La nuit va tomber sur le port. Mouettes et cormorans zèbrent le ciel dans l’attente des déchets de la pêche que les marins vont leur livrer en nettoyant les ponts. L’un après l’autre, les... [+]
Adami venait d’atteindre l’âge de 15 ans. Il entra d’un pas décidé dans la maison de son père, le roi Ushar et lorsque celui-ci l’interrogea sur la raison de sa présence, il lui demanda l’autorisation de partir.
- Je suis grand maintenant, père je voudrai tant découvrir le monde, je brûle d’impatience d’obtenir votre consentement.
Le roi pesa longuement les termes de sa réponse et finalement décréta :
- Tu as effectivement bien grandi mon fils. Le petit enfant qui sautait sur mes genoux n’est plus. J’ai devant moi un beau jeune homme à qui la vie sourit. Il est bien que tu sois ainsi volontaire et prennes ton destin en main. Tu veux partir, je te l’autorise donc...
Le sang d’Adami ne fit qu’un tour : il allait partir quelle joie ! Quel bonheur ! Il se voyait déjà aux quatre coins du monde faisant mille découvertes.
- ...Mais visiter le monde est dangereux, les fils s’y perdent....Tu iras donc chez mon ami Djembé. Il t’apprendra son métier.
- Mais je voulais voyager, Père.
- Il est des voyages qui se font avec les pieds, d’autres avec la tête. Apprendre est un long chemin mon enfant. Fais ton balluchon, tu partiras demain.
Adami sortit de la maison de son père pour se préparer à un voyage qui n’était pas celui tant espéré. Adieu ses rêves d’Indes, d’Amérique, d’Europe, de Chine ! Il allait se rendre dans le village voisin rencontrer un artisan qui lui apprendrait un métier. Fabriquer des objets quand lui se rêvait grand explorateur de ces mondes inconnus ! Adami était désappointé. Sa mère le consola : « Garde tes rêves, ce sera pour plus tard mais il n’est pas vain de savoir se servir de ses mains. »
Adami au bout de son voyage, rencontra son maître d’apprentissage.
- Je suis bien content de te connaitre enfin, lui dit Djembé. Ton père m’a beaucoup parlé de toi
- De moi ?
- Oui, il m’a dit combien tu étais doué pour la musique.
- Mais qu’en sait-il ?
- Il parait que tu sais faire chanter le bois comme personne. Fais-moi voir cela.
Adami s’approcha du bûcher et faisant tinter les rameaux les uns contre les autres en choisit deux et les fit sonner sur un rythme qu’il affectionnait. « A-Da- MI, A- Da –Mi » chantaient ses instruments improvisés
- Tu es vraiment très doué apprécia Djembé, aussi je vais t’apprendre à fabriquer des instruments de musique et à t’en servir. Tu veux bien ?
Adami était ravi et surpris. Comment son père qui semblait se désintéresser de lui avait-il mesuré ce qui le faisait tant vibrer ? Il accepta volontiers son sort et s’engagea dans le compagnonnage que lui proposait maitre Djembé.
Les années passèrent. Adami était maintenant connu pour sa production de percussions. Sur tous les instruments qu’il fabriquait il imprimait sa marque : une figure sculptée dans le bois.
Un jour se présenta dans son échoppe un homme étrange. Il avait l’allure d’un seigneur et les hardes d’un mendiant.
- Bonjour, c’est toi qui fabrique ces instruments
- Oui, monsieur !
- J’en ai vu un peu partout dans le pays.
- C’est vrai qu’on vient de loin pour m’en acheter.
- Dis-moi, cette figure là sur chacune de tes œuvres...
- C’est mon père, le roi Ushar
- Ton père ? mais alors tu es prince !
- Oh non, le prince ce n’est pas moi et je ne souhaite pas du tout être prince.
- Alors que souhaites – tu ?
- Je voudrais tant voir le monde !
- Mais raconte-moi, comment va-t-il ?
- Il est bien vieux....
Et les deux hommes se mirent à discourir comme s’ils étaient de très vieilles connaissances.
- Adami, me conduirais-tu dans ton village ?
- Je dois m’y rendre demain, c’est une grande fête.
- L’anniversaire !
- Oui, l’anniversaire, comment le sais –tu ?
L’étranger ne répondit pas.
Le lendemain matin, les deux hommes se mirent en chemin. Adami fut accueilli chaleureusement car il était attendu pour animer la fête. Un musicien d’une telle renommée était une bénédiction pour le village.
L’étranger se tint un peu à l’écart et tacha à ne pas se faire remarquer.
La fête battait son plein au rythme du tambour d’Adami. Quand soudain ce fut le silence. Le roi venait de sortir de sa maison. Il s’installa sur son trône sous l’arbre de justice. Tour à tour chaque convive s’approchait pour lui offrir qui des fruits, des objets, parfois un petit mot griffonné sur un bout de papier. Ushar semblait touché par l’intention de chacun, plus que par la valeur matérielle du cadeau en lui-même. Et quand il eut remercié tous ses invités :
- Et toi, qu’as-tu à m’offrir ? demanda-t-il en se tournant vers l’étranger
- Moi, rien ! Hélas rien !
