On lui avait bien dit de ne jamais ouvrir cette porte, pourtant il l’a poussa. Était-elle vivante, était-elle morte cette ville qui croula sous les bombardements. Elle était protégée aux quatre points cardinaux par des remparts si épais qu’ils en devinrent indestructibles. C’était comme un carré fermé dont on ne devinait rien. Il fallait pour y pénétrer passer sous l’un des porches posté sur chaque mur, seul témoin et unique ouverture vers un possible chemin. La poussière recouvrait toutes les bâtisses ou du moins ce qu’il en restait car certaines plus fières ou plus braves avaient déjoué le destin en voulant rester debout. Un chat noir traversait la courte largeur d’une ruelle. Il miaulait faiblement et parfois titubait comme un homme saoul. Il semblait ne pas savoir où il allait. Peut-être espérait-il un congénère pour se distraire ou un oiseau qui volerait. Notre homme non plus ne savait pas ce qu’il cherchait. Alors il avançait tordant ses pieds dans les gravas. Il ne savait pourquoi il emprunta ce passage qui l’emmena dans la cour d’une maison. Il y trouva sur un socle encore inachevée la forme d’un corps et des outils posés qui n’attendaient que la main de leur maître pour pouvoir le sculpter. Alors il s’approcha et comme si de rien n’était reprit la main sur cet ouvrage. L’animal s’assit et regarda les doigts qui s’afféraient pour rendre vie à ce témoin.