L'orphelin

Je suis Aronda toukre watèkou,étudiant en première année de médecine à l'Université de Lomé et passionné du roman.

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés  ? Peut-être les deux . Je n’arrive pas à croire à ce qui m’arrive. Pourquoi moi  ? Oh  ! Non, j’ai du mal à croire que c’est le corps de mon cher papa qui est couché, inerte sur ce lit. Donc dorénavant je serais appelé orphelin. J’aurais aimé que cela soit un rêve et qu’à mon réveil, je puisse raconter ce mauvais rêve à mon tendre père, qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me rassure en disant  : «  mon trésor , c’est juste un rêve , ton papa chéri ne va pas mourir maintenant . Prions Dieu pour qu’il éloigne ce malheur.  » Je devrais, malgré moi, accepter cette triste réalité  ; la vie venait de me faire voir son côté obscur. Je n’avais jamais vu maman pleuré, je ressentais une douleur atroce au cœur à chaque larme qu’elle coulait. Je n’avais non plus le courage de lui consoler, dire qu’elle devient soudainement veuve à 35 ans avec quatre enfants à élever était insupportable. Désormais elle sera à la fois le père et la mère de la famille. Je m’assois sur un tronc d’arbre, avec une émotion sourde, comme si rien n’existait plus au monde. Je pense aux 15ans de ma vie que j’ai passé aux cotés de mon père, je pense à ce que serait désormais ma vie sans lui, je me demande pourquoi la vie est si injuste. Je me lève, je me dirige une fois encore vers la chambre de mon père, je m’assois sur un tabouret puis je me mets à contempler son visage, on dirait qu’il était juste en train de dormir, et qu’il allait se réveiller, mais cette fois ce sommeil est éternel. J’étais toujours dans cette chambre lorsqu’une de mes tantes fit son entrée  : ₋ Viens manger Adji, tu n’as rien mangé depuis le matin. ₋ Non, je n’ai pas faim. ₋ Tu sais, ton père ne serait pas fier si tu ne manges. ₋compris, j’arrive. Dis-je pour qu’elle me laisse tranquille. Comment avoir faim lorsqu’ on a perdu la personne qu’on aime le plus au monde  ? Notre géniteur  ? Notre repère  ? Impossible. Je repense à toutes les fois où je n’ai pas su lui dire «  je t’aime  », papa je regrette, j’ai vraiment merdé. Maman vient quelques instants plus tard me demander d’aller me préparer pour la messe, le corbillard était arrivé. Je me lève, je pars dans ma chambre, j’enfile mon pantalon et un T-shirt blanc que mon père m’avait offert le mois dernier à l’occasion de mon quinzième anniversaire, je porte des lunettes noires pour dissimuler mes larmes. Mes camarades de classes étaient là pour me soutenir dans cette dure épreuve que je traversais, maman avait demandé personnellement à Charles mon ami d’enfance de venir me remonter le moral, cela me réconforte un tout petit peu. Il sonnait presque quinze heures lorsque nous sommes arrivés à l’église, la cathédrale Saint joseph. J’étais avec mon frère cadet et Christophe et Charles, les petites sœurs étaient de l’autre côté avec maman. Les collègues de services de papa, mes oncles, mes tantes, presque toute la famille était réunie. Les enfants de chœur firent leur entrée, suivie du prêtre. Après quelques chants de la chorale, le prêtre prit la parole  : «  Chers frères et sœurs en christ, la mort est une épreuve qui n’épargne personne, elle frappe les petits enfants, les jeunes et les vieux sans distinction .Mais nous enfants du père céleste, nous ne devons pas avoir peur de la mort car notre seigneur Jésus a vaincu la mort. La mort n’a plus d’effet sur nous lorsque nous avons Jésus. Dans la nuit d’hier ,03 Avril 2020, notre frère Jacques AYELO, professeur de Sciences Physiques au lycée d’ABLODE, père de quatre enfant, époux madame Célestine AYELE nous a quitté suite à une courte maladie. Prions pour le pardon de ses péchés et que Dieu l’accueille dans son royaume. Amen. » Maintenant, le moment était arrivé pour que nous, ses enfants puissions lui dire adieu. Maman et Jean le petit frère de papa viennent avec nous devant. Jean me tends un papier sur lequel il avait écrit tout un discours pour nous. Je refuse son discours. A-t-on besoin d’un discours pour dire adieu à son père  ? Non, je ne le pense pas. Un enfant de chœur vient me remettre le micro .Mes petits frères et moi, nous nous tenons les mains, maman et tonton était derrière nous, puis je commence en ces mots : « Cher papa, j’aurais aimé qu’on me dise que je rêve, que tu n’es pas parti. Je ne sais pas si on s’en sortira sans toi. Qu’allonsnous dire à ta petite princesse Tania lorsqu’elle demandera d’après toi  ? Nous croyons que tu reposes au paradis et nous te promettons que nous allons travailler dur à l’école pour que tu sois fier de nous. Tu vas nous manquer papa.  » Maman n’arrêtait pas de pleurer, Tonton ordonna à ce qu’elle n’aille pas sur le cimetière de peur qu’ elle fasse un AVC , elle fut donc ramené à la maison malgré elle. J’étais conscient que la vie sans mon papa n’allait pas être agrèable.