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Madame Edmonde
Madame Edmonde est une femme terrifiante. Non, pas une sorcière, enfin, pas à première vue... C’est une femme normale, plus très jeune, pas très vieille. Elle est toujours chiquement habillée, avec de beaux bijoux, comme on en voit luire sous les spots des luxueux étalages.
Mais, du haut de ses talons, elle voit tout, surveille tout.
Ses yeux sont pleins de glace qui vous coupe en tranches ou d’éclairs qui vous pulvérisent. Quand elle entrouvre ses lèvres rouge sang, fines comme des couteaux, les mots tombent dur, des mots rares et étranges que personne ne comprend, mais tout le monde saisit sur le champ que Madame Edmonde n’est pas contente. De toutes façons, elle n’est jamais contente, je crois. Et tout le monde s’empresse d’acquiescer et de disparaitre.
Dans le quartier, tous les enfants la saluent de loin et l’évitent. Pas question de l’approcher, de mettre un pied sur son trottoir, de respirer ses roses. D’ailleurs, je crois que ses roses n’osent pas laisser échapper leur parfum hors de la propriété de Madame Edmonde. Sa propriété, c’est sacré et elle chasse même les chats du voisinage à coups de lance d’arrosage.
Le 31 octobre, vers vingt et une heures, un groupe d’enfants venus d’un autre quartier a pénétré dans la propriété interdite. Ils étaient jeunes, il faisait noir... Ils ne savaient pas qu’on ne dérange pas Madame Emonde. Ils n’ont pas vu toutes les pancartes : « Pas de journaux », « pas de démarcheur », « Chiens et chats interdits », « Pas de publicité ». Ils étaient trop jeunes pour prendre la peine de lire toutes ces interdictions et en déduire que le terrain était miné.
En se bousculant joyeusement, ils ont franchi la haie pleine d’épines. En silence, ils se sont placés en demi-cercle devant la porte, fiers de leurs déguisements. Il y avait deux sorcières à chapeau pointu, un Dracula qui bavait du sang, un pirate aux dents noires, un squelette armé d’une faux et un gorille menaçant qui s’était mis face au bouton de la sonnette, puisqu’il était le plus grand.
- chuuut... Vous êtes prêts ?
Chacun a jeté un œil sur son panier, le gorille s’est hissé sur la pointe des pattes et il a pressé son doigt sur le bouton pendant de longues secondes avant de récupérer son équilibre. Derrière la porte, le carillon n’en finissait pas de résonner... Tout au plaisir de la fête, les créatures horribles avaient bien du mal de garder leur sérieux et de prendre un air redoutable.
D’un coup, la porte s’est ouverte...
- Des bonbons ou un sort !, a jailli en un chœur presque parfait.
Après la surprise, la foudre a jailli sans les yeux de Madame Edmonde et le tonnerre a grondé dans sa voix :
- Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? Vous avez vu l’heure ? Où sont vos parents, que je leur dise ma façon de penser ! Ah je vois, ils vous laissent courir seuls par les rues... Belle éducation !
Au fur et à mesure que Madame Edmonde vitupérait, le demi-cercle des monstres reculait. La plus petite des sorcières était au bord des larmes.
- Disparaissez de ma vue, s’écrie enfin Madame Edmonde, et que je ne vous y reprenne pas, graines de voyou.
- On s’en va, excusez-nous, Madame, dit le gorille en ramassant la baguette magique d’une des sorcières.
- Il faudrait une haie épaisse pleine d’épines, que personne ne puisse plus s’approcher de cette maison !
Alors que le gorille marmonnait entre ses dents, sans quitter des yeux la redoutable Madame Edmonde, la baguette magique lance quelques étoiles vertes.
- Viens Mélissa, c’est fini, ne pleure plus ! Regarde, voilà ta baguette !
- Je veux rentrer à la maison, c’est plus gai maintenant...
- On va continuer un peu, tu n’as presque pas de bonbons.
– J’ai pas envie, les gens sont trop méchants.
- Mais si, viens. La prochaine maison, ils seront gentils, tu verras... Et puis tu te cacheras derrière moi, OK ?
- C’est quoi, ça ?
- C’est rien, juste une branche. Attends, elle est accrochée dans ta robe... Aïe, ça pique, cette saleté ! Viens, Mélissa, partons d’ici.
