Moi, Juliette, 5 ans, 98 centimètres, 18 kilos et demi.

Quand j’ai parlé avec mes copines et copains dans la cour de récré lundi, on m’a demandé :

— C’est quoi ton jour préféré ?

Et ils sont tous restés la bouche ouverte avec des yeux ronds comme des grosses billes en verre parce que je leur ai dit :

— Moi, c’est le samedi matin mais quand on n’est pas en vacances.

— T’aimes pas les vacances ?

— Ben si… mais j’aime bien aussi quand on n’est pas en vacances et que c’est samedi. C’est le jour où je me lève le plus tôt, je m’habille toute seule, je prends du temps pour mon petit déjeuner et hop en voiture !

— T’as une maison à la campagne ?

— Tu vas à la mer ?

— Tu vas à la piscine ?

— Tu vas faire les courses avec tes parents ? »

Ils étaient rigolos avec leurs questions, je voyais bien qu’ils avaient envie de savoir ce qui

m’empêchait de faire la « grasse mat’ sous la couette avec des doudous partout ».

— Je joue au baby-hand à 9 heures et demie avec plein d’amis.

— C’est quoi le baby-hand ?

— On fait des jeux avec des petits ballons. Il faut bien écouter.

— Tu fais pas ce que tu veux avec un ballon ?

— Non, on est dans une grande salle, il y a des cerceaux, des maillots et beaucoup de ballons.

— La chance ! Raconte !

— D’abord, on s’assoit et on écoute Marie. C’est la dame qui nous explique tout. Elle montre ce qu’on doit faire et c’est parti !

— Tu peux courir quand même ?

— On fait que ça, c’est marrant, mais en jouant avec les autres. L’autre jour, elle a mis des cerceaux écartés les uns des autres. Il fallait porter la balle de ton cerceau au cerceau suivant mais jamais en mettre deux dans le même cerceau. Il fallait faire une passe.

— Ça dure longtemps ?

— Non, on change vite de jeu. Après, on a envoyé le ballon le plus loin possible et de plus en plus fort. Ça tire sur le bras ! On a le droit d’aller boire un petit coup et on joue à l’épervier. Alors là, faut courir vite sans se faire prendre ! Moi, je me fais toute petite dans un coin et je ne bouge pas. Les éperviers ne font pas attention à moi et ils ne me voient qu’à la fin. J’essaie de leur échapper mais je me fais attraper quand même.

— Et ça finit comme ça ?

— On finit souvent en courant vite et en faisant rebondir le ballon. C’est pas facile ! Quand c’est trop difficile, il y a aussi des filles et des garçons plus vieux que nous qui viennent nous aider ou nous dire comment faire. C’est des grands qui jouent dans des équipes le samedi ou le dimanche. On reste des fois avec papa et maman pour regarder un match en vrai.

Ce que je leur ai pas dit, c’est que je prépare mon sac avant d’aller me coucher. Pour l’école, des fois j’oublie un truc. Pour le hand, je regarde bien si j’ai tout : le short, les chaussures, ma gourde et MON ballon. J’adore jouer avec mon ballon, je le trouve beau et papa le prend souvent pour voir s’il est bien gonflé. C’est lui qui l’a choisi, je l’adore mon papa ! C’est marrant parce que je sens que maman a souvent envie de rire quand elle lui dit :

— Ta fille fait du sport et tu lui dis que c’est bien. Et toi, tu crois pas que ça te ferait du bien si tu en faisais un peu ?

Papa parle tout de suite d’autre chose comme :

— Bon, il faut que je m’occupe de la voiture et je vais voir pour changer mon portable.

Et ils se mettent à rire très fort tous les deux.

Moi, je suis contente parce que même s’ils se lèvent un peu après moi le samedi, ils sont toujours prêts pour m’emmener dans la grande salle. Et ce que j’aime par-dessus tout c’est qu’on arrive en avance parce que je peux jouer avec mon ballon sur le grand terrain. Qu’est-ce que c’est chouette !

 

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Œuvre produite dans le cadre des ateliers d’écriture organisés par le Chambray Touraine Handball