Le silence est psychose.[...]

Le silence est psychose. [...]



  <<Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.>>Dans une chambre gracieusement décorée. Juste à la porte d'entrée est suspendue deux rideaux brodés de couleur blancs. Les murs sont peints en vert. Sans aucun dessin. De l'autre côté de la chambre à gauche une petite fenêtre qui donne une vue dans le petit jardin. Un peu plus loin, elle dévoile le grand caïlcédrat qui est juste en face de la rue près de la maison voisine.


Sur un grand lit en fer. Une jeune femme allongée. Elle a peut-être 26 ans. Son corps est lisse. Elle a un teint noir. Une noirceur d'ébène. Ces yeux sont fermés. Elle donne l'impression de sourire mais pourtant elle ne sourit pas. Sa bouche est finement ouverte. A peine ces dents blanches apparaissent. Dans ce vaste décor, deux corps allongés sur un grand lit. Il fait nuit. Vous dormez à côté de cette jeune femme. Sans doute, votre cousine revenue de la campagne sans prévenir, plongé au milieu de l'obscurité. Vous dormez ! D'un sommeil profond. Une sensation envahit votre corps. Vous êtes en train de dormir. L'instant suivant, vous avez l'impression d'être tombé de votre lit mais vous êtes toujours sur le lit. Vos yeux sont fermés. Vous réfléchissez ! Vous replongez dans votre sommeil. Sans vous réveillez ! Un sursaut ! Vous avez encore l'impression de tomber du lit. Pourtant, vous avez toujours les yeux fermés. Cette fois-ci plonger à nouveau dans votre sommeil, vous faites la rencontre de deux femmes dans votre rêve. Qui sont-elles ? Qu'est-ce qu'elles font ? Vous les voyez, elles se déplacent l'une d'elle pose une marmite sur le feu. Vous lancez un cri brusquement, puis un autre mais personne ne vous entend. Les cris sont entrecoupés. Vous retenez votre souffle. Ces cris n'atteignent pas le monde des vivants.

On frappe à la porte de la chambre. Entendez-vous le bruit ? Certainement pas ! Vous êtes incapable de bouger de votre lit. Quelques instants après, le bruit s'estompe. Encore un autre sursaut ! Dans ce rêve, vous avez les pieds et les mains ligotés. Vous voyez deux femmes, l'une d'elle est à côté du feu, l'autre s'approche de vous et vous dit qu'elles sont venues pour prendre votre âme. Vous prenez peur toujours, les mains et les pieds ligotés, vous vous débattez. Celle-ci, d'un air effroyable, vous regarde et se mit à rire des rires...des rires fous. Vous étiez tellement tétanisé que vous n'avez pas pu prononcer un seul mot. Vous restez inerte et inconsciente. Cette sensation, une fois de plus, est revenue plus forte. Elle donne l'impression de chuter. Vous cherchez toujours à vous accrocher à quelque chose. 


