L'enfant d'ailleurs.

Mathématicien de formation, je suis aussi passionné tant bien par l'informatique que par littérature. La poésie, la nouvelle et le roman sont les genres sur lesquels je m'essaie.

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Moi je suis différent. Je l'ai toujours été. Pour ma mère, c'est comme si j'étais un extra-terrestre, et je suis plutôt du même avis qu'elle. Je suis constamment surpris par moi-même, surpris par mon entourage, surpris par le monde. Et ce n'est que depuis quelques jours que je comprends le pourquoi de cette triste réalité qui s'est accrochée à mon cou sans une once de consentement de ma part.
D'après ma mère, je suis un enfant adopté. C'est peut-être delà que vient tout le problème. Est-ce ma faute alors ? je me suis retrouvé contre ma volonté dans cette modeste famille. Ils ont toujours pris soin de moi, comme leur propre fils, ce fils tant cherché pendant des années et qui leur a été offert sur un plateau doré un beau soir d'hivers.
Depuis ma scolarisation, je n'avais qu'un seul objectif : les rendre heureux et fier de moi. Je l'ai toujours fait. J'ai toujours ramené d'excellentes notes à la maison. Cette intelligence me rendait différent aux yeux de tous, mais Coralie elle, me trouvait bien normal. Elle avait même réussi à me convaincre de cela si bien que moi-même je voulais déjà y croire, mais la réalité s'agrippait à mes yeux : je suis très loin d'être comme tout le monde. Comment peux-tu te dire normal quand tu te souviens de tout depuis ta naissance jusqu'à présent, de tes pleures de gamin, ton refus de t'alimenter au sein maternel ? chaque nuit, alors que tous trouvent paisiblement le sommeil, moi j'entends des voix, des sonorités bruyantes dans un dialecte assez familier, mais pas commun de mon entourage. Je ressens une énergie étrange et assez puissante qui m'attire vers un lieu qui m'est encore inconnu. Deux fois déjà, je me suis retrouvé à sauter par la fenêtre et à vadrouiller les yeux fermés vers nulle part.
Tout juste hier, je découvrais que j'avais une force anormale. C'était l'anniversaire de mes douze ans. Tonton Claude m'avait offert lors d'un diner au restaurant une arme à feu. Il disait qu'il voulait m'apprendre à m'en servir. J'étais très d'accord, mais mon père non. Il me priva de mon cadeau, et se mit à me tirer par la main pour m'obliger à rentrer. Je dois avouer que je n'ai manifesté aucune résistance, mais il fallait voir tout ce tas de muscle ne pas réussir à me faire bouger de mon siège. C'était presque hilarant. Personne ne comprenait ce qui se passait. Les ampoules illuminant la salle s'éteignirent, les luminaires s'effritèrent, les verres et assiettes s'émiettèrent, la salle du restaurant se mit à trembler, on aurait presque cru qu'un séisme pour la première fois nous rendait une petite visite de courtoisie. Tous étaient sans voix et presque apeurés par la scène.
A présent, je me sens irrésistiblement attiré vers notre grange. Cette énergie vient de là. J'ai réussi à y pénétrer, et devant moi, j'aperçois une capsule à l'intérieur de laquelle bouillonne une lave rouge, et ces bruits que j'entendais souvent reviennent. Je me vois léviter au-dessus de cette capsule, c'est presque comme un rituel, et après chaque seconde, je perçois davantage la signification de ces sonorités. J'ai ainsi une mission : conquérir le monde. J'aurais bien pu en savoir plus, mais ma mère vint mettre fin à cela, et me fit tomber. Mon atterrissage sur la coque de cette capsule me donna une blessure, ma toute première d'ailleurs. Et moi qui me savais insensible à tout, j'avais gravement mal à présent. Cependant, à peine une minute passée, ma blessure avait guérit, sous le regard perturbé de ma mère
Très vite, je n'avais plus d'intimité. Aujourd'hui, ce sont des bandes dessinées érotiques, demain, des revues de magasines féminins qu'ils saisissent. Cette attitude m'indisposait gravement. Pour me changer les idées, chaque soir vers minuit, j'allais rendre visite à Coralie. Juste trente secondes de vol, j'étais à sa fenêtre. J'aime bien la regarder s'endormir. Cela me procure une agréable sensation de bien-être.
