… Bref, comme je vous le disais, j’étais confortablement installé dans un fauteuil quand M. Stims m’a expliqué ce qu’il voulait faire avec son invention. Mais s’il vous plaît, ne me... [+]
Une femme, une arme à la main exige de moi et de mes compagnons que nous lui fournissions de bonnes raisons pour lesquelles la vie vaut la peine d'être vécue, faute de quoi elle nous exterminera.
Je me dis : C'est la question même que je me pose depuis si longtemps et maintenant me voilà contraint de fournir une réponse définitive. Si j'inventais une raison fantaisiste, peut-être aurais-je la vie sauve ? Mais si je mens, alors ma vie ne vaut vraiment pas la peine d'être vécue.
Combien de fois dans mes rêves et dans mes lectures ai-je été confronté à ce genre de situation de vie ou de mort et me suis-je convaincu que je la comprenais parfaitement, persuadé que je savais exactement ce que l'on ressentait. Et voilà que maintenant cela arrive pour de bon et je ne peux ni me réveiller ni fermer le livre.
Je sais que nous devons tous partir un jour ou l'autre, mais personne ne peut accepter que cela leur arrive à eux. La mort , ça n'arrive qu'aux autres. Quel dommage de partir par une journée aussi ensoleillée alors que le monde entier vibre de vie et que toutes les cellules de mon corps hurlent du désir de vivre. Par un jour comme celui-ci, je veux hurler " JE SUIS VIVANT !!!!! " du sommet de la plus haute montagne. Ne serait-il pas plus approprié de partir par une journée nuageuse, sans soleil, avec le ciel qui verse des larmes glacées ? Non, cela ne semble pas être le bon moment pour mourir ! Mais, quel est le bon moment pour mourir ? Comment peut-on dire que l'on a réalisé tout ce qu'il est possible d'accomplir sur cette terre ?
Pour profiter au maximum de mon existence, il faudrait vraiment que j'essaie d'entasser toute ma vie dans ces dernières minutes qui me restent, tout comme j'essayais d'accumuler toutes les informations juste avant le début des examens. Maintenant, il est temps pour moi de vivre ma vie pleinement, comme je ne me suis jamais donné la peine de le faire auparavant.
Pourtant la peur de la mort que j'éprouve en ce moment même est sans commune mesure avec la joie et la satisfaction que la vie m'a procurées jusqu'ici. Pourquoi ma vie me semble-t-elle si chère et si précieuse maintenant ? Est-ce parce que c'est seulement maintenant, au seuil de la mort, que la vision de la vie idéale m'apparaît, sans tous les faux-semblants qui m'ont déçu dans le passé, faux-semblants que seule l'imminence de la fin peut faire disparaître ? Est-ce parce que c'est seulement maintenant que je peux voir la vie telle qu'elle est réellement - débarrassée de toute la crasse qui souille et déforme son vrai visage, libérée de tous les tracas ordinaires qui rendent la vie si ennuyeuse à supporter tous les jours ?
C'est comme si, pendant le jour , la vie cachait ses traits sous des vêtements démodés et c'est seulement maintenant , à l'approche de minuit qu'elle se débarrasse de ses vieux atours et se tient devant moi dans toute sa gloire naturelle, radieuse et brillante, révélant ses secrets les plus intimes, les plus précieux et les plus beaux.
Au loin, je vois mes amis se faire achever - de toute évidence leurs réponses n'étaient pas assez bonnes. Ils ont très certainement tous utilisé comme défense "Ma vie est unique" et, ça n'a pas marché.
Mes pensées s'emballent maintenant, à la recherche désespérée d'une solution : Devrais-je indiquer des raisons différentes des leurs ? Mais je ne suis qu'une personne tout comme eux. Opter pour des raisons plus frappantes n'impliquerait-il pas que ma vie a plus de valeur que la leur ?
Mais ce bourreau, que veut-il de nous ? Des réponses honnêtes et directes ou des explications spécifiques et élaborées ? Comment peut-on justifier de son existence ? Par où commencer ? Je n'ai pas besoin et aucune raison de justifier mon passé car il est déjà fini et elle ne peut me l'enlever. Quoi qu'il en soit, je suis incapable de le changer de quelque façon que ce soit, quels que soient les regrets que je pourrais avoir au sujet de mes actions passées, et donc à quoi cela sert-il d'essayer de justifier ce qui ne peut être défait. Je ne peux pas non plus justifier mon avenir car il n'a pas encore eu lieu et il est donc de nature inconnue, sans la moindre réalité. Il s'ensuit donc que je suis simplement en mesure de justifier le moment présent et immédiat durant lequel je suis en vie.
Dois-je faire appel à son humanité, à sa compassion ? Mais, y a-t-il une entreprise plus futile que d'essayer de trouver une once de bonté dans le coeur d'un autre étranger. Qu'est-ce que la moralité après tout, si ce n'est une substance intangible et nébuleuse dont nous ne pouvons qu'espérer qu'elle a trouvé refuge dans le coeur d'un autre humain. La seule chose qui empêche un parfait inconnu de vous tirer dessus sans la moindre raison est un concept de conscience vague et sans substance invisible à l'oeil nu, ainsi qu'à tout instrument améliorant la vision. C'est tout ce sur quoi nous pouvons compter pour nous protéger du danger mortel.
C'est mon tour maintenant. J'entre et fais face à la femme. D'une voix dépourvue de toute intonation, elle m'ordonne de présenter ma défense.
Je réponds "La vie est dure, très dure parfois" et bien souvent je ne veux pas continuer à me battre contre les forces impitoyables et écrasantes. Pourtant, je veux continuer à vivre. C'est tout ce que je peux dire. Je veux vivre."
