Dans ce petit paradis, tout le monde était gentil, serviable et bien élevé.
Raptibossu avait été élu maire du pays parce que c’était un sage. La preuve : il était bossu et très petit. Mais il s’en moquait. Souvent il se plaisait à dire : « comme ça, quand je dois ramasser quelque chose par terre, je n’ai pas besoin de me baisser ». Les paysans l’aimaient bien parce qu’il était toujours souriant et qu’il leur donnait de bons conseils pour être aimable avec tout le monde et ne faire de peine à personne. En échange de ses conseils, les paysans lui apportaient de quoi se nourrir.
Nacunoeil était l’instituteur du pays. C’était un érudit. La preuve : il n’avait qu’un œil. Mais il s’en moquait. Souvent il se plaisait à dire: «comme ça, quand il faut ouvrir l’œil, j’ouvre toujours le bon». Les enfants l’aimaient bien. Il leur apprenait plein de chose : comment faire pousser les tomates et autres fruits et aussi les légumes du potager, comment planter les choux. Accessoirement il leur apprenait à lire. Il leur apprenait aussi comment devenir un bon troqueur. « Les enfants, leur disait-il, un bon troc c’est quand les deux partie sont contentes de l’échange, l’objet troqué doit être utile ou faire plaisir à celui qui le reçoit et ne pas manquer à celui qui le donne, et en compensation ce dernier doit recevoir quelque chose qui lui est utile ou qui lui fait plaisir, sans manquer à son partenaire de troc ». En travaux pratiques, les enfants allaient aider leurs parents au marché du troc, plusieurs fois par semaine. En échange de ses leçons, les paysans lui apportaient de quoi se nourrir.
Sanzunpoil était le médecin du pays. C’était un savant. La preuve : il était chauve. Mais il s’en moquait. Souvent il se plaisait à dire: « comme ça, personne ne peut venir me chercher des poux sur la tête ». Les paysans l’aimaient bien parce qu’il avait toujours le bon remède pour soigner les maladies qu’ils n’avaient que rarement. En échange de ses prescriptions, les paysans lui apportaient de quoi se nourrir.
Patefol était le facteur du pays. C’était un brave gars. La preuve : il était cul de jatte. Mais il s’en moquait. Souvent il se plaisait à dire: « comme ça, je peux distribuer le courrier ventre à terre ». Les paysans l’aimaient bien car il avait toujours un mot gentil en leur donnant leurs lettres. En échange de ses mots gentils, les paysans lui apportaient de quoi se nourrir.
Il en était ainsi de tous les habitants du pays, aussi bien la laitière que la boulangère ; aussi bien l’agriculteur que l’éleveur ; aussi bien le fermier que l’épicier ; chacun avait trouvé une raison de se réjouir de ce qu’il avait ou n’avait pas.
Un jour, un homme arriva dans le pays. Il avait deux bras, il avait deux jambes, il avait deux yeux, il avait deux oreilles, il avait des dents, il avait des cheveux, il était grand et il était... noir. Jamais on n’avait vu un tel homme dans toute la contrée. Ce fut la panique générale.
Raptibossu dut réunir tous les paysans pour leur prodiguer sa sagesse. Mais tous étaient inquiets. Nacunoeil, en érudit qu’il était dit : «il vient de loin, il doit connaître des choses que nous ignorons, il pourrait nous les apprendre, cela nous serait utile. » Cependant tous étaient inquiets. Sanzunpoil, en savant qu’il était déclara : « cet homme est robuste et en bonne santé, certains travaux pourraient lui être confiés, cela nous serait utile ». Cependant tous étaient inquiets. Patefol, en brave gars qu’il était, prit alors la parole : « regardez nous, aucun de nous n’est pareil : petit, gros, maigre, grand, chauve, borgne, édenté, sourd, aveugle, cul de jatte et bien d’autres chose, on est tous différents. On est chacun comme on est. Regardez-le, il est noir, il est comme il est, il est différent comme chacun de nous. Alors les paysans cessèrent d’être inquiets et applaudirent Patefol.
Pour accueillir le nouveau venu, ils organisèrent une grande veillée avec un barbecue, chacun apportant de quoi nourrir les autres.
Aaronn, c’était son nom, venait du Gabon. Toute la nuit, il raconta son Afrique, ses paysages, ses danses et ses chants, aux paysans médusés.
Maintenant, Aaronn faisait partie de la communauté. Il était noir, mais il s’en moquait. Souvent il se plaisait à dire : « comme ça, quand on joue à cache-cache la nuit, personne ne peut me trouver ».
Il était vraiment devenu l’un des leurs et était aussi différent que chacun d’entre eux
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