Aujourd'hui, pour une raison que j'ignore, elle était encore éveillée, et me vis assis à sa fenêtre à la reluquer. Elle eut une peur bleue, et appela sa mère. Je crois que je réussis à fuir avant de me laisser découvrir par cette dernière. Le lendemain, lors d'un exercice de sport, je devais me laisser tomber et être rattrapé par Coralie. Elle ne le fit point. L'enseignant vexé, exigea d'elle qu'elle me relève et s'excuse. Je ressenti ce soudain désir de me venger. Alors, j'ai brisé sa main. Il fallait la voir, elle était devenue toute pâteuse, on aurait fait de la confiture avec.
Mes parents exigèrent de moi que j'aille m'excuser. Quand je m'y résous, à mon arrivée, sa maman me refuse l'entrée de sa chambre d'hôpital, et pourtant je viens en paix. Je n'aime pas les obstacles, et sur mon chemin se trouvait un. Je devais m'en débarrasser. Alors le lendemain, elle rendit l'âme.
L'école me donna deux semaines de mise à pied. Je devais en plus consulter la psychologue de l'établissement, ma tante Eunice. Elle m'avait poussé à lui dire la vérité, et était décidée à raconter que je suis un psychopathe n'éprouvant aucun remord à ma mère, et à la police. Je ne pouvais le tolérer. La nuit, j'allai lui rendre une petite visite. Mais, elle était absente et seul son mari était présent. Tant mieux. Si je m'en prenais à lui, elle n'aurait plus ce courage de tout conter. Cependant, tonton Claude me vit venir et prit fuite en voiture. Je ne pouvais le laisser indemne. Je renversai sa voiture que je fis tournoyer avant de laisser retomber. Il fallait voir son visage tout déchiqueté et son corps baignant dans ce juteux sang. Ce fus un repas esquif.
Tous ces évènements derniers, ajoutés à ce crane découvert dans ma chambre, et à mes nombreux habits couverts de sang alerta définitivement mes parents. Pour eux, c'était clair. J'étais un démon. Ils me jetèrent même en plein visage qu'ils regrettaient de m'avoir ramassé ce jour dans cette capsule.
Ils se mirent à comploter contre moi. Pour preuve, mon père m'amena au champ. Il disait vouloir passer du temps avec moi, mais en réalité, il voulait m'éliminer. Dos tourné, je senti une arme braquée sur ma nuque. Je me retourne, et c'est bien mon père. Imaginez ma déception. Sans lâcheté cette fois, il me tira dessus à plusieurs reprises, sans succès. Mon corps semblait absorber ses balles. Sa gâchette vidée, il se mit à trembloter. Il fallait le voir ramper en essayant de me fuir et me supplier d'épargner sa vie. Il fut figé lorsqu'il me vit planer au-dessus de lui. Juste un petit coup de tête, et il s'écrasa comme de la merde sur un baobab observant la scène discrètement. Puis, avec ma vision laser, je découpai son corps en petit dé, et j'avais un repas tout frais qui m'attendait. Alors d'après vous, suis-je un enfant normal ? ce qui est davantage troublant c'est ce coup de fil de ma mère.
Tu as réussi ? demandait-elle à mon père.
Non maman. Répondis-je déçu et troublé de savoir que même ma mère veut ma peau.
A mon arrivé, elle sursauta. On aurait dit que le christ lui-même l'avait surprise en train de pécher. Elle se dirigea vers moi avec un morceau de la coque de cette capsule qui me fit saigner pour la première fois, et dehors arrivait déjà la police. J'étais hors de contrôle, et déjà dans la troposphère, j'attrapai un avion en plein vol et le fis s'écraser sur cette maisonnette. C'était un spectacle éblouissant. Des cris assourdissants et réconfortants s'échappaient de l'avion. Il fallait voir ce joli feu d'artifice en ressortir. On aurait dit l'explosion de Hiroshima. Ce fut la fin. J'allai chercher Coralie.
Suis-moi. Lui dis-je. On part conquérir le monde.
D'accord. Dit-elle d'un ton enthousiaste. Soudain, deux inconnus nous abordent.
Tu as réussi ta mission. On peut s'en aller maintenant tint l'homme.
Je suis très fière de toi déclara la dame à son tour avant de nous conduire dans une sorte de capsule semblable à celle se trouvant dans notre grange, puis à nous de disparaitre à travers ce trou noir s'impatientant déjà.