La femme me fixe avec un regard vide et impénétrable - un regard sans expression humaine, méditant sa réponse.
Au moment où elle va prononcer sa sentence; je m'éveille à la vie.
Je me dis : C'est la question même que je me pose depuis si longtemps et maintenant me voilà contraint de fournir une réponse définitive. Si j'inventais une raison fantaisiste, peut-être aurais-je la vie sauve ? Mais si je mens, alors ma vie ne vaut vraiment pas la peine d'être vécue.
Combien de fois dans mes rêves et dans mes lectures ai-je été confronté à ce genre de situation de vie ou de mort et me suis-je convaincu que je la comprenais parfaitement, persuadé que je savais exactement ce que l'on ressentait. Et voilà que maintenant cela arrive pour de bon et je ne peux ni me réveiller ni fermer le livre.
Je sais que nous devons tous partir un jour ou l'autre, mais personne ne peut accepter que cela leur arrive à eux. La mort , ça n'arrive qu'aux autres. Quel dommage de partir par une journée aussi ensoleillée alors que le monde entier vibre de vie et que toutes les cellules de mon corps hurlent du désir de vivre. Par un jour comme celui-ci, je veux hurler " JE SUIS VIVANT !!!!! " du sommet de la plus haute montagne. Ne serait-il pas plus approprié de partir par une journée nuageuse, sans soleil, avec le ciel qui verse des larmes glacées ? Non, cela ne semble pas être le bon moment pour mourir ! Mais, quel est le bon moment pour mourir ? Comment peut-on dire que l'on a réalisé tout ce qu'il est possible d'accomplir sur cette terre ?
Pour profiter au maximum de mon existence, il faudrait vraiment que j'essaie d'entasser toute ma vie dans ces dernières minutes qui me restent, tout comme j'essayais d'accumuler toutes les informations juste avant le début des examens. Maintenant, il est temps pour moi de vivre ma vie pleinement, comme je ne me suis jamais donné la peine de le faire auparavant.
Pourtant la peur de la mort que j'éprouve en ce moment même est sans commune mesure avec la joie et la satisfaction que la vie m'a procurées jusqu'ici. Pourquoi ma vie me semble-t-elle si chère et si précieuse maintenant ? Est-ce parce que c'est seulement maintenant, au seuil de la mort, que la vision de la vie idéale m'apparaît, sans tous les faux-semblants qui m'ont déçu dans le passé, faux-semblants que seule l'imminence de la fin peut faire disparaître ? Est-ce parce que c'est seulement maintenant que je peux voir la vie telle qu'elle est réellement - débarrassée de toute la crasse qui souille et déforme son vrai visage, libérée de tous les tracas ordinaires qui rendent la vie si ennuyeuse à supporter tous les jours ?
C'est comme si, pendant le jour , la vie cachait ses traits sous des vêtements démodés et c'est seulement maintenant , à l'approche de minuit qu'elle se débarrasse de ses vieux atours et se tient devant moi dans toute sa gloire naturelle, radieuse et brillante, révélant ses secrets les plus intimes, les plus précieux et les plus beaux.
Au loin, je vois mes amis se faire achever - de toute évidence leurs réponses n'étaient pas assez bonnes. Ils ont très certainement tous utilisé comme défense "Ma vie est unique" et, ça n'a pas marché.
Mes pensées s'emballent maintenant, à la recherche désespérée d'une solution : Devrais-je indiquer des raisons différentes des leurs ? Mais je ne suis qu'une personne tout comme eux. Opter pour des raisons plus frappantes n'impliquerait-il pas que ma vie a plus de valeur que la leur ?
Mais ce bourreau, que veut-il de nous ? Des réponses honnêtes et directes ou des explications spécifiques et élaborées ? Comment peut-on justifier de son existence ? Par où commencer ? Je n'ai pas besoin et aucune raison de justifier mon passé car il est déjà fini et elle ne peut me l'enlever. Quoi qu'il en soit, je suis incapable de le changer de quelque façon que ce soit, quels que soient les regrets que je pourrais avoir au sujet de mes actions passées, et donc à quoi cela sert-il d'essayer de justifier ce qui ne peut être défait. Je ne peux pas non plus justifier mon avenir car il n'a pas encore eu lieu et il est donc de nature inconnue, sans la moindre réalité. Il s'ensuit donc que je suis simplement en mesure de justifier le moment présent et immédiat durant lequel je suis en vie.
Dois-je faire appel à son humanité, à sa compassion ? Mais, y a-t-il une entreprise plus futile que d'essayer de trouver une once de bonté dans le coeur d'un autre étranger. Qu'est-ce que la moralité après tout, si ce n'est une substance intangible et nébuleuse dont nous ne pouvons qu'espérer qu'elle a trouvé refuge dans le coeur d'un autre humain. La seule chose qui empêche un parfait inconnu de vous tirer dessus sans la moindre raison est un concept de conscience vague et sans substance invisible à l'oeil nu, ainsi qu'à tout instrument améliorant la vision. C'est tout ce sur quoi nous pouvons compter pour nous protéger du danger mortel.
C'est mon tour maintenant. J'entre et fais face à la femme. D'une voix dépourvue de toute intonation, elle m'ordonne de présenter ma défense.
Je réponds "La vie est dure, très dure parfois" et bien souvent je ne veux pas continuer à me battre contre les forces impitoyables et écrasantes. Pourtant, je veux continuer à vivre. C'est tout ce que je peux dire. Je veux vivre."
La femme me fixe avec un regard vide et impénétrable - un regard sans expression humaine, méditant sa réponse.
Au moment où elle va prononcer sa sentence; je m'éveille à la vie.
Une invitation, si l'envie vous prend, pour "L'ocre de la terre". Bonne année à vous