Pendant que la petite troupe s’éloigne sur le trottoir, des serpents de ronce rampent dans l’allée de Madame Edmonde. Certains se lancent déjà à l’assaut de la boîte aux lettres. Le lendemain matin, toute la maison était encerclée !
Mais, du haut de ses talons, elle voit tout, surveille tout.
Ses yeux sont pleins de glace qui vous coupe en tranches ou d’éclairs qui vous pulvérisent. Quand elle entrouvre ses lèvres rouge sang, fines comme des couteaux, les mots tombent dur, des mots rares et étranges que personne ne comprend, mais tout le monde saisit sur le champ que Madame Edmonde n’est pas contente. De toutes façons, elle n’est jamais contente, je crois. Et tout le monde s’empresse d’acquiescer et de disparaitre.
Dans le quartier, tous les enfants la saluent de loin et l’évitent. Pas question de l’approcher, de mettre un pied sur son trottoir, de respirer ses roses. D’ailleurs, je crois que ses roses n’osent pas laisser échapper leur parfum hors de la propriété de Madame Edmonde. Sa propriété, c’est sacré et elle chasse même les chats du voisinage à coups de lance d’arrosage.
Le 31 octobre, vers vingt et une heures, un groupe d’enfants venus d’un autre quartier a pénétré dans la propriété interdite. Ils étaient jeunes, il faisait noir... Ils ne savaient pas qu’on ne dérange pas Madame Emonde. Ils n’ont pas vu toutes les pancartes : « Pas de journaux », « pas de démarcheur », « Chiens et chats interdits », « Pas de publicité ». Ils étaient trop jeunes pour prendre la peine de lire toutes ces interdictions et en déduire que le terrain était miné.
En se bousculant joyeusement, ils ont franchi la haie pleine d’épines. En silence, ils se sont placés en demi-cercle devant la porte, fiers de leurs déguisements. Il y avait deux sorcières à chapeau pointu, un Dracula qui bavait du sang, un pirate aux dents noires, un squelette armé d’une faux et un gorille menaçant qui s’était mis face au bouton de la sonnette, puisqu’il était le plus grand.
- chuuut... Vous êtes prêts ?
Chacun a jeté un œil sur son panier, le gorille s’est hissé sur la pointe des pattes et il a pressé son doigt sur le bouton pendant de longues secondes avant de récupérer son équilibre. Derrière la porte, le carillon n’en finissait pas de résonner... Tout au plaisir de la fête, les créatures horribles avaient bien du mal de garder leur sérieux et de prendre un air redoutable.
D’un coup, la porte s’est ouverte...
- Des bonbons ou un sort !, a jailli en un chœur presque parfait.
Après la surprise, la foudre a jailli sans les yeux de Madame Edmonde et le tonnerre a grondé dans sa voix :
- Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? Vous avez vu l’heure ? Où sont vos parents, que je leur dise ma façon de penser ! Ah je vois, ils vous laissent courir seuls par les rues... Belle éducation !
Au fur et à mesure que Madame Edmonde vitupérait, le demi-cercle des monstres reculait. La plus petite des sorcières était au bord des larmes.
- Disparaissez de ma vue, s’écrie enfin Madame Edmonde, et que je ne vous y reprenne pas, graines de voyou.
- On s’en va, excusez-nous, Madame, dit le gorille en ramassant la baguette magique d’une des sorcières.
- Il faudrait une haie épaisse pleine d’épines, que personne ne puisse plus s’approcher de cette maison !
Alors que le gorille marmonnait entre ses dents, sans quitter des yeux la redoutable Madame Edmonde, la baguette magique lance quelques étoiles vertes.
- Viens Mélissa, c’est fini, ne pleure plus ! Regarde, voilà ta baguette !
- Je veux rentrer à la maison, c’est plus gai maintenant...
- On va continuer un peu, tu n’as presque pas de bonbons.
– J’ai pas envie, les gens sont trop méchants.
- Mais si, viens. La prochaine maison, ils seront gentils, tu verras... Et puis tu te cacheras derrière moi, OK ?
- C’est quoi, ça ?
- C’est rien, juste une branche. Attends, elle est accrochée dans ta robe... Aïe, ça pique, cette saleté ! Viens, Mélissa, partons d’ici.
Pendant que la petite troupe s’éloigne sur le trottoir, des serpents de ronce rampent dans l’allée de Madame Edmonde. Certains se lancent déjà à l’assaut de la boîte aux lettres. Le lendemain matin, toute la maison était encerclée !
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