Un nouvel enterrement de passé. Les gens ont pleuré, de la mise en bière à la mise en terre. Chacun dépose une gerbe de fleurs. On glisse un mot à la famille. Tout le monde repart. Une page se... [+]
“Libère-moi !”
Je me réveille en sursaut, me redressant dans ma couche. Un rêve ? Le bruit du vent ? L'altitude me jouerait-elle des tours ? Je sors de ma tente pour respirer. Mon esprit divague, s'imprègne des sons et odeurs de la nature qui m’entoure. Ces mélodies nocturnes sont apaisantes, la fraîcheur de l’obscurité me détend l’esprit.
Au soleil levant, l‘équipe se retrouve au coin du feu pour partager les rations.
— Pain rassis et lamelles de lard, un délice ! Annonce Tobias. Sale nuit Almur ?
— Un rêve étrange, mais l’air pur de la montagne va me changer les idées.
— J’ai attrapé deux beaux lapins ! S’exclame Elyse, de retour de la forêt.
Nous préparons les paquetages et les installons sur le mulet. Je me pose un instant pour relire les manuscrits fournis par le mage Hypogrite : la requête concerne l’exploration d’une ruine perdue au sommet des monts de Forcevent, pour y trouver un précieux artefact scellé. Il n’y a pas plus de détail... Nous verrons sur place !
Nous reprenons notre marche en longeant quelques temps un cours d’eau, avant de bifurquer pour traverser un bosquet. Les pins sous lesquels nous avançons apaisent la chaleur harassante qui émane du ciel bleu uni. Nous sommes accompagnés par le doux chant des oiseaux et le bruissement des écureuils qui nous espionnent. L’air est pur et imprégné des essences de résine.
Mon fidèle bâton m’aide à crapahuter entre les rochers escarpés qui se dressent sur notre chemin. Tobias se sert de sa hache pour garder l’équilibre et Elyse de sa lance. Le mulet s’adapte aisément au parcours, il a fait ça toute sa vie le brave animal !
Au sortir des bois, nous apercevons enfin le but de cette expédition : le Pic des Tourbillons. C’est au sommet de celui-ci que doivent se trouver les ruines. C’est pour sûr un endroit bien pratique pour y cacher des choses précieuses. Il n’y a bien que des aventuriers comme nous pour aller se perdre là-bas. Nous reprenons notre souffle, puis nous attaquons la partie la plus difficile à gravir.
A cette altitude, nous devons monter le flanc de la montagne en lacet, pour éviter de dégringoler là d’où nous venons. L’antique chemin des pèlerins que nous suivons depuis le début est difficile à discerner. Nous nous perdrions si Elyse ne veillait pas au grain.
Sans le couvert des arbres, le soleil frappe fort et nous éblouit. Là-haut dans le ciel, les aigles tourbillonnent, nous narguant d’être déjà dans les sommets. Il y en a d’ailleurs un qui se rapproche de nous. Il semble de plus en plus gros. Soudain Tobias s’exclame :
— “Par ma barbe, c’est un griffon ! Couchez-vous !”
Nous plongeons tous au sol. L’énorme bête ailée émet un cri tonitruant. N’ayant plus qu’une cible mobile, le griffon déploie ses énormes serres, s’abat sur le pauvre mulet et l’emporte comme si c’était un ballot de paille. Les hennissements de détresse poussés par la bête de somme se perdent en altitude.
Plusieurs jurons me viennent à l’esprit. Tobias en crache une flopée en tendant le point. Elyse reste sobre :
— Bon, le retour sera moins confortable...
Remis de ces émotions soudaines, nous continuons le périple tout en surveillant le ciel. Nous arpentons les flancs sinueux menant au pic depuis de longues heures. En début d’après-midi nous faisons une pause pour déguster les lapins, nos dernières denrées.
Les vents sont puissants, mais nous grimpons, encore et toujours. La douceur du parfum des fleurs sauvages atténue la pénibilité du trajet. Nous arrivons enfin dans les hauteurs. S’y trouvent des marches taillées dans la roche, une grotte ornée d’une entrée antique et croulante. Pas de doute, nous sommes aux ruines citées dans les parchemins !