- Mon fils, approche toi
L’étranger, bouleversé, s’exécuta.
- Mon père, vous m’avez reconnu ?
- Je t’ai tant attendu, fils
Tout le village était suspendu aux paroles des deux hommes. Comment pouvait-il se faire que le prince Azaël, soit de retour après tant et tant d’années d’absence ?
- Raconte moi mon fils, raconte !
- Que vous dire mon père ? Vous m’aviez convoqué alors que je venais d’avoir quinze ans pour m’envoyer de part le monde à la recherche des plus belles choses. J’ai voulu réunir une troupe pour m’accompagner mais vous m’en avez dissuadé : je ne partais pas guerroyer. J’ai fait mon balluchon et je vous ai obéi.
J’ai visité l’Afrique. J’ai rencontré des animaux extraordinaires, des lions des éléphants, des panthères. J’ai vu de beaux diamants, des mines et les mineurs qui trimaient dedans. J’ai vu des marchands d’ivoire et les carcasses des pachydermes. J’ai entendu le conte d’un vieux sage. Et ce conte là, mon père, je l’ai gardé.
Je suis allé en l’Europe. J’ai vu de grandes églises, de beaux châteaux, des jardins magnifiques. J’ai vu fabriquer les objets de luxe, robes exceptionnelles, bijoux, broderies, que sais-je encore. Mais, le soir, le long des trottoirs, j’ai vu des hommes, des femmes, des enfants qui grelottaient sans toit. J’ai entendu le rire cristallin d’un enfant, et ce rire là, Mon père, je l’ai gardé.
Je suis parti, ensuite pour l’ASIE. Tout y est si diffèrent de chez nous. Au pays du soleil levant, tout est technologique. Il y a un robot pour répondre à chacun de vos désirs, immédiatement et sans discussion. Au pays des maharadjas, les palais sont éblouissants, les murs incrustés de pierres précieuses. Il y avait des soies de grande valeur. En Chine, les maisons sont comme de grandes montagnes qui se perdent dans les nuages. Dans la foule des gens qui se pressent chacun semble si seul. J’ai croisé le regard d’un moine tibétain, et ce regard là, mon père, je l’ai gardé.
Je suis allé au milieu de l’océan. Il y avait de jeunes gens dorés par le soleil qui bondissaient sur les vagues grâce à de drôles d’embarcations. Il y avait des jeunes filles avec des colliers de fleurs. Il y avait de magnifiques immeubles. Il y avait du luxe partout. J’ai rencontré un vieil aborigène qui m’a hébergé. Cette amitié là, mon père, je l’ai gardé.
J’ai fini par l’Amérique. Là-bas tout est grand. Le dollar coule à flot. Les banquiers y dirigent le monde. J’ai vu s’envoler une fusée qui partait découvrir d’autres galaxies. J’ai vu de superbe villas, rencontré des chevaux d’exception, tout semblait magique. J’ai vu un homme blanc embrasser une femme noire. Et cet amour là, mon père, je l’ai gardé.
Me voilà de retour, mon baluchon est vide. Je ne vous rapporte aucune de ces richesses que vous m’aviez demandées. J’ai trahi votre confiance, je le reconnais mais je ne regrette pas mon voyage.
- Mon fils, tu as su trouver les richesses du cœur. Tu as mis beaucoup de temps pour nous revenir mais sans doute le fardeau est-il très lourd. Tu es là, maintenant. Tu es un homme mon fils.
Le roi tendit ses bras vers Azaël. Le prince oublié était de retour. Il répondit à l’invite et les deux hommes s’étreignirent. Adami, ému, se mit à faire sonner son tambour comme jamais et la fête reprit de plus belle.
Les villageois étaient heureux. Ils avaient retrouvé leur prince Azaël et quand le roi ne sera plus, il sera là pour prendre son relais.
Quant à Adami, il est heureux d'avoir ramené son frère à son père. Il sait que celui-là l'aidera à son tour à partir et que son père ne pourra plus le lui interdire.
J'ai eu un petit peu de mal à comprendre qui était cet étranger et je suis revenue au début pour vérifier ce que j'avais compris. Peut-être qu'il manquait un indice ?
Quant quelques fautes ou coquilles... Même après relecture il en reste souvent. On peut demander la correction du texte après la publication si c'est trop gênant.
Il y a des tournures qui étonnent.
La raison de sa présence... L'autorisation de partir
Et surpris comment son père...
Qu'as-tu ça à m'offrir
Il savait que celui-ci l'aidera (aiderait)
Quelques coquilles
Qui n'était pas celui tant espérer (é)
Il allait se rendre dans le village ....rencontré (er)
Production de percussion (s)
Le début du récit nous donne une piste... Puisque le roi dit : les fils s'y perdent. Mais il est tout de même étonnant qu'il n'ait jamais entendu parler de son frère.