C’est la période du quinze aout, pas un chat ne rode. Tout le monde est en vacances... Dans les boites aux lettres des cartes postales s’empilent abandonnées.
Dehors plane un ciel d’azur sans nuage. La lumière du soleil éblouissante nous illumine.
A la radio s’ébruite la chanson de l’été : un rythme entrainant facile à retenir. Tous les ans, il y en a une ! un tube comme on dit avec des sons en « o » ou en « a ».
L’été ? On l’attend toute l’année, la nostalgie de ce qui a été : la mer, la plage, les amours fugaces, les grains de sable sur les serviettes, les tongs, les diabolos menthe, les barbecues, le rosé du soir, le farniente, le monoï, la morsure du soleil sur la peau. Cette rêverie nous accompagne toute l’année. On s’y prépare psychologiquement et physiquement. Dès le début du printemps, on se rue sur les magazines avec à la une le dernier régime : Une quête de la perfection, du corps de rêve pour porter un maillot de bain digne d’une sirène.
Et voilà, enfin, il est là mais pas comme on souhaiterait.
Depuis quelques jours tout ce dont on rêvait on ne peut pas en profiter. Mélanie souhaitait tellement brunir, réchauffer sa peau au soleil mais là, elle ne peut pas. La raison ? 42 degrés à l’ombre.
Elle se terre depuis quatre jours dans le noir. Sa location ne lui profite pas. Elle ferme les volets bleus toute la journée. Elle est dans le noir total de 9 heures du matin jusqu’au soir. Elle ne peut sortir que la nuit, à la belle étoile. Puis, elle sort en boite.
C’est la fournaise. Sans bouger, elle transpire à grosses gouttes. Heureusement, le propriétaire a laissé un ventilateur. Il brasse l’air comme son collègue François ; celui-là, il doit être bien à Paris, à la fraiche, avec la climatisation. Elle rêverait même d’y retourner rien que pour la fraicheur. Cloitrée, prisonnière, pour s’échapper elle fixe les pixels miroitants de son téléphone portable et l’écran de la télé. Sur la table basse trône un petit brumisateur d’eau thermale pour sa peau. Grands ouverts, ses pores font fuir toute l’eau de son corps. A son corps défendant, au lieu de boire du rosé, elle carbure à l’eau plate : préconisation du Ministère de la santé.
A l’ombre, elle est l’ombre d’elle-même. Crevée, elle manque de sommeil. Affamée, elle voudrait manger. Elle ouvre le réfrigérateur qui l’accueille d’une lumière blafarde et d’un petit coup de frais de courte durée. Zut ! a l’intérieur deux yahourts aux fruits seulement. Pas le courage de sortir par cette chaleur de fou ! Un climat saharien, sans avion ni décalage horaire, quelle chance se dit-elle ironiquement. Le cube la regarde de façon morne.
Tout est gris dans la pénombre et son moral vire à l’anthracite. Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Elle se sent en état de siège, en mode survie. Mélanie faute de surfer sur les vagues, surfe sur le web. Ah, peut être une solution : la livraison à domicile. Comme dans un jeu vidéo, elle choisit ses articles. Clic, clic, clic chante la souris, sa seule compagne. Le site lui demande sa carte bancaire. A tâtons, elle pioche à l’aveugle dans son sac. La voilà ! Sésame ouvre toi. Le numéro, c’est fait. Le petit oiseau argenté lui fait un clin d’œil. Elle complète l’adresse puis le créneau de livraison. Ouf, voilà, elle sera livrée. Hip hip hip hourra ! une lueur d’espoir dans son cachot, son cas-chaud !!! Ne pouvant rien faire, elle s’affale dans le canapé en mode patate devant la télé. Elle regarde des navets entre deux pulvérisations, des gorgées de thé glacé et d’eau en alternance. Elle s’endort.
Son portable vibre. C’est le livreur ; elle a reçu un message : il passe dans vingt minutes. Elle se prépare ; pour elle c’est le Messie. Une personne pour la sauver, un être humain à qui parler. Tu parles de vacances... Elle s’en souviendra de la canicule.
L’inconnu sonne à la porte. Il est rouge avec des sacs plastiques accrochés aux bras : vert pour les fruits, rouge pour l’épicerie, blanc pour les surgelés. Baraqué, ses muscles luisent. Il est mignon en plus se dit Mélanie. Que calor ! elle l’accueille gaiement. Le livreur en nage est vert de rage. Il balance les sacs dans le couloir. Ses yeux font des éclairs. Le faire bosser par un temps pareil ! lui faire prendre des risques. Confuse, Mélanie s’excuse. Il dégaine son boitier : signez sur l’écran. Elle lui sourit et là, trop c’est trop. L’inconnu n’en peut plus ; il pete les plombs et la frappe violemment sur le crâne. Mélanie s’effondre sur le sol. Sous ses paupières, il fait noir avec des pixels. Elle entend un claquement de porte. Elle touche son cuir chevelu : du sang. Elle n’arrive pas à se relever. Elle a du mal tomber. Une énorme douleur à la jambe la cloue au sol. Elle a peur de se l’être cassée. C’est insupportable, à la limite de l’évanouissement. Désespérée, elle rampe. Elle attrape son téléphone portable dans sa poche puis appelle des numéros au hasard ; quelqu’un pourra la sauver. Rester calme, rester calme. Elle tend le bras et entrouvre la porte d’entrée. Au secours crie-t-elle. Pas de réponse. Une rai de lumière et une vague de chaleur s’engouffrent. Allongée par terre, suffocante, elle se liquéfie. Elle essaie quelques touches et soudain au bout du fil : Allo ?
Dehors plane un ciel d’azur sans nuage. La lumière du soleil éblouissante nous illumine.
