- Excusez moi, c'est bien ici pour les retours-arrières ?
- Oui, Madame. Voici le formulaire. Merci d'indiquer la date-cible de retour-arrière. N'oubliez pas de... [+]
L’impact des gouttes sur le métal faisait résonner toute la structure interne du sous-marin Deeper. La pluie tombait à torrent sur la moitié non immergée du batiment, à l'arrêt en plein coeur de l'Océan Indien.
Soudain, la roue de l'écoutille supérieur se mit à tourner jusqu'à s'immobiliser. Dans un crissement de métal, l'écoutille s'ouvrit, laissant sortir plusieurs membres d'équipage. Quatre d'entre eux sortirent en portant quelque chose de la taille d'un homme, emballé dans un tissu blanc, tel un fantôme. Ils le posèrent solennellement au sol, se découvrirent, firent silence, puis le portèrent de nouveau jusqu'à la plateforme la plus proche de la surface de l'océan. Là, ils le déposèrent sur l'eau. Le fantôme s'enfonça rapidement dans les noires profondeurs jusqu'à disparaître à la vue de tous.
Le regard encore tourné vers l'océan, le Capitaine Jonas rompit le silence : "Ainsi furent rendus les derniers hommages au Lieutement Gibson. Il vécut sous l'océan toute sa vie, qu'il y demeure en paix pour l'éternité,... amen.". Il se tourna alors brutalement vers l'équipage et s'écria : "Cependant, sa mort ne saurait être impuni. Un lâche, un traitre, un meurtrier se trouve parmi nous. Je vous invite donc tous à faire preuve de la plus grande vigilance. Tout le monde est suspect, dès votre quart de repos, rendez-vous à ma cabine pour y déposer votre témoignage. En attendant l'arrivée d'un remplaçant, le Lieutenant en second Milton prendra en charge les anciennes fonctions le Lieutenant Gibson. Rompez ! Que chacun reprenne ses activités ! Parez à l'immersion." Et l'équipage répondit en choeur : "Oui capitaine !".
Une journée et demie plus tard, à plusieurs dizaines de mètres sous la surface, seul dans sa cabine avec son repas à demi-entamé, le Capitaine Jonas lit et relit ses notes de synthèse. Le corps du Lieutenant avait été retrouvé lacéré de coups de couteaux dans le compartiment à torpilles. L'heure de sa mort a été estimé à 16h par le médecin de bord. A cette heure-ci, chaque membre d'équipage était au moins accompagné d'un autre membre, et les témoignages concordent sur les duo et trios de personnes. Ce sont d'ailleurs les co-équipiers du Lieutement Gibson qui ont repéré sa disparition en premier, permettant d'entamer très rapidement une premier recherche. Ainsi, soit il y a plusieurs complices...soit il y a un passage clandestin à bord de ce sous-marin.
Deux coups furent frappés à la porte de la cabine. "Entrez" répondit le Capitaine. L'officier de bord Gregot entra. Son teint était d'une paleur extrême.
- Le m-m-m-eurtrier a encore frappé, Ca-p-p-p-pitaine
- Qui ? Où ? Dites-moi vite, officier, et parlez plus clairement s'il vous plait
- On a retrouvé les machinistes Herbert et Lépi dans la salle des moteurs, morts étouffés ; le cuisinier et son assistant congelés dans chambre froide ; ainsi que le Lieutenant en second Milton, mon Capitaine, pendu dans sa cabine...
- Comment est-il possible que l'on ne m'ait pas prévenu avant ?!
- C'est que... d'après le médecin de bord, ces trois évènements ont eu lieu approximativement au même moment... au point qu'une rumeur commence à se répendre, Capitaine...
- Quelle rumeur ?
- Qu'il s'agit peut-être d'un phénomène surnaturel... vous savez.... une sirène des temps modernes dont nous aurions troublés le sommeil lors de notre dernière traversée...
- Mais c'est la superstition !
- Oui, Mon Capitaine,... mais vous savez, quand on vit 24 heures sur 24 dans une boite en métal... la superstition est parfois le seul moyen de tenir le coup.
- Bon, je vais voir cela.
