Sac de nœuds

étudiant en médecine. Mon passe temps favoris c'est l'écriture. Je fais de tout du moment que j'ai la muse.

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut être les deux.»
Deux interrogations. Peut être s’agit il de la même interrogation. Ne vous y méprenez pas je ne parle pas au sens propre. Autrement, il aurait suffi que je touche mon visage de mes mains pour que mon sens du touché règle le problème posé par la question. Je sais que j’ai les yeux ouverts, là couché sur mon lit en natte. Tout autour de moi le noir. Dehors, des cries et des déchirements. Probablement une autre révolution qui vient d’éclater. Un autre dinosaure politique qui se bat pour se maintenir sur ce qui est devenu peu à peu le trône de la cupidité. Le symbole, l’objet de la haine du peuple. Comprenez que l’obscurité où je suis plongé n’est pas physique. Autrement, la lumière des feux de pneus brulés aux carrefours en signe de révolte et de contestation ne me parviendrait pas. Et pendant le temps où vous réfléchissez à la nature de l’obscurité qui m’enveloppe, je suis toujours dans le noir. Le bruit des affrontements et la lumière de pneus brulés s’est estompé. Mais ce que je vois demeure ténébreux, noir.
D’ailleurs qui suis je?
Je suis eux tous et ils sont moi. Mais plus que tout autre chose, je suis; non. Nous sommes dans l’obscurité. Parce que nous faisons mine d’avoir les yeux fermés. Je suis dans l’obscurité parce qu’ils refusent de reconnaitre leur responsabilité. Moi ce bout de terre dévasté. Dévasté par ceux qui devaient me redonner une seconde vie. Ceux là même qui refusent de reconnaitre que le chaos qui me ravage est l’œuvre de leurs mains et non celle d’une tiers personne. Quand je pense que l’un de mes frères a cogné un arbre hier avec son vélo sans frein et s’est plain du fabricant de l’engin alors que lui seul était fautif d’avoir roulé un vélo sans freins. Je me rends compte que tout est noir, que rien ne va et cela parce que personne ne veut reconnaitre que nous sommes seuls artisans de notre destin funeste. Pour nous, tout est forcement la faute de François et jamais celle d’Abdou, Kokou ou Abalo. Nous nous terrons dans un déni féroce au point de faire passer l’autruche pour un amateur. La tête perpétuellement enfoncée dans notre trou. Sauf que, celui ci est plat et lumineux et nous donne accès au monde entier en un seul mouvement de la main. Ces “trous” plats et lumineux que nous appelons écrans nous révèlent la vérité, la notre mais nous préférons les considérer comme des objets de distraction. Fait pour fuir et non confronter le réel. Nous sommes toujours dans l’obscurité parce que nous fuyons la noirceur de la réalité. Ironie nous fuyons les ténèbres de notre réalité chaotique pour ceux de l’ignorance ou d’une pseudo ignorance sans voir que c’est ce dénie qui fait de nos ténèbres chaotiques une fatalité inchangé.

