Mon erreur

Suis je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut être les deux. Sûrement les deux. Toute ma vie n'a été peint que par cette couleur : le noir. Et elle m'aura conduit à ma perte.

J'essaie de bouger mais une douleur insoutenable se diffuse immédiatement dans tout mon corps. J'ai mal partout.

J'ai les poignets attachés et les yeux bandés. Je ne comprends pas ou plutôt je refuse de comprendre ce qu'il se passe.

Si je me fie à tous ce que j'ai pu apprendre dans ce village maudit, je suis dans un cercueil. Un cercueil fermé et couvert de terre dans lequel je devrai passer une nuit entière. Je me met à hurler de toutes mes forces. Mais aucun sort ne traverse le bandeau.

Mon cœur s'emballe, je m'éssoufle et mon corps est pris de tréssautements.

Je fais un crise d'angoisse. Je fais une crise d'angoisse ligotée enfermée dans un cercueil sûrement en plein milieu de la nuit. Je vais mourir, et pourtant je ne le veux pas, pas comme ça.

J'essaie de me calmer mais rien y fait alors je commence à penser, à penser à pourquoi je me retrouve là, pourquoi on me traite comme un monstre, que je suis peut être.



Tous assis dans le salon, nous revenions des funérailles de maman. Encore sous le choc je ne comprenais pas que celle qui occupe le plus de place dans mon cœur puisse le briser

Morte du paludisme, elle nous avait laissé Papa, mon jumeau Evan et moi. Les funérailles s'étaient déroulé au village et revenir dans cette grande maison sans elle était très dure. À seulement 16ans j'avais perdu ma mère.

Mon frère se lèva avec violence et se dirigea vers les escaliers.

Je me levai à mon tour pour le suivre.

- Je peux entrer ? Demandé-je à devant sa porte.

Un «non» sec se fit entendre. J'entrai quand même. Mon frère était là, adossé au mur, les poings taché de sang et les yeux humides.

Je me rapprochai de lui et le pris dans mes bras.

- Ne t'inquiètes pas ça va aller, essayai-je de le rassurer.

- Ça va aller ? Me hurla-t-il presque dessus. La seule personne qui se souciait de nous viens de rendre l'âme ! Et maintenant nous sommes obligés de nous contenter de ce connard qui n'en a rien a faire de nous.

- Evan !

- Non tu sais très bien que j'ai raison. Pour lui il n'y a que le boulot. On vient à peine de l'enterrer qu'il pense déjà à voyager. Il s'en fou complètement de notre douleur, de ma douleur.

- Pas moi, moi je suis et je serai toujours là pour toi ne l'oublie pas. Nous sommes né ensemble et nous mourrons ensemble tout en surmontant toutes les épreuves de cette chienne de vie.

- Ouais tu dis ça maintenant mais ce ne sera plus pareil quand tu te marieras.

- Et qui t'as dis que je me marierai ? Demandai-je.

Mon frère planta des yeux ébahis dans les miens et je me demandai ce qui m'avait prise de dire ça.

Une tension presque électrique naquit entre nous.

Je ne sais si c'est la douleur ou est ce lien indéfectible qui nous a lié mon frère et moi. Mais nos lèvres se rapprochèrent fatalement poussé par le désir de la chair.

Le baiser se fit d'abord timide. Mais plus les secondes s'égrènèrent plus notre passion se déchaînait, nos langues entamèrent une danse fougueuse, nos mains parcoururent le corps de l'autre frénétiquement.



Je fini par me calmer. Comme si me souvenir du jour où ma vie avait sombré dans les ténèbres anesthésiait mon âme.

Des images défilent dans ma tête à une vitesse indomptable, toutes aussi honteuses qu'immondes. Je ne saurais dire comment nous étions arrivés à un tel point de non retour. Évidemment nous avions lutté contre ce besoin irrépressible que nous avions d'être ensemble, de nous toucher, nous embrasser.

Evan et moi, nous étions éviter mpendant des semaines à la suite du premier baiser. Nous étions tellement chamboulés et honteux que nous ne pouvions nous tenir dans la même pièce. Mais il est bien connu que la passion de nourrit de l'interdit. Et plus nous luttions, plus le vice se faisait irrésistible.

