— Tu vois, je l’ai regardé en face et je lui ai dit que son fichier, c’était de la merde, sans hésiter. De la merde non pas qu’il n’était pas bon, au contraire il était plutôt bien... [+]
Je suis perdu. J’ai beau me réveiller, je me retrouve toujours dans un lieu qui m’est inconnu.
Qui sont ces gens errants, le regard vide, marchant machinalement ? Ils passent devant moi, ils ne me regardent pas. Ils ne regardent personne.
- S’il vous plait ? Où suis-je ?
Un vieillard lance son chapeau devant lui et court pour le ramasser avant qu’il ne tombe, il me bouscule et me renverse sur le sol que je sens huileux. Je lâche un cri de surprise mais le vieil homme continue son étrange rituel jusqu’à ne former qu’une petite ombre lointaine et gesticulante. Je me relève et essaie de m’enlever le gras de mes mains contre un mur humide un peu crasseux pour finalement finir de m’essuyer sur mon pantalon.
- Excusez-moi, je ne sais pas quel est cet endroit, je m’appelle...
Nouvelle bousculade, un crachat s’est posé à côté de mes chaussures. Un singe arrive en courant et le lèche avec avidité. Qui sont ces êtres ? Ce sont des humains. Ils me font peur. Quand je les observe de plus près je m’aperçois qu’ils ont le teint pâle. C’est vrai qu’ils sont gris, un gris malade. Mais où suis-je ? J’ai peur qu’en fermant les yeux je me retrouve dans un endroit plus effrayant encore.
Ici, ça sent la pourriture, les fortes odeurs de poubelles et de mort me retournent l’estomac. Au bord des trottoirs, des chiens étalés là depuis plusieurs jours se décomposent. Ces gens marchent dessus sans y prêter attention et des enfants s’arrachent des morceaux et se les jettent au visage. Ils me dégoûtent. Mais comment font-ils pour supporter l’odeur ? Elle est de plus en plus forte et me soulève le cœur. Les enfants rient à cœur joie, des rires stridents à m’explosent le crâne. Je ne les supporte pas, je ne supporte pas leurs sons, je ne supporte pas les odeurs, je me retourne et déverse le contenu de mon estomac sur le trottoir. Je transpire et n’arrive plus à respirer. Je n’ai plus rien à vomir mais je continue, j’évacue le vieillard, j’évacue les chiens, les enfants, la grisaille.
- Pardon, auriez-vous un mouchoir ?
Rien. Parti.
Un homme et une femme discutent près de moi dans une langue qui ne me semble pas étrangère mais bizarrement incompréhensible. Je m’approche et tapote l’épaule de l’homme.
- Je suis désolé de vous interrompre j’ai besoin d’aide et...
L’homme continue sa conversation. Les sons en sortant de sa bouche flottent un moment dans l’air puis s’élèvent rapidement, je ne distingue toujours pas sa langue et je vois qu’il fait des gestes de la main en parlant et la femme lui répond en grinçant des dents tout en tenant un sein dans sa main. Il s’arrête de parler et tend son bras jusqu’à rencontrer la protubérance de sa compagne. Elle croasse et lui applaudit en rigolant. Ceci se répète trois fois de suite. Il lui touche le sein, elle croasse, il applaudit en s’esclaffant. Le sein, le croassement, applaudissement, gloussement...
- Alors quoi Monsieur ? Mais c’est quoi ce délire ? On ne répond pas aux personnes ? C’est quoi cette vie ici ? J’ai besoin d’aide, moi ! J’aimerais un mouchoir et je veux qu’on me parle !
Le couple se regarde sans rien dire. Quelques sons ressortent de la bouche de l’homme et la femme passe ses longs cheveux en arrière et se jette sur lui pour l’embrasser.
Mais ? Pourquoi ? Je recule contre le mur en criant. Je crie de colère, je crie de désolation, je crie de tous mes poumons juste pour le besoin de crier, je sais que personne ne se retournera, c’est tous des cons ! Un picotement se fait sentir au niveau de mon bras gauche et une douleur immense me transperce le corps. Un énorme insecte bleu ressemblant à une sauterelle s’envole de la manche de ma veste d’un air désolé. Je sens mon cerveau s’engourdir. La douleur au bras est si forte que j’en perds l’équilibre et me retrouve sur le bitume brûlant.
Les enfants de tout à l’heure, leurs bouilles sales, me fixent et m’adressent un sourire. Ils s’approchent curieusement vers moi pendant que j’agonise. De minuscules flux électriques me traversent le corps et je me sens de plus en plus léger. Au loin, derrière le groupe, un autre gamin tenant une corde reliée à un arrosoir en plastique me salue de la main d’un air espiègle. Je dois halluciner... ces enfants ont quelque chose de beau. Ils sont en vie. Et moi aussi, oui c’est sûr. Ils me regardent et me parlent avec leurs visages, ils touchent mes vêtements. Je suis bien et j’ai faim, je mangerais bien un morceau de chien maintenant.