D’autres pensent y voir tellement clair alors qu’en faite ils ne voient rien. Ils jouent les grands révolutionnaires mais leur vision est tout aussi assombri que celle de ceux qui font mine de ne rien voir. Guidés par l’émotion, ils deviennent sensibles à tout, comme si tout ici bas était contre eux. Ils voient Babylone dans tout ce qu’ils font et jamais rien d’autre. Ils en viennent à se demander pourquoi la couleur noire est appelée noir et pourquoi la blanche est ainsi nommée. Pourquoi Le noir est assimilé au négatif. Ils dépensent beaucoup d’énergie dans le néant le plus vide. Eux, ce sont les grands révoltés de ce monde. Ils voient partout le spectre de leur passé. Le fantôme d’un passé lugubre devenu leur seule marque d’identité. Ceux là, ce sont de vraies teignes. Toujours à critiquer et à adopter les théories les plus rocambolesques du moment qu’elles affirment qu’ils sont des victimes du système. Jamais ils ne cherchent de solutions. Toujours à se morfondre. Ceux là souffrent d’un syndrome post traumatique ancestral qui fait de leur héritage celui du peuple le plus persécuté au monde et partout où ils vont il faut qu’ils jettent un froid par leurs propos.
Encore autre chose qui rime avec obscurité, le froid.
Quand je pense que c’est à ces gens que je confie mon avenir, je me demande si un jour je sortirai de ce noir car finalement je me dis que je suis dans le noir parce qu’eux ne veulent pas en sortir. Mais alors je me dis, puisque moi j’y vois si clair que je comprends pourquoi les autres, pourquoi “je” suis dans le noir. C’est que quelque part, je ne suis plus dans le noir.
Si toute fois, noir et ignorance riment.
Erreur!!! car tout ce que je sais c’est que je ne sais rien parce que tout ce que je sais c’est ce que les autres savent probablement déjà car ils sont moi et je suis eux. Je suis comme ce médecin qui diagnostique un cancer en phase terminal et qui ne peut le guérir. En d’autres termes, je sais mais je n’y peux rien, je ne peux rien changer. Finalement je suis peut-être sorti de la couche de l’ignorance mais je suis dans celle de l’impuissance car je ne sais pas quoi faire face à ce voile épais de ténèbres qui se dresse devant moi.
Je suis dans le noir. Pourtant j’ai bel et bien les yeux ouverts. Quitte à n’y voir que du noir je préfère encore les fermer.
En fin de compte, Je suis dans le noir mais pas parce que j’ai les yeux fermés. Mes yeux je peux les ouvrir quand bon me chante. Je suis dans le noir car frappé de cécité par l’impuissance puisque je suis incapable de voir la solution. Mes pensés, mes réflexions m’emportent loin dans des gymnastiques intellectuelles complexes. Et comme le dit le principe, tout ce qui monte fini par redescendre et mon esprit en fait de même. Une boucle infinie. Tel un serpent qui mord sa propre queue, je reviens toujours au même point.
Tout ce que je peux finalement faire c’est fermer à nouveau mes yeux et me rendormir. Demain est un autre jour. Un jour où je marcherai encore dans les ténèbres. Ou alors j’y verrai plus clair!!

Soudain j’entendis des bips qui me semblèrent familier. Un peu comme le bruit des machines dans les films quand les gens sont à l’hôpital. J’étais à l’hôpital? Alors je n’avais peut-être pas fermé volontairement mes yeux. Et j’entendis une voix qui en sanglot ne cessait de répéter: « je l’ai fait, je l’ai fait. J’ai tué l’ordure qui t’a fait ça. »
Je me suis alors revu en train de traverser cette route en pleine nuit. Qu’est ce que je faisais là à cette heure? Étais ce ma faute si ces jeunes transformaient cette route en circuit de course la nuit? Certainement j’avais été fauché par cette moto qui arrivait sur moi à toute allure. Cela expliquerait pourquoi je suis dans cet hôpital. Probablement dans le coma. Et cette voix meurtrie par la douleur et teinté de haine devait être celle de mon frère. Qui avait-il tué? Celui qui m’a fauché? Comment?
Et la lumière fut. Comme si je venais de me réveiller d’un long rêve. J’étais seul dans ma chambre à mon réveil. Tout à coup la mémoire me revint. Je n’étais pas la victime à pieds de l’accident. Je suis celui qui était sur la moto. Alors où était l’autre? Avait-il survécu? Je me mis alors à crier: « où est-il? » Si fort et avec autant d’agitation que les infirmières surent que j’étais éveillé et elles vinrent me calmer en me sédatant. Cette fois quand je fermai les yeux, je revis tout l’accident. Comment j’avais évité le piéton de justesse avant de me crasher violement et perdre connaissance. Je compris alors que jusqu’à mon réveil dans ce lit d’hôpital, je m’étais imaginé être ce garçon que j’ai failli tuer. Et que toutes mes pensées étaient le résultat de mon état clinique. Je n’ai jamais pu comprendre la raison pour laquelle je m’étais imaginé tout cela ou encore pour qui je me prenais dans mon état. Peut être était ce les pensés d’un autre. Des pensés d’une autre de mes vies? Qui sait réellement ce qui se passe quand une personne est dans le coma?
L’interrogation demeure et me hante toujours mais au moins la première est levée. Je me trompais au début.
J’étais bel et bien dans le noir et j’avais les yeux fermés mais c’était parce que j’étais dans le coma.