Soleil du matin, lune du soir

Je suis Audrey Dongo,passionnée de lecture et d'écriture. Je pense être féministe depuis toujours et pour moi l'égalité des genres est possible si tout le monde s'y met.

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux, mais parfois on aimerait bien savoir où l’on est. Les luxueuses lueurs orangées du soleil qui pénètrent les fenêtres de ma chambre dès le matin me font chaque jour admirer la beauté de la vie. Ouvrir les fenêtres et humer cet air frais est indescriptible. Mais il vient de tout gâcher, il vient d’assombrir à jamais mon soleil du matin. C’est fait, il a enfin réussi à rendre mes journées mornes, il a réussi à me rendre agueusique. Là dehors, les gens rient et dansent, ils parlent, ils sont insouciants. Mais chez moi, de gros nuages viennent de tout assombrir. Tout est obscur autour de moi et son corps est là inerte, vidé d’émotions, vidé d’espoir, plus aucun avenir pour elle. Il s’agit sûrement d’un horrible cauchemar, tout ne peut pas être fini. -Maman, maman, qu’est ce qui t’arrive ? Lève-toi, aujourd’hui c’est le jour de mes 16 ans et tu as promis que tu rendrais ce jour inoubliable. Lève-toi s’il te plait, tu ne peux pas me faire cela. Une pluie de larmes déferlent sur mes joues, je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Je sais très bien que maman ne se lèvera plus mais je ne peux me résoudre à l’accepter. Son sourire, ses paroles réconfortantes quand tout allait mal, sa placidité à toute épreuve, son regard sémillant venaient de disparaitre tel un voile de poudre dans l’air. La joie qui illuminait son visage le matin lorsqu’elle m’apercevait était mon véritable soleil du matin et cette joie augurait toujours une bonne journée. Ces histoires, toutes farfelues et extraordinaires les unes les autres qu’elle ne se lassait jamais de raconter étaient la vraie lune qui donnait tout son charme au soir. Malgré tout, je sais très bien que maman souffrait en silence, derrière son sourire et sa douceur se cachaient un enfer dont papa était le diable. Papa a toujours donné des coups à maman, il l’a toujours humilié sans aucune raison et pour cela je l’ai toujours détesté. Même si maman lui trouvais toujours des excuses pour que je ne le déteste pas, je n’étais pas dupe. Mais aujourd’hui, elle ne lui trouvera plus d’excuses car il vient de lui planter un couteau de cuisine dans le cœur. C’est fini, il a réussi à me l’arracher. Maman est dans sa sépulture, elle ne sourira plus, elle a vraiment réussie à rendre mes 16 ans inoubliable par un goût d’amertume. Je sais que maman serait encore là, si ses proches qui l’ont toujours su ne lui répétait pas : une femme doit être courageuse et accepter les frasques de son époux, une femme n’est une femme que par son époux, une femme est obéissante et ne parle pas. Et voilà, je suis laissée dans le noir. Comment oublier, comment pardonner ? Mon soleil du matin s’est assombri, ma lune du soir s’est évanouie dans les profondeurs de la nuit.