Elle avait seize ans. Elle avait lu des romans-photos. Elle écoutait les conseils de Minie Grégoire à la TSF. Forte de ces enseignements, elle croyait savoir comment c’était l’amour. Forcément, elle se trompait !
Elle avait tant rêvé de son premier frisson. Mais l’attente impatiente durait pour la pauvrette. Encore et encore... jusqu’à ce qu’enfin...
Ce fut à la sortie d’un bal de campagne. Il était un peu plus grand qu’elle. Il était blond. Bleus les yeux, comme il se doit. Et il se tenait tout près. Vraiment très près... Pourquoi ç’avait été ce garçon-là ? Elle ne sait plus. Elle ne le connaissait pas mais il dansait si bien ! Ça doit être pour ça.
Des années après elle se souviendrait encore de son prénom : Paul.
Il y aurait un autre Paul. Plus tard. Elle serait bien plus vieille ! Un bon et bel amour...
Le premier Paul était donc là maintenant. Très près d’elle. Elle était drôlement décontenancée : que fallait-il dire ? que fallait-il faire ?... Elle ne dit rien et ne fit rien. Il fit tout et ne dit rien... Un vague sourire l’éclairait : Dieu qu’il était beau sous l’éclairage d’une lune complice !
Il s’approcha plus près et posa une main sur une de ses hanches. Tandis que l’autre se mettait derrière sa tête et l’attirait avec une sûreté et une fermeté qu’elle n’osa contredire. Car elle avait envie. Mais elle avait peur aussi. Pensant bien faire, elle se colla à lui. Elle souriait jaune.
Jusque-là tout se passait à peu près bien. C’est alors que des lèvres trop humides se posèrent sur les siennes pour les ouvrir bien trop vite. Et qu’une langue impétueuse, musclée, la força. Et voilà que sa bouche était fouillée sans façon, sans la moindre politesse. Trop chaud là-dedans. Trop mouillé. Une larve de hanneton farfouillait en elle. Ou une limace. Oui plutôt ça. Une limace. Bien épaisse. Bien garnie. Pas gênée du tout. C’était vraiment dégoutant. Pour tout dire, dégueulasse.
On lui donc aurait menti ? C’était ÇA un baiser ? Oh, l’envie de fuir ! Mais il ne fallait pas s’avouer son propre échec ! Du coup elle resta, courageuse et volontaire.
Au bout de ce vilain baiser, elle se sentit mal à l’aise, confuse : le garçon n’allait pas s’arrêter là. Jusqu’où irait-il elle ne savait pas trop l’innocente. Mais il voudrait plus, c’était certain. Alors elle s’esquiva...
Incrédulité et déception. Pas de quoi être fière. Il avait bien fallu passer par çà pourtant. Il y avait un prix à payer pour être initiée et se rassurer sur ses compétences. Il avait fallu passer par ça pour éviter les médisances et rester dans le club des copines !
- Alors ?
- Ben oui tiens, j'l’ai fait...
- Ah bon, comment c’était ?
- Euh... super... Moyen en fait.
- Ah, moi j’te dis pas... c’était tellement... !
- Tu parles, je te crois pas,
- Si je te disais tout, t’en s’rais paf ma vieille !
Puis, entourant son épaule comme si elle était sa meilleure copine et sa protectrice, l’adolescente, nettement plus grande et plus formée, dit :
- Bah t’inquiète pas, y aura mieux !
Il y eu mieux et c’est heureux. Un autre bal, un autre garçon. Qu’elle connaissait du lycée celui-là. Encore un blond. Encore des yeux bleus. Le baiser ? Mieux... puis agréable... puis... délicieusement prenant. Tant et si bien qu’elle n’y prit garde : une main se tendit vers son corsage. Passa sous les boutons du haut. S’y glissa. Subtilement. Doucement. Une main qui eut simplement le temps de chercher, plutôt adroitement, un sein. Sein qu’elle avait tout petit sous le coussinet trompeur du soutien-gorge... Elle eut honte. Car il ne fallait pas qu’il sache. Alors, dans un geste absurde de protection, elle le gifla et se sauva, penaude.
Ah non, il n’aurait pas fallu qu’il sache. Il n’aurait pas fallu qu’il ait matière à se moquer. Pire, il ne faudrait pas qu’il aille raconter ça aux copains. Tout le lycée saurait, quelle horreur !
Elle avait manqué de prudence la gourde. Et c’était trop tard... Mais, non, elle avait été prompte et rapide, voyons ! Le garçon n’avait sans doute pas eu le temps de sentir qu’elle n’avait pas... Et il n’irait sûrement pas se vanter de ce qu’une fille l’avait baffé !
Réconfortée par ses conclusions, elle se présenta le lundi matin au lycée comme si de rien n’était. Droite et fière.
Par chance il ne se moqua pas. Et ne raconta pas. Du moins n’en sut-elle jamais rien !
Elle avait tant rêvé de son premier frisson. Mais l’attente impatiente durait pour la pauvrette. Encore et encore... jusqu’à ce qu’enfin...
