les vendredis 13. Entre les superstitieux et les hypocrites, j’étouffe ! Et celui-là n’échappera pas à la règle on dirait. Les uns croient dur comme fer à des âneries que même un enfant de quatre ans pourrait réfuter (à cet âge là ils découvrent la logique et s’en servent encore à bon escient) tandis que les autres se défendent d’y croire mais jouent quand même au loto... on ne sait jamais !
Comme d’habitude depuis cinq ans maintenant, j’ai posé un RTT, histoire d’éviter les blagues vaseuses, les utopistes mielleux (si je gagne au loto...) et les hystériques en tout genre (« Aaaaaah, y’a une araignée dans mon bureau ! Paul vient l’enlever s’il te plaît. Araignée du matin : chagrin. Merde on est Vendredi 13 quoi, allez Paul, grouille toi »). Il y en a qui se battent pour prendre des vacances en période scolaire (et croyez moi, ça vaut parfois les meilleures comédies dramatiques du Mardi soir sur France Naze). Moi je tuerai pour être certain de ne pas avoir à sortir un jour pareil. Chacun ses priorités. Mes enfants sont grands, ils se gardent tout seuls.
Je descends chercher mon journal à la boîte aux lettres et me voilà prêt à prendre un peu de bon temps loin du tumulte. Evidemment, on ne coupe pas au sempiternel article sur les croyances diverses et variées liées à ce jour maudit entre tous mais « commelesautresfinalementhein, onestau XXIèmesiècletoutdemême » l’avantage du journal c’est qu’on peut zapper plus facilement qu’à la télé, parce que France Naze ou une autre, c’est le même combat. Un peu comme pour les primaires quoi. Bref, je prends mon temps et je savoure le calme de mon appartement.
J’en suis à la page des horoscopes quand tout à coup la voisine du dessus se met à hurler dans un charabia incompréhensible. J’entrouvre la porte et je passe la tête dans le couloir (bah oui, je ne suis pas superstitieux, par contre j’adore les ragots. Personne n’est parfait.), j’entends courir dans les escaliers et je vois débouler un livreur de pizza, cartons à la main et casque sur la tête en panique totale, visiblement poursuivi par l’hystérique du quatrième et complètement paumé. Il me voit, me fonce droit dessus, me bouscule pour entrer chez moi, me tire dedans et claque la porte. Je m’apprête à protester mais il met un doigt sur sa bouche en me suppliant du regard. Finalement, ça m’amuse et je joue le jeu. Quand la Mère tape-dur a fini de beugler dans tout l’immeuble et claqué la porte de chez elle, je vois mon livreur se détendre. Je le regarde, j’attends.
Alors il enlève son casque. Je reste coi, les yeux écarquillés pendant qu’il m’explique que la furie du dessus a pété un plomb quand elle a remarqué que l’uniforme des employés de livraison était vert (Ah oui, il faut que je vous précise que la voisine est comédienne et le vert, ben ça porte malheur, c’est bien connu), que le carton des pizzas était un peu écrasé, que... que... et que...
Je ne l’écoute plus. Je suis subjugué par sas cheveux noirs corbeau, ses yeux vert flamboyant et la délicatesse de ses traits. Mon livreur s’est figé. Il m’a souri. Enfin, elle m’a souri. Parce que mon livreur est une livreuse. Et une livreuse fort à mon goût.
« Ils sont fous les gens les Vendredis 13 hein, vous ne trouvez pas ? Dites, je peux rester un moment ? Puisqu’on a les pizzas, on a qu’à manger ensemble, non ? »
Je jette un œil à mon journal resté ouvert sur la page des horoscopes et je lis :
« Bélier :
Amour : c’est votre jour de chance. Une rencontre inopinée va bouleverser votre vie. »
Comme d’habitude depuis cinq ans maintenant, j’ai posé un RTT, histoire d’éviter les blagues vaseuses, les utopistes mielleux (si je gagne au loto...) et les hystériques en tout genre (« Aaaaaah, y’a une araignée dans mon bureau ! Paul vient l’enlever s’il te plaît. Araignée du matin : chagrin. Merde on est Vendredi 13 quoi, allez Paul, grouille toi »). Il y en a qui se battent pour prendre des vacances en période scolaire (et croyez moi, ça vaut parfois les meilleures comédies dramatiques du Mardi soir sur France Naze). Moi je tuerai pour être certain de ne pas avoir à sortir un jour pareil. Chacun ses priorités. Mes enfants sont grands, ils se gardent tout seuls.
Je descends chercher mon journal à la boîte aux lettres et me voilà prêt à prendre un peu de bon temps loin du tumulte. Evidemment, on ne coupe pas au sempiternel article sur les croyances diverses et variées liées à ce jour maudit entre tous mais « commelesautresfinalementhein, onestau XXIèmesiècletoutdemême » l’avantage du journal c’est qu’on peut zapper plus facilement qu’à la télé, parce que France Naze ou une autre, c’est le même combat. Un peu comme pour les primaires quoi. Bref, je prends mon temps et je savoure le calme de mon appartement.
J’en suis à la page des horoscopes quand tout à coup la voisine du dessus se met à hurler dans un charabia incompréhensible. J’entrouvre la porte et je passe la tête dans le couloir (bah oui, je ne suis pas superstitieux, par contre j’adore les ragots. Personne n’est parfait.), j’entends courir dans les escaliers et je vois débouler un livreur de pizza, cartons à la main et casque sur la tête en panique totale, visiblement poursuivi par l’hystérique du quatrième et complètement paumé. Il me voit, me fonce droit dessus, me bouscule pour entrer chez moi, me tire dedans et claque la porte. Je m’apprête à protester mais il met un doigt sur sa bouche en me suppliant du regard. Finalement, ça m’amuse et je joue le jeu. Quand la Mère tape-dur a fini de beugler dans tout l’immeuble et claqué la porte de chez elle, je vois mon livreur se détendre. Je le regarde, j’attends.
Alors il enlève son casque. Je reste coi, les yeux écarquillés pendant qu’il m’explique que la furie du dessus a pété un plomb quand elle a remarqué que l’uniforme des employés de livraison était vert (Ah oui, il faut que je vous précise que la voisine est comédienne et le vert, ben ça porte malheur, c’est bien connu), que le carton des pizzas était un peu écrasé, que... que... et que...
Je ne l’écoute plus. Je suis subjugué par sas cheveux noirs corbeau, ses yeux vert flamboyant et la délicatesse de ses traits. Mon livreur s’est figé. Il m’a souri. Enfin, elle m’a souri. Parce que mon livreur est une livreuse. Et une livreuse fort à mon goût.
« Ils sont fous les gens les Vendredis 13 hein, vous ne trouvez pas ? Dites, je peux rester un moment ? Puisqu’on a les pizzas, on a qu’à manger ensemble, non ? »
Je jette un œil à mon journal resté ouvert sur la page des horoscopes et je lis :
« Bélier :
Amour : c’est votre jour de chance. Une rencontre inopinée va bouleverser votre vie. »