A l’intérieur, une vaste cavité de pierre grise est creusée. Des colonnes sculptées portent le plafond. Le vent passe dans des trous percés, émettant un son guttural, comme un chœur cérémonieux et apaisant. J'analyse les fresques sculptées sur les parois. Elles semblent décrire un rituel ancien, lié au vent. A la fin de l’une d’elles, y est dessiné quelque chose d’enchaîné. J’aimerais approfondir le sujet, mais les deux autres s’avancent déjà vers la seconde cavité.
Celle-là est similaire mais beaucoup plus vaste. Au plafond, un trou béant est aménagé, menant vers le ciel. Quel travail colossal ! Cela doit être la pointe du Pic des Tourbillons. Au centre sous l’ouverture, se trouve un autel. Sur ce dernier est posé une amphore de la taille d’un homme. Est-ce l’artéfact ? Je lis la déception dans les yeux de mes camarades : il va falloir se coltiner à porter cette amphore sur tout le trajet du retour... et aucun trésor à piller !
Je sens la motivation générale en chute libre. J’amorce le premier pas vers l’autel. Les autres me suivent malgré tout. Grosse erreur. Un puissant souffle se fait entendre. Je me sens repoussé vers la droite.
Plusieurs jurons me viennent à l’esprit. Tobias en crache une flopée en tentant de s’accrocher au mur. Elyse reste sobre :
— On est dans la merde !
Rapidement, la bourrasque qui nous pousse prend de la vitesse. Je comprends qu’un courant ascendant va tout bonnement nous éjecter des lieux par le sommet de la montagne. J’ai un mauvais pressentiment concernant l’atterrissage...
Nos pieds ne touchent plus le sol, nous commençons à tourner autour de l’autel, happés par le tourbillon. Aucun de nous n’arrive à trouver de solution ! Lorsqu’enfin... Je me dis... essayons !
— Il faut briser l’amphore ! Je m’exclame.
Pour appuyer mon hypothèse, je jette de toutes mes forces mon bâton vers l’autel. Il touche le récipient ! Celui-ci oscille, avant de se figer, droit comme un i. Elyse tente à son tour, même résultat. Tobias est notre dernier espoir : emporté par le vent, il commence à rouler-bouler sur lui-même, empoignant fermement sa hache. Il tourne de plus en plus vite, puis finalement lance son arme, qui par chance file droit sur l’objectif !
L’amphore éclate en mille morceaux, projetés dans toutes les directions. Les vents qui nous malmenaient sont alors aspirés vers le centre de la pièce, nous posant doucement sur le parvis de l’autel. Tout de volutes et de spirales, se forme sous nos yeux ébahis une entité humanoïde : un élémentaire d’air !
Ce dernier nous observe et s’incline doucement vers nous, comme pour nous remercier de l’avoir libéré. Nous nous redressons et l’observons, sans trop savoir quoi faire.
— Est-ce qu'il exauce les vœux ? Suggère Elyse.
— Ce n’est pas un Djinn, je précise, mais peut-être qu’il peut nous rendre service.
L’entité hausse les épaules. Je propose à Tobias de faire en premier sa suggestion, étant le sauveur.
— Je veux les plumes du croupion du griffon qui nous a pourri notre journée, pour m’en faire une coiffe !
Je suis affligé par la demande. L’élémentaire semble avoir compris, amusé. Il disparaît dans un tourbillon vers le trou du sommet. Il revient peu de temps après, offrant à Tobias de longues et magnifiques plumes de la taille d’un bras.
— Moi j’aimerais un trésor, des richesses ! Tente Elyse.
La créature émet la même réaction et revient quelques instants plus tard dans une cacophonie de tintements. A sa suite, portés par les vents, une quantité astronomique de pierres précieuses. Nous sommes époustouflés !
L’élémentaire se tourne alors vers moi. Je réponds bêtement :
— Je veux quitter ces fichus montagnes, retourner au village.
Nous sommes alors soulevés de terres, puis emportés avec une telle vélocité que le souffle nous est coupé. Les paysages défilent à une vitesse ahurissante. En un rien de temps nous nous retrouvons près du village d’Escarpied, d’où nous étions partis. Le monceau de pierres précieuses nous a suivi, Elyse les inspecte, en extase.
L’élémentaire nous fait un nouveau signe de tête en guise de remerciement, avant de s’envoler, laissant derrière lui un nuage de poussière. Nous le regardons disparaître dans le ciel, complètement hallucinés par ce qu’il vient de se passer.