Une nuit où notre père avait effectué un voyage d'affaire et où nous retrouvions seuls dans la maison. J'avais fait un terrible cauchemar qui m'avait fait pousser des cris à glacer le sang de mon frère.

Pris de panique Evan avait foncé dans ma chambre dans le but de me consoler et de me calmer.

Une fois que nos peaux sont entrées en contact, nous avons été pris de violents frissons. Comme si l'un comme l'autre avions reçu une décharge électrique.

Nous avons perdus notre virginité ce jour là. Nous séparer était devenu impossible, au delà de l'amour fraternel un autre amour était né. Un amour passionnel, dévastateur, et incroyablement fort.

Aux yeux de tous nous paraissions être des jumeaux un peu trop liés. Même notre père n'y avait vu que du feu. Mon frère faisait preuve d'une jalousie maladive. Et s'il arrivait qu'un homme me fasse des avances, il était très rare qu'il ne se retrouve pas à l'hôpital le jour suivant.

Nous avons continué ainsi pendant 4 années. Nous aimant en cachette et nous moquant de la nature et de ses lois stupides.

Mais tout avait basculé le jour où Papa nous avait annoncé un séjour au village pour le funérailles d'une sœur de maman.

Évidemment Evan et moi avions décidé de taire nos desirs charnels pendant toute la durée du séjour. Même si nous avions grandi à Abidjan loin du village et de toutes ses pratiques occultes, il n'en restait pas moins que l'Afrique recelait encore pas mal de mystère.

Les débuts au village avait été parfait jusqu'à ce qu'une rumeur se mette à circuler. Apparemment une sorte de sorcière avait fait un rêve dans lequel les dieux lui avait dévoilé que le village serait souillé par un amour incestueux qui se terminerait dans le sang.

Cette nouvelle nous avait rendus, tout les deux, très angoissés. Nous avions peur de nous faire prendre et de devoir subir en plus de la honte et de l'opprobre tous les rites de purification qui commençait par passé une nuit entière enterré vivant. Si le coupable d'inceste arrivait à survivre à cette nuit, cela signifiait que les dieux lui accordait une seconde chance.

Ce matin, par une concours de circonstances incroyables, il n'était rester à la cour familiale que mon frère et moi. Tout le monde étant occupée soit par les préparatifs des funérailles soit par les travaux champêtres.

Entre mon frère et moi c'était quelque chose de passionnément puissant, le sevrage forcé que nous nous étions imposé amplifiait notre besoin de satisfaire notre désir bestial.

Nous nous étions caché dans la chambre qui m'avait été attribué et nous nous étions mis à nous embrasser, nous caresser avec une telle frénésie qu'il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il se retrouve en moi.

Ma cousine était alors entré dans la pièce que nous avions oublié fermé. Le hurlement qu'elle a poussé avait ameuté tout le village. Pris d'un choc épouvantable mon père avait eu un infarctus et son cœur avait cessé de battre. Nos tantes s'étaient mise à pleurer et les villageois à nous lancer des insultes, parfois des objets.

Les sbires de la sorcière nous avait saisie pour nous envoyer chez leur maîtresse qui déciderait de notre sort. Mais sur le chemin mon frère avait tenté de s'enfuir. Dans sa course folle il n'avait pas fait attention à l'un de ses gros camion qui traversait la route au même moment et qui l'avait écrasé.

Mon cœur s'était brisé en cet instant. En plus de perdre mon père je venais de perdre mon frère et l'homme de ma vie. Avec lui a mes côtes j'aurais supporter toute la honte du monde mais sans lui je n'avais plus aucune raison d'être. La douleur à l'intérieur de moi avait été d'une telle intensité que je m'étais évanouie. Et je m'étais réveillée ici dans le noir, le noir dans lequel j'avais été toute ma vie, mais matérialisé cette fois.

Me ressasser ses souvenirs me fait prendre conscience que j'ai commise une erreur et que j'en paie le prix. Mais si je m'ensors je deviendrai une nouvelle femme.

Mon cercueil est d'abord secoué avant d'être ouvert. Mon bandeau m'est arraché et la lumière du soleil me frappe en plein visage. Je n'ai jamais vu le soleil briller aussi fort, comme une promesse d'une vie meilleure.