- Bonjour, Je... je m’appelle Arthur...
Mes yeux se ferment doucement sur les rires des enfants attroupés autour de moi.
Qui sont ces gens errants, le regard vide, marchant machinalement ? Ils passent devant moi, ils ne me regardent pas. Ils ne regardent personne.
- S’il vous plait ? Où suis-je ?
Un vieillard lance son chapeau devant lui et court pour le ramasser avant qu’il ne tombe, il me bouscule et me renverse sur le sol que je sens huileux. Je lâche un cri de surprise mais le vieil homme continue son étrange rituel jusqu’à ne former qu’une petite ombre lointaine et gesticulante. Je me relève et essaie de m’enlever le gras de mes mains contre un mur humide un peu crasseux pour finalement finir de m’essuyer sur mon pantalon.
- Excusez-moi, je ne sais pas quel est cet endroit, je m’appelle...
Nouvelle bousculade, un crachat s’est posé à côté de mes chaussures. Un singe arrive en courant et le lèche avec avidité. Qui sont ces êtres ? Ce sont des humains. Ils me font peur. Quand je les observe de plus près je m’aperçois qu’ils ont le teint pâle. C’est vrai qu’ils sont gris, un gris malade. Mais où suis-je ? J’ai peur qu’en fermant les yeux je me retrouve dans un endroit plus effrayant encore.
Ici, ça sent la pourriture, les fortes odeurs de poubelles et de mort me retournent l’estomac. Au bord des trottoirs, des chiens étalés là depuis plusieurs jours se décomposent. Ces gens marchent dessus sans y prêter attention et des enfants s’arrachent des morceaux et se les jettent au visage. Ils me dégoûtent. Mais comment font-ils pour supporter l’odeur ? Elle est de plus en plus forte et me soulève le cœur. Les enfants rient à cœur joie, des rires stridents à m’explosent le crâne. Je ne les supporte pas, je ne supporte pas leurs sons, je ne supporte pas les odeurs, je me retourne et déverse le contenu de mon estomac sur le trottoir. Je transpire et n’arrive plus à respirer. Je n’ai plus rien à vomir mais je continue, j’évacue le vieillard, j’évacue les chiens, les enfants, la grisaille.
- Pardon, auriez-vous un mouchoir ?
Rien. Parti.
Un homme et une femme discutent près de moi dans une langue qui ne me semble pas étrangère mais bizarrement incompréhensible. Je m’approche et tapote l’épaule de l’homme.
- Je suis désolé de vous interrompre j’ai besoin d’aide et...
L’homme continue sa conversation. Les sons en sortant de sa bouche flottent un moment dans l’air puis s’élèvent rapidement, je ne distingue toujours pas sa langue et je vois qu’il fait des gestes de la main en parlant et la femme lui répond en grinçant des dents tout en tenant un sein dans sa main. Il s’arrête de parler et tend son bras jusqu’à rencontrer la protubérance de sa compagne. Elle croasse et lui applaudit en rigolant. Ceci se répète trois fois de suite. Il lui touche le sein, elle croasse, il applaudit en s’esclaffant. Le sein, le croassement, applaudissement, gloussement...
- Alors quoi Monsieur ? Mais c’est quoi ce délire ? On ne répond pas aux personnes ? C’est quoi cette vie ici ? J’ai besoin d’aide, moi ! J’aimerais un mouchoir et je veux qu’on me parle !
Le couple se regarde sans rien dire. Quelques sons ressortent de la bouche de l’homme et la femme passe ses longs cheveux en arrière et se jette sur lui pour l’embrasser.
Mais ? Pourquoi ? Je recule contre le mur en criant. Je crie de colère, je crie de désolation, je crie de tous mes poumons juste pour le besoin de crier, je sais que personne ne se retournera, c’est tous des cons ! Un picotement se fait sentir au niveau de mon bras gauche et une douleur immense me transperce le corps. Un énorme insecte bleu ressemblant à une sauterelle s’envole de la manche de ma veste d’un air désolé. Je sens mon cerveau s’engourdir. La douleur au bras est si forte que j’en perds l’équilibre et me retrouve sur le bitume brûlant.
Les enfants de tout à l’heure, leurs bouilles sales, me fixent et m’adressent un sourire. Ils s’approchent curieusement vers moi pendant que j’agonise. De minuscules flux électriques me traversent le corps et je me sens de plus en plus léger. Au loin, derrière le groupe, un autre gamin tenant une corde reliée à un arrosoir en plastique me salue de la main d’un air espiègle. Je dois halluciner... ces enfants ont quelque chose de beau. Ils sont en vie. Et moi aussi, oui c’est sûr. Ils me regardent et me parlent avec leurs visages, ils touchent mes vêtements. Je suis bien et j’ai faim, je mangerais bien un morceau de chien maintenant.
- Bonjour, Je... je m’appelle Arthur...
Mes yeux se ferment doucement sur les rires des enfants attroupés autour de moi.
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