Tobias reste songeur. Elyse scrute le ciel. J’annonce :
— Mes amis, nous avons une nouvelle vie à commencer !...
Je me réveille en sursaut, me redressant dans ma couche. Un rêve ? Le bruit du vent ? L'altitude me jouerait-elle des tours ? Je sors de ma tente pour respirer. Mon esprit divague, s'imprègne des sons et odeurs de la nature qui m’entoure. Ces mélodies nocturnes sont apaisantes, la fraîcheur de l’obscurité me détend l’esprit.
Au soleil levant, l‘équipe se retrouve au coin du feu pour partager les rations.
— Pain rassis et lamelles de lard, un délice ! Annonce Tobias. Sale nuit Almur ?
— Un rêve étrange, mais l’air pur de la montagne va me changer les idées.
— J’ai attrapé deux beaux lapins ! S’exclame Elyse, de retour de la forêt.
Nous préparons les paquetages et les installons sur le mulet. Je me pose un instant pour relire les manuscrits fournis par le mage Hypogrite : la requête concerne l’exploration d’une ruine perdue au sommet des monts de Forcevent, pour y trouver un précieux artefact scellé. Il n’y a pas plus de détail... Nous verrons sur place !
Nous reprenons notre marche en longeant quelques temps un cours d’eau, avant de bifurquer pour traverser un bosquet. Les pins sous lesquels nous avançons apaisent la chaleur harassante qui émane du ciel bleu uni. Nous sommes accompagnés par le doux chant des oiseaux et le bruissement des écureuils qui nous espionnent. L’air est pur et imprégné des essences de résine.
Mon fidèle bâton m’aide à crapahuter entre les rochers escarpés qui se dressent sur notre chemin. Tobias se sert de sa hache pour garder l’équilibre et Elyse de sa lance. Le mulet s’adapte aisément au parcours, il a fait ça toute sa vie le brave animal !
Au sortir des bois, nous apercevons enfin le but de cette expédition : le Pic des Tourbillons. C’est au sommet de celui-ci que doivent se trouver les ruines. C’est pour sûr un endroit bien pratique pour y cacher des choses précieuses. Il n’y a bien que des aventuriers comme nous pour aller se perdre là-bas. Nous reprenons notre souffle, puis nous attaquons la partie la plus difficile à gravir.
A cette altitude, nous devons monter le flanc de la montagne en lacet, pour éviter de dégringoler là d’où nous venons. L’antique chemin des pèlerins que nous suivons depuis le début est difficile à discerner. Nous nous perdrions si Elyse ne veillait pas au grain.
Sans le couvert des arbres, le soleil frappe fort et nous éblouit. Là-haut dans le ciel, les aigles tourbillonnent, nous narguant d’être déjà dans les sommets. Il y en a d’ailleurs un qui se rapproche de nous. Il semble de plus en plus gros. Soudain Tobias s’exclame :
— “Par ma barbe, c’est un griffon ! Couchez-vous !”
Nous plongeons tous au sol. L’énorme bête ailée émet un cri tonitruant. N’ayant plus qu’une cible mobile, le griffon déploie ses énormes serres, s’abat sur le pauvre mulet et l’emporte comme si c’était un ballot de paille. Les hennissements de détresse poussés par la bête de somme se perdent en altitude.
Plusieurs jurons me viennent à l’esprit. Tobias en crache une flopée en tendant le point. Elyse reste sobre :
— Bon, le retour sera moins confortable...
Remis de ces émotions soudaines, nous continuons le périple tout en surveillant le ciel. Nous arpentons les flancs sinueux menant au pic depuis de longues heures. En début d’après-midi nous faisons une pause pour déguster les lapins, nos dernières denrées.
Les vents sont puissants, mais nous grimpons, encore et toujours. La douceur du parfum des fleurs sauvages atténue la pénibilité du trajet. Nous arrivons enfin dans les hauteurs. S’y trouvent des marches taillées dans la roche, une grotte ornée d’une entrée antique et croulante. Pas de doute, nous sommes aux ruines citées dans les parchemins !
A l’intérieur, une vaste cavité de pierre grise est creusée. Des colonnes sculptées portent le plafond. Le vent passe dans des trous percés, émettant un son guttural, comme un chœur cérémonieux et apaisant. J'analyse les fresques sculptées sur les parois. Elles semblent décrire un rituel ancien, lié au vent. A la fin de l’une d’elles, y est dessiné quelque chose d’enchaîné. J’aimerais approfondir le sujet, mais les deux autres s’avancent déjà vers la seconde cavité.
