Le capitaine Charlie One-Leg se tenait sur le gaillard d’arrière de La Boudeuse, un trois-mâts carré naviguant entre Saint-Vincent et Grenade. La main droite posée sur une écoute tandis que... [+]
Ultime défaite
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Le ciel était blême, les nuages s’amoncelaient au-dessus du champ de bataille dévasté, et j’attendais. J’apercevais l’ennemi au loin qui préparait ses armes et s’apprêtait à frapper, peut-être pour la dernière fois. C’était le calme avant la tempête… Je me nomme Godefroy de Weiss, je suis chevalier au service du roi de Bialy, roi de Pologne ; mon fier destrier s’appelle Edelweiss, car il a la blancheur immaculée de cette fleur rare et belle. Je suis, paraît-il, le meilleur cavalier de notre fière armée. Je suis rapide et silencieux, redoutablement efficace dans les corps à corps, un seul coup porté et l’ennemi est hors de combat. Je suis tellement engagé dans l’art de la guerre qu’il ne me reste aucun autre souvenir de ma vie. Quelle a été mon enfance ? Qui furent mes parents ? J’ai l’impression d’être né assis sur un cheval, une épée au fourreau et un casque sur la tête ! Nous avons remporté des dizaines de batailles, sans aucune défaite à ce jour, malgré notre faible nombre. Certaines furent longues et ardues, d’autres furent expédiées l’espace d’un éclair. Tous nos combats sont basés sur une tactique savamment étudiée. C’est l’intelligence de nos positions, et la rapidité de nos déplacements qui déroutent l’ennemi, et qui nous ont faits vainqueurs à chaque fois. Mais sans l’aide de Dieu, rien n’aurait été possible. Dieu nous guide à chaque pas, il nous parle, et j’entends clairement sa Voix à chacune de nos victoires. Mais cette fois-ci, il semble que Dieu nous ait abandonnés… nous ne sommes plus que 2 pour combattre et protéger notre roi. En face, l’ennemi paraît plus noir que la nuit, tel un spectre effrayant qui surgirait du néant. Une haute tour d’assaut se dresse soudain à l’horizon, elle-même plus noire que le jais, plus menaçante que jamais, prête à fondre sur nous d’une minute à l’autre. Un funeste pressentiment me parcourt l’échine, et l’espoir d’une dernière victoire s’évanouit lentement. Le temps reste un instant suspendu, je serre la bride de ma monture de ma main gauche, je tire mon épée de ma main droite en attendant le choc. Plus un bruit, comme si la nature tout entière retenait son souffle. Un instant plus tard, la tour s’élance à une vitesse stupéfiante dans ma direction, j’ai à peine le temps de lever mon arme… et puis plus rien, c’est le noir total… « Échec et mat ! Les noirs gagnent ! » Applaudissements dans la salle…
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Merci. Y