Ma grand-mère disait que:<< Makor Faye, le chef traditionnel du village des<< Fayeen>>,avait l'habitude de leur raconter cette histoire terrifiante des chasseuses d'âmes. Elles habitent dans les profondeurs de la brousse. Les <<dijnns>> , elles ont l'habitude de sortir de la brousse après la période de la moisson. Quand elles viennent, elles prenaient une apparence humaine et gare à celui qu'elles croisent sur leur chemin.>>. Elle disait un jour elles étaient venues à la place du marché dans le village de korani. Elles avaient pris une apparence humaine. Elles étaient assises sur une natte et elles avaient déposé un <<layou>>, à l'intérieur, de ce <<layou>>,elles avaient mis des cauris. Les djinns  ont proposé à la femme du roi une séance divinatoire. La reine Asia accepta qu'on lui lise son avenir. La malheureuse femme a été prise aux pièges. À la fin de la séance, de retour à la cour royale, elle tomba en syncope. Elle est restée trois jours et trois nuits à dormir. Le roi, en ces moments confus, a interdit à tous ses habitants, d'exercer cette pratique divinatoire. La reine, à son réveille au troisième jour, ouvrit ses yeux pour regarder le roi. Après quelques minutes, elle murut. Depuis ce jour personne n'ose faire, ni pratiquer une séance divinatoire dans le village de korani.Vous souvenez-vous ? il y a quelque temps vous vous étiez rendu dans un village de ce même nom me semble-t-il ? Juste à la fin de la période de la moisson pour acheter du vin de palme et des balaies pour votre mère. Vous avez trouvé les gens de ce village très chaleureux. Sur le chemin du retour, vous avez rencontré deux femmes que vous avez salué respectueusement. Après cela, vous les avez tournées le dos. Ensuite l'une d'elle vous interpella ! Vous avez presque pris peur. Elle vous a dit qu'elle veut vous prédire votre avenir. Pour vous récompenser de votre gentillesse. Elle vous prend la main, vous avez accepté. Au bout de quelques minutes de marche, elles vous ont conduit dans leur maison. Vous êtes entré avec eux dans une chambre un peu éclairer. L'une d'eux, vous invite à vous assoir sur une natte et l'autre vous prédit une aventure par le biais des cauris. D'après, elles les cauris disaient que vous allez beaucoup souffrir pour un temps mais, si vous sortez de l'aumône :  sept bougies blanches, trois colas rouges et deux colas jaunes, vous allez retrouver le bonheur durant toute votre existence. Après   ces paroles, vous les avez remerciées de leur gentillesse et vous êtes parti. À votre retour au village, vous avez oublié toutes les   recommandations   de ces femmes. Vous retombez encore dans votre sommeil. Une grande tristesse vous submerge. Vous pleurez ! Vous appelez à l'aide sans cesse mais personne ne vous entend. Vous continuez de souffrir. Un sursaut ! Vous êtes désemparé. Vous revoyez ces deux femmes. Vous leur demandez alors, qu'est-ce que vous me voulais ? Les deux répondent en même temps. Nous sommes venues prendre votre âme et elles y ajoutent nous sommes les djinns qui vivent dans la haute brousse près du village de korani. Le nom de ce village vous dit quelque chose mais vous ne vous rappeler plus. C'est effroyable ! Vous continuez de nager dans le délire. Vous retombez encore dans votre sommeil. 


Votre esprit est troué de l'intérieur. Un grand silence vous assiège, vous retournez dans ce monde intelligible. Vous entendez une voix. Une voix ! Grand-mère ! Est-ce toi ? Elle est venue vous rejoindre dans le conciliabule de ces deux <<djinns>>. Elle est venue avec sept bougies blanches, trois colas rouges et deux colas jaunes. Elle se tient à côté de vous, elle vous murmure quelques paroles...  Mais nous n'en saurons pas plus! Après cela, vous   avez repris de force, vous vous débattez, votre bouche s'ouvre et votre langue se délie. Quel miracle ! Vous parlez quelle langue ? Nous ne le connaissons pas est-ce celui des anges ? Alors, ces femmes s'affolent, elles vous implorent d'arrêter mais vous continuez. Vous continuez de prononcer ces paroles de manière très rapide. Tout à coup, Ce cercle qui vous lie avec ces deux djinns, explose. Vous êtes propulsé dans le monde des vivants. Une lumière vous envahit à travers la fenêtre qui laisse apparaitre les rayons du soleil. Vos pieds et vos bras se déplient. Vos yeux s'ouvrent. Votre nom est Anna, vous êtes une étudiante en droit. Vous travaillez comme caissière dans un supermarché. Vous meniez une vie tranquille auprès de vos parents. 



Une porte s'ouvre ! C'est la porte de l'entrée principale. Vous êtes sortie de la maison sans votre toilette matinale. Pied nu, vos cheveux débroussaillés avec une robe de couleur rougeâtre. Vous vous mettez à parcourir les rues. Oui ! Les rues de votre quartier, Mona. Les yeux ouverts. Vous nagez dans le délire. Dans votre tête tout est noir. Vous n'entendiez plus rien, ni le bruit des charrettes, ni celui des voitures. Vous continuiez de marcher vous preniez la route qui conduit vers la rivière. Après quelques détours, vous voilà devant la rivière. Vous restez immobile!