Jérôme avait reçu bien tardivement la lettre d’Aline… Six mois après la date prévue. Six mois avec des hauts et surtout des bas.
Aline et Jérôme s’étaient rencontrés à une fête... [+]
À cinq ans elle était très fière de prendre la ligne A3 du RER. Au départ de Cergy-Le-Haut elle partait en commando mais pour ses premiers pas elle serrait fort la main de Papa. Debout dans la rame elle vécut un petit drame et arrivée à Maisons-Laffitte elle était déconfite. Difficile pour elle d’être en liesse avec son regard au niveau des fesses. Au prochain arrêt peut-être, elle se glissera à la fenêtre.
À quinze ans, incertaine du futur, elle prit Nanterre Préfecture. Lycée, copains, professeurs, grésillaient dans ses écouteurs. Femme en devenir, une nouvelle vie à venir, elle jetait un œil furibard à ceux qui impudemment la tâtaient du regard. Elle devinait, à vue de nez, les chiches rimes de ces poètes de l’intime qui n’accordent mignonne qu’avec bonne.
Au prochain arrêt elle s’en va, et pour la suite, à Dieu va...
À cinq ans il était très fier de prendre la ligne A4 du RER. Au départ de Marne-La-Vallée-Chessy avec Maman il était parti sans souci. Rassuré par la présence maternelle, de la curiosité plein les prunelles, sur la vitre le visage plaqué, il observait les gens sur le quai. Ce premier voyage dans un train, d’autres le faisaient tous les matins, à leurs âges on connaît la routine et sa triste mine.
À quinze ans, parti de Vincennes, il ne se mettait pas encore en scène. Pas de certitude ma foi, sinon bosser pour avoir le choix. Au prochain arrêt continuer, descendre empêche d’avancer. Il s’amusa de cette piteuse vanne d’une imagination en panne. Sur le quai il cherchait l’âme sœur, il restait aux aguets côté cœur.
Au prochain arrêt s’il descend, peut-être y en a-t-il une qui l’attend...
Grâce aux rencontres journalières des lignes A3 A4 du RER à l’arrêt Gare de Lyon ils passèrent à l’action...
Une chaise disponible ? Un café ? Une conversation engagée en touillant pour ces deux cœurs bouillants. Puis des regards qui s’accrochent ; des réticences qui s’effilochent ; des échanges inévitables ; numéros de portables, adresses, promesses.
Souvent, au même arrêt, tout guillerets, ils se retrouvaient, autour d’un café.
10 h 37. C’est au départ Gare de Lyon qu’ils entrèrent en rébellion et décidèrent de changer définitivement le rythme des stations... et la rime des saisons.
Après mûres réflexions ils avaient pris un engagement officiel, désormais ils auraient beaucoup de temps devant eux, de quoi être intimidés et heureux devant ce confort inhabituel. Ils envisagèrent sans appréhension ce long chemin à parcourir ensemble car l’avenir semblait indubitablement sur de bons rails.
Assis, côte à côte, à la question posée ils avaient cérémonieusement répondu « Oui », tour à tour, devant témoins. Le contrôleur l’avait acté, ils étaient bien validés... leurs billets de TGV.
À quinze ans, incertaine du futur, elle prit Nanterre Préfecture. Lycée, copains, professeurs, grésillaient dans ses écouteurs. Femme en devenir, une nouvelle vie à venir, elle jetait un œil furibard à ceux qui impudemment la tâtaient du regard. Elle devinait, à vue de nez, les chiches rimes de ces poètes de l’intime qui n’accordent mignonne qu’avec bonne.
Au prochain arrêt elle s’en va, et pour la suite, à Dieu va...
À cinq ans il était très fier de prendre la ligne A4 du RER. Au départ de Marne-La-Vallée-Chessy avec Maman il était parti sans souci. Rassuré par la présence maternelle, de la curiosité plein les prunelles, sur la vitre le visage plaqué, il observait les gens sur le quai. Ce premier voyage dans un train, d’autres le faisaient tous les matins, à leurs âges on connaît la routine et sa triste mine.
À quinze ans, parti de Vincennes, il ne se mettait pas encore en scène. Pas de certitude ma foi, sinon bosser pour avoir le choix. Au prochain arrêt continuer, descendre empêche d’avancer. Il s’amusa de cette piteuse vanne d’une imagination en panne. Sur le quai il cherchait l’âme sœur, il restait aux aguets côté cœur.
Au prochain arrêt s’il descend, peut-être y en a-t-il une qui l’attend...
Grâce aux rencontres journalières des lignes A3 A4 du RER à l’arrêt Gare de Lyon ils passèrent à l’action...
Une chaise disponible ? Un café ? Une conversation engagée en touillant pour ces deux cœurs bouillants. Puis des regards qui s’accrochent ; des réticences qui s’effilochent ; des échanges inévitables ; numéros de portables, adresses, promesses.
Souvent, au même arrêt, tout guillerets, ils se retrouvaient, autour d’un café.
10 h 37. C’est au départ Gare de Lyon qu’ils entrèrent en rébellion et décidèrent de changer définitivement le rythme des stations... et la rime des saisons.
Après mûres réflexions ils avaient pris un engagement officiel, désormais ils auraient beaucoup de temps devant eux, de quoi être intimidés et heureux devant ce confort inhabituel. Ils envisagèrent sans appréhension ce long chemin à parcourir ensemble car l’avenir semblait indubitablement sur de bons rails.
Assis, côte à côte, à la question posée ils avaient cérémonieusement répondu « Oui », tour à tour, devant témoins. Le contrôleur l’avait acté, ils étaient bien validés... leurs billets de TGV.
http://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/croisiere-2