Celle-là est similaire mais beaucoup plus vaste. Au plafond, un trou béant est aménagé, menant vers le ciel. Quel travail colossal ! Cela doit être la pointe du Pic des Tourbillons. Au centre sous l’ouverture, se trouve un autel. Sur ce dernier est posé une amphore de la taille d’un homme. Est-ce l’artéfact ? Je lis la déception dans les yeux de mes camarades : il va falloir se coltiner à porter cette amphore sur tout le trajet du retour... et aucun trésor à piller !
Je sens la motivation générale en chute libre. J’amorce le premier pas vers l’autel. Les autres me suivent malgré tout. Grosse erreur. Un puissant souffle se fait entendre. Je me sens repoussé vers la droite.
Plusieurs jurons me viennent à l’esprit. Tobias en crache une flopée en tentant de s’accrocher au mur. Elyse reste sobre :
— On est dans la merde !
Rapidement, la bourrasque qui nous pousse prend de la vitesse. Je comprends qu’un courant ascendant va tout bonnement nous éjecter des lieux par le sommet de la montagne. J’ai un mauvais pressentiment concernant l’atterrissage...
Nos pieds ne touchent plus le sol, nous commençons à tourner autour de l’autel, happés par le tourbillon. Aucun de nous n’arrive à trouver de solution ! Lorsqu’enfin... Je me dis... essayons !
— Il faut briser l’amphore ! Je m’exclame.
Pour appuyer mon hypothèse, je jette de toutes mes forces mon bâton vers l’autel. Il touche le récipient ! Celui-ci oscille, avant de se figer, droit comme un i. Elyse tente à son tour, même résultat. Tobias est notre dernier espoir : emporté par le vent, il commence à rouler-bouler sur lui-même, empoignant fermement sa hache. Il tourne de plus en plus vite, puis finalement lance son arme, qui par chance file droit sur l’objectif !
L’amphore éclate en mille morceaux, projetés dans toutes les directions. Les vents qui nous malmenaient sont alors aspirés vers le centre de la pièce, nous posant doucement sur le parvis de l’autel. Tout de volutes et de spirales, se forme sous nos yeux ébahis une entité humanoïde : un élémentaire d’air !
Ce dernier nous observe et s’incline doucement vers nous, comme pour nous remercier de l’avoir libéré. Nous nous redressons et l’observons, sans trop savoir quoi faire.
— Est-ce qu'il exauce les vœux ? Suggère Elyse.
— Ce n’est pas un Djinn, je précise, mais peut-être qu’il peut nous rendre service.
L’entité hausse les épaules. Je propose à Tobias de faire en premier sa suggestion, étant le sauveur.
— Je veux les plumes du croupion du griffon qui nous a pourri notre journée, pour m’en faire une coiffe !
Je suis affligé par la demande. L’élémentaire semble avoir compris, amusé. Il disparaît dans un tourbillon vers le trou du sommet. Il revient peu de temps après, offrant à Tobias de longues et magnifiques plumes de la taille d’un bras.
— Moi j’aimerais un trésor, des richesses ! Tente Elyse.
La créature émet la même réaction et revient quelques instants plus tard dans une cacophonie de tintements. A sa suite, portés par les vents, une quantité astronomique de pierres précieuses. Nous sommes époustouflés !
L’élémentaire se tourne alors vers moi. Je réponds bêtement :
— Je veux quitter ces fichus montagnes, retourner au village.
Nous sommes alors soulevés de terres, puis emportés avec une telle vélocité que le souffle nous est coupé. Les paysages défilent à une vitesse ahurissante. En un rien de temps nous nous retrouvons près du village d’Escarpied, d’où nous étions partis. Le monceau de pierres précieuses nous a suivi, Elyse les inspecte, en extase.
L’élémentaire nous fait un nouveau signe de tête en guise de remerciement, avant de s’envoler, laissant derrière lui un nuage de poussière. Nous le regardons disparaître dans le ciel, complètement hallucinés par ce qu’il vient de se passer.
Tobias reste songeur. Elyse scrute le ciel. J’annonce :
— Mes amis, nous avons une nouvelle vie à commencer !...
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