Le retour brutal à la réalité

«Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.»
Une douleur lancinante au bas-ventre me força à les réouvrir. Mais où suis-je ? Ce lit est bien trop grand pour moi. Je ne retrouve ni la lumière ni l'odeur de ma chambre. Et pourquoi ai-je l'impression que mon corps est couché sur des clous tellement j'ai mal.
Avec beaucoup de difficultés j'entrepris avec ma tête de me faire un état des lieux. Mais rien de familier ne croise mon regard et ma mémoire semble s'être formatée. Tout à coup j'apperçois sur la table de chevet un cadre photo et là tout me revient en bloc. Non lui, pas lui. Que fais-je ici? Comment y suis-je arrivée et pourquoi mon corps ne me répond pas ? Sans le vouloir mes larmes commencent à couler car je crois comprendre mais ne veut admettre que les personnes chères à mon cœur ont pu me faire cet affront.
En flashback, je revois ces derniers jours. Moi en guerre contre Dad et Mommy. La raison est pourtant simple, je suis tombée amoureuse et ai décidé de me marier. Malheureusement mon choix ne les arrangeait pas. Mon fiancé n'a pas cette fortune qui pourra nous sortir de cet état de pauvreté dans lequel nous baignons. Et pourtant il s'est évertué à composer la dot et les moyens financiers. Ils l'ont rejeté sans autre formule. Selon eux je suis trop spéciale pour souffrir. J'ai besoin d'être choyée et pour cela, ils ont trouvé notre Messi, un enfant de riche gâté jusqu'aux os, non ce n'est pas un vieux, il est de ma catégorie. Je me suis alors rebellée car pour cet homme je n'avais que du mépris. La seule raison pour laquelle il me voulait c'était pour assurer son avenir car seule une fille vierge pourrait le sauver selon les dires de son marabout or elles sont rares de nos jours et en contrepartie ma famille et moi auront la vie tant espérée. Mes parents sont tombés dans le piège car ils voient grand pour moi. Je les ai rassuré que mon fiancé m'aime et qu'ensemble nous leur sortirons de cette vie. Ils n'ont rien voulu comprendre, ils n'avaient pas toute une vie devant eux donc ne peuvent attendre. J'ai alors tenté de me suicider et ils se sont adoucis. Illusion amère car vu l'endroit où je me trouve je crois qu'ils ont utilisé les grands moyens. La veille ma mère m'a fait prendre des comprimés contre les maux de tête et je me suis assoupie dans l'immédiat mais était-ce contre les maux de tête ? D'instinct mon regard va vers ma main gauche et j'y vois un métal, oh non mon Dieu réveillez-moi de ce cauchemar. J'étais encore dans mes pensées lorsque la porte s'ouvre et l'objet de ma peur se dessine devant moi.
Dans un état second je l'entends me dire que nous avons été légalement mariés et j'y étais consentante. Et que en tant que jeune couple nous venons de consommer notre mariage et bien que frigide, il était satisfait du résultat, il est mon premier homme. Ainsi, il ne regrette pas cette fortune qu'il a gaspillé pour le plaisir de mes parents. Après avoir lâché sa bombe, il repart comme si de rien n'était m' enjoignant à prendre du repos car cette nuit sera encore plus houleuse. Si c'est un cauchemar il est temps que je me réveille. Non! Mes parents m'ont vendu et cet abruti m'a violé car jamais je n'aurai accepté que ses dégoûtantes mains me touchent. Ces douleurs que je ressentais ont laissé place à un corps vide. Je n'aurai jamais cru mes parents capables de bafouer ma dignité. N'ai-je pas le droit à mon choix de vie? Des envies de vomi me saisissent. Non, je ne pourrai plus jamais me regarder dans un miroir, mon corps me fait honte. Je me sens bafouée et sans plus de valeur.Une idée me traverse l'esprit et je me rappelle de Dieu. Que lui dirais-je ? Mais c'est plutôt à lui de me dire pourquoi il a permis que je sois vendue comme une vache au plus offrant. Pourquoi devrais-je supporter vivre aux côtés d'un homme pour lequel je n'ai aucun amour. L'amour qui m'a été enlevé car comment accepterait-il une bafouée de la vie, pourra-t-il comprendre, non, je ne comprends toujours pas moi même.
Difficilement je me lève et me rends dans la salle de bain. Une boîte à pharmacie y est comme je m'y attendais. À quoi bon vivre encore si tous nos rêves sont détruits et si plus aucune valeur n'est accordée à sa personne ?