A la radio s’ébruite la chanson de l’été : un rythme entrainant facile à retenir. Tous les ans, il y en a une ! un tube comme on dit avec des sons en « o » ou en « a ».
L’été ? On l’attend toute l’année, la nostalgie de ce qui a été : la mer, la plage, les amours fugaces, les grains de sable sur les serviettes, les tongs, les diabolos menthe, les barbecues, le rosé du soir, le farniente, le monoï, la morsure du soleil sur la peau. Cette rêverie nous accompagne toute l’année. On s’y prépare psychologiquement et physiquement. Dès le début du printemps, on se rue sur les magazines avec à la une le dernier régime : Une quête de la perfection, du corps de rêve pour porter un maillot de bain digne d’une sirène.
Et voilà, enfin, il est là mais pas comme on souhaiterait.
Depuis quelques jours tout ce dont on rêvait on ne peut pas en profiter. Mélanie souhaitait tellement brunir, réchauffer sa peau au soleil mais là, elle ne peut pas. La raison ? 42 degrés à l’ombre.
Elle se terre depuis quatre jours dans le noir. Sa location ne lui profite pas. Elle ferme les volets bleus toute la journée. Elle est dans le noir total de 9 heures du matin jusqu’au soir. Elle ne peut sortir que la nuit, à la belle étoile. Puis, elle sort en boite.
C’est la fournaise. Sans bouger, elle transpire à grosses gouttes. Heureusement, le propriétaire a laissé un ventilateur. Il brasse l’air comme son collègue François ; celui-là, il doit être bien à Paris, à la fraiche, avec la climatisation. Elle rêverait même d’y retourner rien que pour la fraicheur. Cloitrée, prisonnière, pour s’échapper elle fixe les pixels miroitants de son téléphone portable et l’écran de la télé. Sur la table basse trône un petit brumisateur d’eau thermale pour sa peau. Grands ouverts, ses pores font fuir toute l’eau de son corps. A son corps défendant, au lieu de boire du rosé, elle carbure à l’eau plate : préconisation du Ministère de la santé.
A l’ombre, elle est l’ombre d’elle-même. Crevée, elle manque de sommeil. Affamée, elle voudrait manger. Elle ouvre le réfrigérateur qui l’accueille d’une lumière blafarde et d’un petit coup de frais de courte durée. Zut ! a l’intérieur deux yahourts aux fruits seulement. Pas le courage de sortir par cette chaleur de fou ! Un climat saharien, sans avion ni décalage horaire, quelle chance se dit-elle ironiquement. Le cube la regarde de façon morne.
Tout est gris dans la pénombre et son moral vire à l’anthracite. Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Elle se sent en état de siège, en mode survie. Mélanie faute de surfer sur les vagues, surfe sur le web. Ah, peut être une solution : la livraison à domicile. Comme dans un jeu vidéo, elle choisit ses articles. Clic, clic, clic chante la souris, sa seule compagne. Le site lui demande sa carte bancaire. A tâtons, elle pioche à l’aveugle dans son sac. La voilà ! Sésame ouvre toi. Le numéro, c’est fait. Le petit oiseau argenté lui fait un clin d’œil. Elle complète l’adresse puis le créneau de livraison. Ouf, voilà, elle sera livrée. Hip hip hip hourra ! une lueur d’espoir dans son cachot, son cas-chaud !!! Ne pouvant rien faire, elle s’affale dans le canapé en mode patate devant la télé. Elle regarde des navets entre deux pulvérisations, des gorgées de thé glacé et d’eau en alternance. Elle s’endort.
Son portable vibre. C’est le livreur ; elle a reçu un message : il passe dans vingt minutes. Elle se prépare ; pour elle c’est le Messie. Une personne pour la sauver, un être humain à qui parler. Tu parles de vacances... Elle s’en souviendra de la canicule.
L’inconnu sonne à la porte. Il est rouge avec des sacs plastiques accrochés aux bras : vert pour les fruits, rouge pour l’épicerie, blanc pour les surgelés. Baraqué, ses muscles luisent. Il est mignon en plus se dit Mélanie. Que calor ! elle l’accueille gaiement. Le livreur en nage est vert de rage. Il balance les sacs dans le couloir. Ses yeux font des éclairs. Le faire bosser par un temps pareil ! lui faire prendre des risques. Confuse, Mélanie s’excuse. Il dégaine son boitier : signez sur l’écran. Elle lui sourit et là, trop c’est trop. L’inconnu n’en peut plus ; il pete les plombs et la frappe violemment sur le crâne. Mélanie s’effondre sur le sol. Sous ses paupières, il fait noir avec des pixels. Elle entend un claquement de porte. Elle touche son cuir chevelu : du sang. Elle n’arrive pas à se relever. Elle a du mal tomber. Une énorme douleur à la jambe la cloue au sol. Elle a peur de se l’être cassée. C’est insupportable, à la limite de l’évanouissement. Désespérée, elle rampe. Elle attrape son téléphone portable dans sa poche puis appelle des numéros au hasard ; quelqu’un pourra la sauver. Rester calme, rester calme. Elle tend le bras et entrouvre la porte d’entrée. Au secours crie-t-elle. Pas de réponse. Une rai de lumière et une vague de chaleur s’engouffrent. Allongée par terre, suffocante, elle se liquéfie. Elle essaie quelques touches et soudain au bout du fil : Allo ?
Je vous laisse une petite invitation, si vous le souhaitez, à un séjour tous frais payés au cœur de l'Océan Indien, dans "L'Auberge de La Fournaise"!
Bonne continuation à vous!
Et vous invite à me lire, merci !
Passez me lire à l'occasion ^^
Je participe également à Court et Noir, n'hésitez pas à me laisser un commentaire, si vous en avez envie bien sûr. https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/les-chaines-du-mal