Transition

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Possible ou pas de le vérifier; j'en ai rien à faire.
Loin de moi ces pensées parasites ! Mon existence me convient parfaitement, que quémander de mieux ?
La quiétude que j'ai pour locataire me fascine et me laisse pantois à chaque instant. L'atemporalité de se voyage m'etouffe grâce au gaz du plaisir qu'elle m'offre si généreusement. Pas de place pour la peur, les pleurs, la terreur, le malheur, la sueur et que sais-je encore d'aussi infâmes... Juste de la légèreté comme vent et de l'apesanteur comme voilier ; je me laisse entraîner, tout simplement. La sensation de douceur qui m'obsède me transcende puis, m'enveloppe encore et encore. L'éclat d'aisance irradiant de cet inconscient me sature sans cesse et me satisfait pleinement.  Ah! merveilleuse existence, je me livre aveuglément à ton bon vouloir. je
Ça faisait quoi...? Une décennie, un siècle où un millénaire que je me trouvais en ce sain lieu; tout compte fait, c'est peut-être mon arrivée. Qu'importe, au grand jamais je ne m'en lasserai. Car oui, j'y suis accro et j'exulte de béatitude !
Ici n'est ni jour, ni nuit pourtant je le sais, c'est à présent le moment de jouir de mon privilège inouï ; mon moment préféré.  Je prends position et observe, j'observe avec attention ces êtres. Bipèdes et difformes, ils se meuvent avec disgrâce afin de vaquer à ce qu'ils osent nommer “occupations” et qui n'est réellement qu'un assortiment ridicule d'exercices inutiles. Je me souviens qu'il y a un laps de temps auparavant, ces êtres faisaient des rencards aux tendances sanglantes sur différents terrains; quelle diversité. Des métaux incisifs et des décoctions mortifères entre autres étaient bien évidemment au rendez-vous apportants de ce fait une touche tolérables aux décors; des véritables sauvages en somme. Tout aurait pu me plonger dans l'illusion du beau temps après la pluie, or le fil des laps et des temps obscurcit cette issue et la réalité se révéla être un pseudo-calme avant l'ouragan.
En effet, il s'agit desormais d'une sorte de banquets à grandes échelles, un réel festin pour les distingués invités; en l'occurrence des hématophages et necrophages...  Les moyens s'étaient “sophistiqués” sacrant ainsi l'explosif “Roi”. La matière qui fût charcutée, démembrée et disséquée avant, était à ce jour broyée, réduite prématurément à l'état de cendre.    Autrement dit, les actions et réactions au ton macabre témoignaient de cette fin apocalyptique; et ceci sans aide.

Si seulement ce n'était que cela...  Mais encore, leur carapace n'a que pour fonction: momifier leur Alterego qu'ils disent aimer ou porter dans leurs cœurs. Le cœur, cet organe vital pour leurs carcasses auquel ces êtres ont donné une dimension sentimentale et ou émotionnelle et qu'ils ne cessent de martyriser sans pauses...

Je soupire discrètement en méditant comme pour la énième fois avec l'assurance extérieure que je n'obtiendrai ou ne trouverai aucune réplique à mes questionnements... D'ailleurs quand j'y pense, ils n'ont pas autant changé qu'ils le laissent paraître.

“Tikk ! Takk !”

(Se goinfrer, s'abreuver et proliférer); “le Trio royal”. Ce dernier a longtemps régner sur leur volonté, quoi qu'ils eussent faits dans l'optique de se dissuader du contraire. Même lorsqu'ils décidèrent de s'organiser pour rétablir grâce à leurs sciences leurs congénaires en mauvaise posture, pour apporter de l'aide, pour faire preuve d'empathie ou de sympathie envers autrui etc etc ; ils s'arrangeaient inévitablement pour assouvir les besoins de ce “Trio royal” qui de son côté, ne se gênait pas pour émettre des pensées complètement absurdes et dénuées de sens. Le peuple peut-être docile tel un agneau et féroce en étant monstrueux. Ainsi, tant que le roi donne à ses sujets ce qu'ils veulent sommairement, il s'attire leurs faveurs et peut continuer ses exactions dans la plus grande impunité en repoussant progressivement les limites de sa population tout en intensifiant ses “bonnes grâces” voilant de plus en plus ses cibles.
Se rendent-ils compte des exactions de ces gouvernants ?
Ou s'ils le savent, ferment-ils volontairement leurs esprits d'analyse par pur égoïsme et ou égocentrisme ?
N'y a-t-il pas de volontaire ?
Pourquoi personne, hein ??