C'est quand même étrange que le Lieutenant en second Milton fut la seconde cible, après sa reprise des missions du Lieutenant Gibson... Voyons voir... Ils avaient en charge la sécurité à bord, surveillant les salles des machines pour éviter les surrégimes et les intrusions extérieures.
"Un sabotage ! Voilà le but du meurtrier !" s'écrira le Capitaine. Au même moment, une explosion retentit au niveau de la salle des machines, faisant vibrer tout le batiment. Le Capitaine eut juste le temps de s'accrocher à un tuyau du mur pour éviter la chute. L'alarme se déclencha, des lumières rouges s'éclairèrent. Tout l'intérieur du sous-marin vibrait.
Le Capitaine sortit chancelant hors de sa cabine et se dirigea peu à peu vers la salle de pilotage. La manoeuvre de sortie était enclenchée, mais les moteurs ne réagissaient pas comme prévu. Soudain, plusieurs membres d'équipage s'évanouirent... Le Capitaine bondit vers les plus proches, leur prit le pouls... Ils étaient morts... Comme autant de crises cardiaques pouvaient-elles avoir leur aussi simultanément...
"... la sécurité de bord concerne aussi les cuisines pour éviter les intoxications...". Un hoquet le secoua. Le Capitane Jonas mit les mains à son ventre, tenta en un ultime effort de se faire vomir, sans succès... Il tomba finalement au sol, évanoui dans un sommeil de mort. Après quelques minutes, les moteurs s'arrêtèrent, enveloppant de silence le sous-marin, cercueil à la dérive au fond des mers...
Et dans ce silence, un lointain fredonnement.
" Ainsi se noient ceux qui vécurent trop longtemps sous l'eau.
Ainsi s'immolent ceux qui vécurent trop longtemps face au feu
Ainsi tombent ceux qui vécurent trop longtemps du vent
Ainsi sont recouverts ceux qui vécurent trop longtemps de la terre
Il est temps que les Eléments reprennent leur droits sur l'Homme
Après que l'Homme tenta de les maitriser
Il est temps que la Peur re-saisissent l'Homme
Après que l'Homme l'eut oublié dans sa naïveté
Ainsi l'Homme ne pourra plus user des Elements pour le Mal.
Ainsi la Justice du Ciel est rendue jusqu'au coeur des Océans"
Soudain, la roue de l'écoutille supérieur se mit à tourner jusqu'à s'immobiliser. Dans un crissement de métal, l'écoutille s'ouvrit, laissant sortir plusieurs membres d'équipage. Quatre d'entre eux sortirent en portant quelque chose de la taille d'un homme, emballé dans un tissu blanc, tel un fantôme. Ils le posèrent solennellement au sol, se découvrirent, firent silence, puis le portèrent de nouveau jusqu'à la plateforme la plus proche de la surface de l'océan. Là, ils le déposèrent sur l'eau. Le fantôme s'enfonça rapidement dans les noires profondeurs jusqu'à disparaître à la vue de tous.
Le regard encore tourné vers l'océan, le Capitaine Jonas rompit le silence : "Ainsi furent rendus les derniers hommages au Lieutement Gibson. Il vécut sous l'océan toute sa vie, qu'il y demeure en paix pour l'éternité,... amen.". Il se tourna alors brutalement vers l'équipage et s'écria : "Cependant, sa mort ne saurait être impuni. Un lâche, un traitre, un meurtrier se trouve parmi nous. Je vous invite donc tous à faire preuve de la plus grande vigilance. Tout le monde est suspect, dès votre quart de repos, rendez-vous à ma cabine pour y déposer votre témoignage. En attendant l'arrivée d'un remplaçant, le Lieutenant en second Milton prendra en charge les anciennes fonctions le Lieutenant Gibson. Rompez ! Que chacun reprenne ses activités ! Parez à l'immersion." Et l'équipage répondit en choeur : "Oui capitaine !".