Ce fut à la sortie d’un bal de campagne. Il était un peu plus grand qu’elle. Il était blond. Bleus les yeux, comme il se doit. Et il se tenait tout près. Vraiment très près... Pourquoi ç’avait été ce garçon-là ? Elle ne sait plus. Elle ne le connaissait pas mais il dansait si bien ! Ça doit être pour ça.
Des années après elle se souviendrait encore de son prénom : Paul.
Il y aurait un autre Paul. Plus tard. Elle serait bien plus vieille ! Un bon et bel amour...
Le premier Paul était donc là maintenant. Très près d’elle. Elle était drôlement décontenancée : que fallait-il dire ? que fallait-il faire ?... Elle ne dit rien et ne fit rien. Il fit tout et ne dit rien... Un vague sourire l’éclairait : Dieu qu’il était beau sous l’éclairage d’une lune complice !
Il s’approcha plus près et posa une main sur une de ses hanches. Tandis que l’autre se mettait derrière sa tête et l’attirait avec une sûreté et une fermeté qu’elle n’osa contredire. Car elle avait envie. Mais elle avait peur aussi. Pensant bien faire, elle se colla à lui. Elle souriait jaune.
Jusque-là tout se passait à peu près bien. C’est alors que des lèvres trop humides se posèrent sur les siennes pour les ouvrir bien trop vite. Et qu’une langue impétueuse, musclée, la força. Et voilà que sa bouche était fouillée sans façon, sans la moindre politesse. Trop chaud là-dedans. Trop mouillé. Une larve de hanneton farfouillait en elle. Ou une limace. Oui plutôt ça. Une limace. Bien épaisse. Bien garnie. Pas gênée du tout. C’était vraiment dégoutant. Pour tout dire, dégueulasse.
On lui donc aurait menti ? C’était ÇA un baiser ? Oh, l’envie de fuir ! Mais il ne fallait pas s’avouer son propre échec ! Du coup elle resta, courageuse et volontaire.
Au bout de ce vilain baiser, elle se sentit mal à l’aise, confuse : le garçon n’allait pas s’arrêter là. Jusqu’où irait-il elle ne savait pas trop l’innocente. Mais il voudrait plus, c’était certain. Alors elle s’esquiva...
Incrédulité et déception. Pas de quoi être fière. Il avait bien fallu passer par çà pourtant. Il y avait un prix à payer pour être initiée et se rassurer sur ses compétences. Il avait fallu passer par ça pour éviter les médisances et rester dans le club des copines !
- Alors ?
- Ben oui tiens, j'l’ai fait...
- Ah bon, comment c’était ?
- Euh... super... Moyen en fait.
- Ah, moi j’te dis pas... c’était tellement... !
- Tu parles, je te crois pas,
- Si je te disais tout, t’en s’rais paf ma vieille !
Puis, entourant son épaule comme si elle était sa meilleure copine et sa protectrice, l’adolescente, nettement plus grande et plus formée, dit :
- Bah t’inquiète pas, y aura mieux !
Il y eu mieux et c’est heureux. Un autre bal, un autre garçon. Qu’elle connaissait du lycée celui-là. Encore un blond. Encore des yeux bleus. Le baiser ? Mieux... puis agréable... puis... délicieusement prenant. Tant et si bien qu’elle n’y prit garde : une main se tendit vers son corsage. Passa sous les boutons du haut. S’y glissa. Subtilement. Doucement. Une main qui eut simplement le temps de chercher, plutôt adroitement, un sein. Sein qu’elle avait tout petit sous le coussinet trompeur du soutien-gorge... Elle eut honte. Car il ne fallait pas qu’il sache. Alors, dans un geste absurde de protection, elle le gifla et se sauva, penaude.
Ah non, il n’aurait pas fallu qu’il sache. Il n’aurait pas fallu qu’il ait matière à se moquer. Pire, il ne faudrait pas qu’il aille raconter ça aux copains. Tout le lycée saurait, quelle horreur !
Elle avait manqué de prudence la gourde. Et c’était trop tard... Mais, non, elle avait été prompte et rapide, voyons ! Le garçon n’avait sans doute pas eu le temps de sentir qu’elle n’avait pas... Et il n’irait sûrement pas se vanter de ce qu’une fille l’avait baffé !
Réconfortée par ses conclusions, elle se présenta le lundi matin au lycée comme si de rien n’était. Droite et fière.
Par chance il ne se moqua pas. Et ne raconta pas. Du moins n’en sut-elle jamais rien !
c'est vrai qu'au premier baiser "avec la langue "on fait pas la fière , (sourire)
j'ai rEvécu le mien ..
que de mensonges à soi-même et aux autres pour sauver la face , un texte très explicite !
J'irai voir vos haïkus un peu plus tard.
Je vais lire le vôtre. Le racolage comme vous dites ne me plait pas non plus. J'ai même eu deux remarques regrettant que je n'avais pas voté pour un texte !
Orane
Il y a donc 11 jours : Merci Joël. Je suis contente que vous ayez apprécié l'humour car je n'étais pas sûre de mon coup ! A part mon mari, vous êtes le premier qui me donne son avis, autant dire qu'il compte. Je l'ai proposé au concours hiver... il n'est pas retenu !
Je vais lire le vôtre. Le racolage comme vous dites ne me plait pas non plus. J'ai même eu deux remarques regrettant que je n'avais pas voté pour un texte !