“Tikk ! Tokk !”

Quelle espèce stupide !! Elle dit chercher et aimer la sagesse, pourfendre le savoir (vivre, faire, scientifique, etc etc...); sait-elle premièrement ce qu'est le “Savoir-Être” ?!
Ce groupe de vivants me semblent mort... Ces consciences dites conscientes de leurs origines sont à mes yeux inconsciemment inconscientes de leur définition originelle.
Des recherches, des réflexions, des pensées infiniment vaines. Qui pourrait donner ne serait-ce que le bénéfice du doute à un être qui détruit intentionnellement la protection qui lui a été offerte sans une requête de sa part ?
Personne, assurément.
Dans le cas contraire, les fous sauveront les idiots... et il serait en ce moment impératif d'adresser bon gré mal gré ses amitiés à Mme Catastrophe.

Moi qui scelle toujours sur eux une observation particulièrement intéressée, il ne m'a pas également échappé qu'au sein de cette meute d'ignorants d'aucuns s'estiment “heureux”; un mot dont ils ignorent l'authentique signification. Une nouvelle illusion, Pathétique...
Néanmoins, ce qui reste rassurant est le minimum de sincérité glissé de temps à autre dans leurs élans “dits” affectifs.

“Tikk ! Takk !!”

Soudainement, une sonorité sèche m'arrache sans autres formes de procès à mon activité passionnante et me met clairement en alerte. Une sensation indéchiffrable me cerne et me paralyse aussitôt. Quant à ce que je perçois, cela m'achève inexplicablement.
Qu'est-ce...? Un cadran temporel ?!?

Je réalise alors que je ne suis pas prêt. Pire encore, je ne le veux pas. Pas du tout.
Je fixe le cadran et fais par la même occasion une remarque horrifiante. Plus qu'un laps...

Je ne souhaite pas ou plutôt je refuse d'y croire. Je ne suis pa...
Tout à coup, je suis interpellé par ce qui se meut au bas de l'horloge et je tressaille. C'EST un membre à l'allure spectrale qui semble-t-il écrit: “Il est temps”.

Suite à cela, je m'effondre littéralement, comme une vulgaire âme déchue et entamme une série d'hurlements.: “Non !! Pourquoi moi ! Pourquoi maintenant !?! Ça peut attendre, je ne veux pas être comme eux !!!”.

Ignorant royalement mes cris stridents, ce foutu membre reprend cruellement son écriture, avec une lenteur qui me pousse de plus en plus dans l'inconnu de l'agonie : “Réponse”.


Je perds d'un seul coup tout ce qui me restait comme moyens et perds également l'esprit: “Des réponses, je n'en veux plus ! Laissez-moi ici ! Tu n'es qu'une follie ! Sans cœur, quelle abomination tu es !!...“

Dans un état second, je fais tout mon possible pour me cramponner à ce membre qui n'en a rien à cirer et se fait la malle piétinant sans détour l'expression de mon désespoir...
Malgré tout et rien, je continue mes supplications à l'égard de cette force invisible qui m'Aspire: “Ayez de la compassion, je vous prie... Ma mère ne sera qu'un objet, un simple défouloir pour mon père, ce sont des hypocrites... Elle mentira en me lâchant ces trois mots... Ils sont tous des enfoirés..”.

Doucement, ma mémoire disparaît, je suis englouti et dès lors que l'indicateur du maudit cadran termine son tour complet, je sombre dans la conscience; persuadé que ce ne sont que les prémices de mon supplice...



[Quelque part sur la planète bleue, un nouveau venu voit le jour...]