Une journée et demie plus tard, à plusieurs dizaines de mètres sous la surface, seul dans sa cabine avec son repas à demi-entamé, le Capitaine Jonas lit et relit ses notes de synthèse. Le corps du Lieutenant avait été retrouvé lacéré de coups de couteaux dans le compartiment à torpilles. L'heure de sa mort a été estimé à 16h par le médecin de bord. A cette heure-ci, chaque membre d'équipage était au moins accompagné d'un autre membre, et les témoignages concordent sur les duo et trios de personnes. Ce sont d'ailleurs les co-équipiers du Lieutement Gibson qui ont repéré sa disparition en premier, permettant d'entamer très rapidement une premier recherche. Ainsi, soit il y a plusieurs complices...soit il y a un passage clandestin à bord de ce sous-marin.
Deux coups furent frappés à la porte de la cabine. "Entrez" répondit le Capitaine. L'officier de bord Gregot entra. Son teint était d'une paleur extrême.
- Le m-m-m-eurtrier a encore frappé, Ca-p-p-p-pitaine
- Qui ? Où ? Dites-moi vite, officier, et parlez plus clairement s'il vous plait
- On a retrouvé les machinistes Herbert et Lépi dans la salle des moteurs, morts étouffés ; le cuisinier et son assistant congelés dans chambre froide ; ainsi que le Lieutenant en second Milton, mon Capitaine, pendu dans sa cabine...
- Comment est-il possible que l'on ne m'ait pas prévenu avant ?!
- C'est que... d'après le médecin de bord, ces trois évènements ont eu lieu approximativement au même moment... au point qu'une rumeur commence à se répendre, Capitaine...
- Quelle rumeur ?
- Qu'il s'agit peut-être d'un phénomène surnaturel... vous savez.... une sirène des temps modernes dont nous aurions troublés le sommeil lors de notre dernière traversée...
- Mais c'est la superstition !
- Oui, Mon Capitaine,... mais vous savez, quand on vit 24 heures sur 24 dans une boite en métal... la superstition est parfois le seul moyen de tenir le coup.
- Bon, je vais voir cela.
C'est quand même étrange que le Lieutenant en second Milton fut la seconde cible, après sa reprise des missions du Lieutenant Gibson... Voyons voir... Ils avaient en charge la sécurité à bord, surveillant les salles des machines pour éviter les surrégimes et les intrusions extérieures.
"Un sabotage ! Voilà le but du meurtrier !" s'écrira le Capitaine. Au même moment, une explosion retentit au niveau de la salle des machines, faisant vibrer tout le batiment. Le Capitaine eut juste le temps de s'accrocher à un tuyau du mur pour éviter la chute. L'alarme se déclencha, des lumières rouges s'éclairèrent. Tout l'intérieur du sous-marin vibrait.
Le Capitaine sortit chancelant hors de sa cabine et se dirigea peu à peu vers la salle de pilotage. La manoeuvre de sortie était enclenchée, mais les moteurs ne réagissaient pas comme prévu. Soudain, plusieurs membres d'équipage s'évanouirent... Le Capitaine bondit vers les plus proches, leur prit le pouls... Ils étaient morts... Comme autant de crises cardiaques pouvaient-elles avoir leur aussi simultanément...
"... la sécurité de bord concerne aussi les cuisines pour éviter les intoxications...". Un hoquet le secoua. Le Capitane Jonas mit les mains à son ventre, tenta en un ultime effort de se faire vomir, sans succès... Il tomba finalement au sol, évanoui dans un sommeil de mort. Après quelques minutes, les moteurs s'arrêtèrent, enveloppant de silence le sous-marin, cercueil à la dérive au fond des mers...
Et dans ce silence, un lointain fredonnement.
" Ainsi se noient ceux qui vécurent trop longtemps sous l'eau.
Ainsi s'immolent ceux qui vécurent trop longtemps face au feu
Ainsi tombent ceux qui vécurent trop longtemps du vent
Ainsi sont recouverts ceux qui vécurent trop longtemps de la terre
Il est temps que les Eléments reprennent leur droits sur l'Homme
Après que l'Homme tenta de les maitriser
Il est temps que la Peur re-saisissent l'Homme
Après que l'Homme l'eut oublié dans sa naïveté
Ainsi l'Homme ne pourra plus user des Elements pour le Mal.
Ainsi la Justice du Ciel est rendue jusqu'au coeur des Océans"
si ça vous dit http://short-edition.com/oeuvre/tres-tres-court/differences-de-point-de-vue
Beau texte !