— Attrapez-le ! Attrapez-le ! Vite ! Il va nous échapper !
Dans les ruelles de Toscane Léonardo courait à perdre haleine !
Des centaines d'hommes le poursuivaient, des femmes voulaient le lyncher !
Léonardo venait d'inventer la belle-mère, la plus horrible de toutes les inventions
de son époque, qui provoquait des disputes dans les couples, des repas de familles gâchées, des vacances foutues en l'air !
Léonardo, essoufflé, se dirigea vers sa machine à remonter le temps.
Bon, il faut que je retourne à mon enfance, que je refasse ma scolarité et que je devienne un cancre, ainsi la belle-mère n'aura jamais été inventée et la fin du
monde n'aura pas lieu ! Faudra que j'explique ça à Nostradamus !

— Qui... qui a fait ça ??? Qu'est-ce que ???? Léonardo encore toi, file au piquet !

Du fond de la classe, le petit Léonardo venait de tester l'une de ses inventions, la boulette en papier et tenta de la faire voler ! Elle atterrit malencontreusement sur la tête du maître.

— Elle aurait dû traverser la classe, les murs, et retomber à cent lieux d'ici, pensa-t-il.
Je dois trouver un autre moyen de propulsion pour ce projectile.
Ainsi fût né le canon, une belle blonde pulpeuse qui tirait à tout-va, en jetant tous les boulets loin de sa maison.

Un an plus tard, en mat sup, maternelle supérieure, toujours amoureux des feuilles
de papiers qu'il griffonait sans cesse, Léonardo en plia une, lui donna la forme d'un triangle et la lança de toutes ses forces. Ce pliage effectua un vol stable et se posa sur le bureau du maître.
Le petit génie n'en savait rien, mais il venait de faire une double invention :
L'origami, dont les Japonais se sont emparée, et l'avion, pris Dassault par les Anglais.
Bien entendu, il passa toute l'année scolaire au piquet, surtout après avoir inventé
la boule puante, inspirée par le pet de son petit camarade, qu'il voulait reproduire sans être obligé d'ingurgiter des tonnes de fayots, dont le premier rang de la classe fourmillait.
Las d'être puni sans cesse, Léonardo eut l'idée de fabriquer un être semblable à lui avec des bouts de ferrailles récupérées chez les forgerons de Toscane. Pour lui donner une couleur chair, il fit appel à son petit camarade Michel-Ange, qui plus tard deviendra un peintre célèbre.

— Léonardo, ton petit robot ne fera pas illusion longtemps. Il faut que tu changes de nom, désormais, tu t'appelleras Léonard...
— Mais Papa, j'avais pensé à la Joconde !
— Ne dis pas de sottises, c'est un nom de femme...heureusement que tu as arrêté l'école, tu n'y as que des idées bizarres !
— Mais Papa je n'ai rien fait de mal, je n'y ai inventé que des petites choses rigolotes qui ne font de mal à personne !
— Oui, mais qui t'ont values un bonnet d'âne, la place du cancre, les mauvaises notes, les punitions...
— Oh ce n'est rien Papa ! Un jour l'homme inventera la guerre, la bombe atomique, des machines qui polluent...
— De quoi parles-tu ??? Qu'est-ce que c'est que ces choses bizarres ? Qui t'a mis ça en tête ? Quelle est cette obsession des inventions qui t'anime ?
— C'est Nostradamus , il a reçu la lettre que je lui ai envoyée avant que je ne monte dans ma machine à voyager dans le temps, qui a maintenant cessée d'exister car je suis trop petit et que je ne l'ai pas encore inventée, et que je vais remplacer par une vis à air qui volera dans les...
— Bon, ça suffit, j'en ai assez entendu ! Il faut que tu te changes les idées, tu ne seras pas inventeur, mais bûcheron comme ton père ! Allez, pendant que je coupe ce gros tronc d'arbre à la hache, monte sur cet arbre et coupe moi une branche avec cette lame.

Léonard pris la lame que son père lui tendit, monta sur l'arbre, et c'est ainsi que Léonard devint scie !