Un astre de feu
fuit dans l'immensité bleue
nu et solitaire
Petites confidences aux mutins pluri-pages
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Libra Dewey classe et reclasse, dispose et repose, de cote en cote, les ouvrages les plus hétéroclites.Elle accueille et oriente, conseille et pimente le lecteur néophyte.
Troubles certains, ivresses ponctuelles et errances à pas perdus à travers le labyrinthe de la B.N.F.
Jouant parfois des mauvais tours, se réservant le droit de brouiller les pistes jusqu’à la quête finale du titre-auteur recherché.
Mirages et coups de théâtre, douces erreurs et simulacres pour ces acrobates experts de la nomenclature.
Chasse d’indices à élucider, le mystère à percer des codes sur la tranche de nos mutins pluri-pages.
Mais pourtant, ces viviers à signes, de savoirs et d’intrigues sont pour Libra Dewey, des confidents assurément muets qui écoutent sans aucune réticence, ses rêves gardés et délires fantasques les plus inavoués.
Cette vie où rien ne dépasse, bien cadrée, à la rigueur ficelée dans laquelle l’ordre rayonne s’arrondie dans un tête à tête avec ses interlocuteurs de papier.
Ainsi la fantaisie s’amuse, les non-dits hurlants, au-delà de la norme, de l’ennui et du convenable.
Petite lecture chuchotée à haute voix de quelques tranches de nos silencieux pavés à la volée et aussitôt, l’inconscient se trouvant libéré :
Elle murmure et épelle les étiquettes au hasards des allées:
« P-A-R- : partir de zéro vers l’infini et se laisser surprendre, vagabondages de l’esprit, des envies de tour du monde..
C-O-M : compter les petits pois, dans une cosse de haricot en ayant parié son assiette ou un repas triptyque, haute gastronomie de préférence ou à défaut simple boui-boui pour les parieurs les plus frileux.
L-A-I : laisser tomber sans faire exprès ou en feignant la maladresse un paquet annoncé fragile, offert par une personne peu appréciée de son entourage.
S-C-U : sculpter le visage de Geronimo, sur une banane trop mûre ou tenter de faire des totems sur des pommes de terre, changeur de destin de frites copies-conformes taillées par des machines anonymes.
T-A-R : tartiner sa tartine avec un pastel jaune beurre, le pain encore chaud et la confiture aquarellée d’un rouge groseille plongeant dans le thé.
E-C-L : éclater avec une aiguille le ballon d’un enfant capricieux qui en exige un plus gros à ses parents, cruel tyran.
O-R-A : orage fracassant inattendu et choisir contre toute attente, de ne pas utiliser son parapluie. Se laisser tremper pour en rire en défiant les regards interrogateurs des passants.
E-N-V : envoyer une lettre enflammée à un inconnu en pointant du doigt une ligne au hasard dans l’annuaire, déclarant une passion secrète nourrie de brèves entrevues dans les allées de la bibliothèque. »
Elle remarque un détail, une singularité dans sa démarche, une façon particulière de feuilleter les livres, une cadence méthodique mais inhabituelle
.A chaque visite, toujours caché derrière ses petites lunettes attentives aux pages...
Et puis soudain un lundi d’automne, quittant les lignes et les points phares ponctuant chaque phrase, le temps suspendu, il s’accroche à deux feux vifs qui semblent projeter un film .
Hameçon ferrant la différence, le petit plus que l'on dit inexplicable.
Touché du regard, hésitant mais irrésistiblement attiré par un murmure inaudible, il s’approche d’elle...
Troubles certains, ivresses ponctuelles et errances à pas perdus à travers le labyrinthe de la B.N.F.
Jouant parfois des mauvais tours, se réservant le droit de brouiller les pistes jusqu’à la quête finale du titre-auteur recherché.
Mirages et coups de théâtre, douces erreurs et simulacres pour ces acrobates experts de la nomenclature.
Chasse d’indices à élucider, le mystère à percer des codes sur la tranche de nos mutins pluri-pages.
Mais pourtant, ces viviers à signes, de savoirs et d’intrigues sont pour Libra Dewey, des confidents assurément muets qui écoutent sans aucune réticence, ses rêves gardés et délires fantasques les plus inavoués.
Cette vie où rien ne dépasse, bien cadrée, à la rigueur ficelée dans laquelle l’ordre rayonne s’arrondie dans un tête à tête avec ses interlocuteurs de papier.
Ainsi la fantaisie s’amuse, les non-dits hurlants, au-delà de la norme, de l’ennui et du convenable.
Petite lecture chuchotée à haute voix de quelques tranches de nos silencieux pavés à la volée et aussitôt, l’inconscient se trouvant libéré :
Elle murmure et épelle les étiquettes au hasards des allées:
« P-A-R- : partir de zéro vers l’infini et se laisser surprendre, vagabondages de l’esprit, des envies de tour du monde..
C-O-M : compter les petits pois, dans une cosse de haricot en ayant parié son assiette ou un repas triptyque, haute gastronomie de préférence ou à défaut simple boui-boui pour les parieurs les plus frileux.
L-A-I : laisser tomber sans faire exprès ou en feignant la maladresse un paquet annoncé fragile, offert par une personne peu appréciée de son entourage.
S-C-U : sculpter le visage de Geronimo, sur une banane trop mûre ou tenter de faire des totems sur des pommes de terre, changeur de destin de frites copies-conformes taillées par des machines anonymes.
T-A-R : tartiner sa tartine avec un pastel jaune beurre, le pain encore chaud et la confiture aquarellée d’un rouge groseille plongeant dans le thé.
E-C-L : éclater avec une aiguille le ballon d’un enfant capricieux qui en exige un plus gros à ses parents, cruel tyran.
O-R-A : orage fracassant inattendu et choisir contre toute attente, de ne pas utiliser son parapluie. Se laisser tremper pour en rire en défiant les regards interrogateurs des passants.
E-N-V : envoyer une lettre enflammée à un inconnu en pointant du doigt une ligne au hasard dans l’annuaire, déclarant une passion secrète nourrie de brèves entrevues dans les allées de la bibliothèque. »
Elle remarque un détail, une singularité dans sa démarche, une façon particulière de feuilleter les livres, une cadence méthodique mais inhabituelle
.A chaque visite, toujours caché derrière ses petites lunettes attentives aux pages...
Et puis soudain un lundi d’automne, quittant les lignes et les points phares ponctuant chaque phrase, le temps suspendu, il s’accroche à deux feux vifs qui semblent projeter un film .
Hameçon ferrant la différence, le petit plus que l'on dit inexplicable.
Touché du regard, hésitant mais irrésistiblement attiré par un murmure inaudible, il s’approche d’elle...